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Le hijab (voile islamique) est autorisé dans les écoles

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Le hijab (voile islamique) est autorisé dans les écoles suissesAprès le canton de Bâle (Suisse) qui a édicté et mis en place de nouvelles dispositions relatives à l’éducation et la liberté religieuse et de conscience (lire notre billet : Piscines obligatoires pour les musulmanes. Mais en survêtement…), c’est au tour de la Direction de l’instruction publique du canton de Berne de proposer, dans un rapport de huits pages, des « aides à la décision » au corps enseignant et aux « responsables de la formation, les autorités scolaires et les autorités de surveillance ».

Le rapport « Traditions et symboles religieux : quelle attitude adopter ? » de la Direction de l’instruction publique a un objectif clair : éviter le conflit et favoriser le dialogue entre l’école et les familles – notamment celles dites « très religieuses » – qui ont des convictions n’allant parfois pas spontanément de pair avec celles de l’école mais qu’il s’agit de respecter tant que faire se peut. Le ton est clairement à la compréhension.

Les personnes, issues de minorités se trouvant dans un milieu social, culturel et religieux différent du leur, cherchent à préserver leur identité, leurs valeurs et leurs normes (par exemple en ce qui concerne la sexualité, le mariage et la famille) en demandant une dispense.
Des préoccupations de ce genre sont naturelles et compréhensibles. Les efforts pour préserver son identité sont légitimes, notamment en raison de la liberté de religion, de croyance et de conscience.

A la compréhension et à l’amalgame. Le propos est en effet parfois bien surprenant :

Contexte

Dans le contexte d’une famille dont la relation entre les genres est hiérarchisée, la vertu des filles et des femmes est très importante pour l’honneur de toute la famille. Pour protéger cette vertu, une séparation spatiale entre les personnes de genre différent est parfois considérée comme indispensable ; en outre, les filles peuvent se voir assigner un mari (avant même la puberté) afin d’éviter qu’elles n’entrent en conflit avec la morale sexuelle et l’honneur de la famille et qu’elles ne subissent de sévères punitions.

Certes le rapport s’intitule « Traditions et symboles religieux », mais il aurait été bon de préciser clairement quand est-ce qu’il s’agit de traditions et quand est-ce qu’il s’agit de religion. S’agissant de l’islam, la « séparation spatiale » pour reprendre les termes employés n’est jamais motivée par la volonté de protéger la « vertu des filles ». Que cette conception soit partagée ça et là et que certains sacralisent « la vertu de la fille » n’autorise nullement à pratiquer l’amalgame, puisque rien dans l’islam ne dit que la « vertu de la fille » est un principe fondateur de la séparation des sexes.

La suite du texte laisse à penser que les rédacteurs ont eu quelque mal à garder le fil. On se demande en effet ce que vient faire le paragraphe ci-dessous qui vient juste après le paragraphe précédent :

Recommandation

Lorsqu’une enseignante se sent trop peu respectée par un père ou un élève, elle doit mettre en évidence le fait qu’elle est « la cheffe » dans la salle de classe.

[…]

Dans les entreprises formatrices, les règles à respecter doivent être clairement communiquées et appliquées, en particulier dans les cas où des apprenants de sexe masculin doivent respecter une supérieure de sexe féminin ou lorsqu’ils doivent accomplir des travaux qu’ils considèrent comme « féminins ».

La confusion est totale. Ni la religion ni les fidèles ne sont comptables de la mauvaise éducation et des comportements cavaliers et inacceptables des élèves ou des parents d’élèves. Ces quelques lignes sont même outrancières : on confond irrespect et tradition ou religion, comme si le manque de respect était constitutif d’une tradition ou relevait de la religion. Si un père adopte une attitude incorrecte à l’égard d’une enseignante, ce n’est pas parce qu’il est de telle ou telle nationalité ou de telle ou telle religion. Ce peut être et c’est tout simplement parce qu’il manque d’éducation.

Jusque-là il apparaît que la Direction de l’instruction publique du canton de Berne avait besoin d’éditer un ouvrage de savoir-vivre et de bonne éducation et non un guide sur l’attitude à adopter face à des gens de culture et de religion allogènes.

