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Imposer l’étourdissement préalable serait une « véritable catastrophe »

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Abattage rituel. Deuxième partie du verbatim de la réunion autour de la question de l’abattage rituel, lors du Grenelle de l’animal. Cette réunion a eu lieu le 7 mai 2008. La première partie est à lire ici : Abattage rituel : verbatim du Grenelle de l’animal (1)

La séance est ouverte à 9 H 20, sous la présidence de Monsieur Jérôme Bignon, député
de la Somme.

Après avoir fait procéder à un tour de table de présentation des participants, M. Jérôme Bignon donne l’organisation des travaux de la matinée.

M. Abdelkader Arbi, aumônier en chef aumônerie musulmane des armées, demande si cette réunion fera l’objet d’un rapport particulier ou si ces travaux seront inclus dans le rapport final.

M. Jean Lessirard, rapporteur, répond qu’une synthèse intermédiaire sera transmise et que les propositions recueillies seront incluses dans le thème sur l’abattage traité le 13 mai.

M. Jérôme Bignon spécifie que la synthèse des propositions sera soumise à débat public, puisqu’un site Internet offre la possibilité au grand public de s’exprimer sur ces rencontres « animal et société ». A l’issue de ce débat, le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche réunira l’ensemble des acteurs des trois tables rondes en réunion de synthèse afin de remettre un rapport au président de la République.

M. Jean-Pierre Kieffer, OABA, souligne que cette même salle a accueilli les différents responsables religieux, professionnels, scientifiques, associations de protection animales pour la préparation de l’Aïd el-Kebir. Il estime nécessaire de rappeler la réglementation et les process de l’abattage rituel. Les associations ont l’occasion de constater dans les abattoirs des infractions à la réglementation (directive de 1993 ou décret de 1997). Elles s’interrogent sur les conditions dans lesquelles la dérogation de l’étourdissement est respectée. L’absence de contention mécanique pour les ovins est observée dans de nombreux abattoirs. De nombreuses obligations découlant de la religion ne sont pas respectées dans ces abattoirs. Il existe une disparité dans les abattoirs en France, certains font de l’étourdissement pour la commercialisation de viande Hâlal et d’autres n’en pratiquent pas pour simplifier les chaînes. Un rapport du COPERCI le démontre, 80 % des ovins en France seraient abattus sans étourdissement, alors que cela ne représente pas la consommation d’abattage rituel. Les infractions constatées viennent souvent du matériel utilisé, de la technique et de la formation des sacrificateurs. Une interrogation est soulevée sur l’évolution de l’habilitation par les mosquées des sacrificateurs (formation religieuse et formation technique aux pratiques en abattoir). Il estime qu’une solution doit être trouvée pour l’abattage des bovins. Il déplore la cadence pratiquée par certains abattoirs (60 bovins à l’heure). Sans étourdissement, la saignée demandant entre 3 et 5 min, la suspension ne peut être faite que quand la saignée a été complète (selon le décret de 1997). Pour un ovin ou un caprin, la durée est beaucoup plus courte.

Les associations demandent :
• Respect strict de la réglementation.
• Absence d’étourdissement conditionnée par certaines obligations, en particulier une contention mécanique et non manuelle.
• Temps respecté pour la saignée
• Formation des sacrificateurs (projet établi avec le bureau de la protection animale d’une charte Hâlal définissant les conditions de cette formation)
• Restitution de la commission d’agrément des abattoirs (matériel inadéquat)
• Limitation des cadences
• Information des consommateurs (achat de viande d’un animal abattu en infraction de la réglementation, identification des conditions d’abattage)
• Etude de l’étourdissement (en partie satisfaite par le rapport de l’académie vétérinaire française) rappelant les conditions de réversibilité de l’étourdissement. Respectant les préceptes religieux, il est important de définir un étourdissement par choc électrique et sa réversibilité pour une meilleure compréhension.
• Etude technique du matériel

L’OABA visite régulièrement les abattoirs et constate des situations inacceptables, certains abattoirs ont été fermés, d’autres semblent rouvrir en dehors des contrôles vétérinaires. Il rappelle la publication récente dans un journal grand public d’éléments d’un rapport que la DGAL a demandé et qui fait état d’une situation sanitaire et de protection animale inacceptable. Ce point doit évoluer dans les mois à venir. Les associations fondent beaucoup d’espoirs dans cette réunion et dans les solutions qui en découleront.

M. Christophe Marie, fondation Brigitte-Bardot, précise que l’abattage rituel n’est pas en cause, mais simplement demande de meilleures conditions d’abattage, y compris la prise en compte de l’étourdissement préalable. Il demande que l’animal soit insensibilisé avant l’égorgement. Certaines attitudes prêtent à moins de vigilance sur d’autres points de textes sacrés, par exemple demandant que l’animal ne soit pas abattu devant un autre. Dans n’importe quel abattoir, les moutons attendent les uns derrière les autres, le piège de contention est en bout de chaîne. Il note que la volonté commune de limiter la souffrance animale doit passer par une évolution et la prise en compte de nouvelles techniques mises en place depuis quelques années pour limiter la souffrance des animaux.

M. le grand rabbin Fiszon agrée un certain nombre de points de l’intervention de M. KIEFFER. Il précise la position du judaïsme vis-à-vis de l’animal, il existe dans les textes la notion de l’interdiction de la souffrance animale : interdiction d’assister à un spectacle de tauromachie et de pratiquer la chasse, obligation de nourrir préalablement les animaux avant de se nourrir soi-même, interdiction de blesser, de faire souffrir ou de tuer un animal pour rien, les seules autorisations prévues sont pour se nourrir, pour se protéger et la possibilité d’utiliser l’animal pour sauver une vie humaine. Il existe une éthique de l’