En Occident, le voile et le tchador ont acquis une symbolique islamique depuis la révolution iranienne. Ils sont même devenus le symbole d’un islam qui associe religion et objectifs politiques et marque ainsi bien la différence entre les civilisations islamique et occidentale. Cependant, le port du foulard ou du voile islamiques ne doit pas être comparé sans réfléchir avec l’islam politique. Ces deux vêtements peuvent aussi être des accessoires de mode ou correspondre à une tradition ethnique.

Après l’amalgame, les poncifs. La déferlante médiatique de 2004 et de l’affaire du voile semble avoir laissé des traces en Suisse. Pour autant, les recommandations du rapport en matière de tenue vestimentaire laissent aux élèves la liberté de porter hijab, foulard ou crucifix, liberté dont les limites restent à l’appréciation de lla direction de l’école.

Recommandation
Les écoles du canton de Berne n’ont jusqu’ici pas émis de directives quant à la tenue vestimentaire des élèves. Cependant, si l’école ne peut plus accomplir sa mission de formation en raison de consignes religieuses, la liberté au niveau de la tenue vestimentaire est à limiter par la commission scolaire ou la direction d’école (les tchadors et les burka, par exemple, sont des voiles recouvrant l’ensemble du corps qui rendent difficile la communication et le mouvement des élèves).

Les entreprises peuvent thématiser les directives vestimentaires avec tout le tact qui se doit. Elles peuvent par exemple rappeler que, dans les pays musulmans, les femmes ôtent leur foulard quand cela s’avère nécessaire pour des raisons d’hygiène ou de sécurité. Elles attirent ainsi l’attention sur le fait que, dans un contexte musulman, une attitude pragmatique par rapport à la tenue vestimentaire est également courante.

Télécharger le rapport (format PDF, 72 Ko) :
Traditions et symboles religieux : quelle attitude adopter ?

Crédit photo : Sektordua

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13 Commentaires

  1. salut,
    tu dis « puisque rien dans l’islam ne dit que la “vertu de la fille” est un principe fondateur de la séparation des sexes.  »
    J’aimerais que tu me dises quel est, alors, le principe fondateur de la séparation des sexes ?

  2. salut,
    je suis allé lire le lien : il donne les différentes positions de différents ‘docteur de la foi’, sur cette question de la mixité.
    j’ai juste deux remarques :
    1) je t’ai demandé ton avis, à toi ! je reposes donc ma question : quel est, selon toi, le principe qui fonde la séparation des sexes…?
    2) dans le texte dont tu as donné le lien, ce que je trouve surprenant, c’est qu’à aucun moment (ni ceux qui sont contre la mixité, ni ceux qui sont pour) il n’est fait référence à la liberté individuelle des femmes. C’st pourtant le plus important, non ? Qu’en penses-tu ?
    à bientôt !

  3. 1- Ce n’est pas mon avis que vous avez demandé, mais « le principe fondateur de la séparation des sexes ». Un principe fondateur n’est pas un avis personnel. Et mon avis n’a aucun intérêt.

    2- Il va falloir vous défaire de votre vision unilatérale de l’islam et cesser de penser étroitement les choses. Quand on parle de mixité, on parle de femmes ET d’hommes. Et quand on dit séparation des sexes, on dit hommes ET femmes. Or dans vos propos – et dans ceux d’il y a quelques mois et dans votre blog -, vous ne pensez les choses qu’à travers un prisme restrictif.

  4. je note que tu ne réponds toujours pas à la question….
    s’abriter derrière les textes (Coran ou autre) est bien, mais penser par soi-même est mieux. C’est pour ça que ton avis m’intéresse. Pourquoi tiens-tu un blog ? pour donner ton avis, non ?
    Es-tu personnllement opposé à la mixité ?

  5. Je ne m’abrite derrière aucun texte. Vous placez la réflexion au niveau personnel. Je vous répète que cela ne m’intéresse pas.

    Al-Kanz n’est pas un bistrot mais un blog d’information. Quand vous lisez un site d’information, vous ne lisez pas des articles perso, sauf peut-être dans les rubriques « tribune », « point de vue », etc.

    Penser par soi-même, ce n’est pas faire état de son avis personnel. Je vous renvoie à ce titre à l’excellent ouvrage de Michel Tozzi, Penser par soi-même. Il offre tous les outils pour apprendre justement à penser par soi-même, c’est-à-dire à structurer sa pensée, à faire usage d’arguments (et non de poncifs ou d’avis perso).

    Et entre nous, votre blog « politique » gagnerait à passer de la doxa brouillonne à la véritable analyse politique.

  6. toujours pas de réponse. ce n’est pas grave : chacun est libre de se livrer ou non. Je respecte ta volonté.
    Concernant mon blog, je ne sais pas trop ce que tu entends pas « doxa brouillonne » (j’admet le côté brouillon, car je ne consacre pas le temps que je voudrais à mon blog). Mon blog n’est que le reflet de ma pensée, au moment où j’écris et publie un texte. Mon seul but est de pouvoir en discuter pour m’enrichir de l’avis des autres, de leur point de vue. C’est l’intérêt de permettre aux lecteurs de mettre des commentaires, non ?

  7. « Chacun est libre de se livrer ». Cette phrase dit tout. Je ne conçois pas le débat d’idées ou l’acquisition de la connaissance comme une livraison de soi. Ego et réflexion ne font pas bon ménage.

    Par doxa brouillonne, j’entends cette opinion approximative et grossière, mêlée de vrai et de faux, de on-dit et de vérités, qu’il faut passer au tamis de la raison pour trier le bon grain de l’ivraie.

    Pour finir, non donner son avis n’est pas source d’enrichissement. La somme des avis ne fait pas la réflexion. C’est tout au plus un amas d’opinions personnelles.

  8. Me diras-tu ton opinion sur la mixité ?
    non, visiblement.
    Pour revenir sur tes arguments entre égo et réflexion, je dirais qu’il faut une grande prétention pour croire réflechir « purement », sans mettre d’ego dedans. Je préfère mettre un peu de moi, consciemment dans mes articles, plutôt que de prétendre à une forme d’objectivité neutre, informative, que visiblement tu prônes. Ta manière de présenter les choses, le point de vue que tu adoptes est un peu de toi. ça n’empêche pas d’aimer la vérité (je l’aime plus que tout), mais c’st une manière de rester humble, et d’être conscient de ses limites.
    Et oui, la somme des avis ne fait pas la réflexion. Mais ddans ce cas, sors de ton dédain, et expliques moi, en terme de réflexion, comment la liberté individuelle des femmes n’est pas présente dans ton texte ? Leur liberté d’action, le respect de la propriété qu’elles ont d’elles mêmes ? Cette négation de la réalité t’écarte étrangement de la réflexion éprise de vérité. C’est cela, ce que j’appelle ton point de vue, ton opinion. On peut présenter des choses de manière « froide » et a priori neutre de toute opinion, mais laisser des pans entiers de la vérité hors de la réflexion. C’est ton cas, et ça le sera jusqu’à ce que ta réflexion incorpore la liberté des femmes. Parler des femmes comme d’objet inanimé montre un point de vue.
    cordialement,

  9. Je ne suis pas dédaigneux. Je vous parle de méthode, vous me répondez humilité. Nos précédents échanges étaient du même acabit. Cela ne m’intéresse pas.

    Quant au reste de votre intervention sur la femme comme objet inanimé, si le combat pour la femme vous tient tant à coeur et qu’il vous est impossible de penser l’islam autrement que comme la négation de la femme, soyez au moins à la hauteur des enjeux auxquels vous prétendez. Parce que là…

    La discussion est pour ma part close.

    (pensez à lire Tozzi, ça vous fera le plus grand bien)

  10. salut,
    c’est dommage que tu « fermes » la discussion. Ne peut-on parler avec des gens qui pensent différemment..?
    je liste tes commentaires :
    dans le premier, tu m’envoies vers un lien (que j’ai lu)
    dans le deuxième, tu me dis que je pense étroitement
    dans le troisième, tu me dis que mon blog est de la « doxa brouillonne »
    dans le quatrième, tu précises et me dis que c’est « approximatif et grossier »
    dans le cinquième tu fermes la dicussion….
    tout cela fait beaucoup de critiques, pour pas une seule réponse concernant la femme, pas une seule tentative de ta part pour continuer la discussion…!
    à peut-être bientôt !

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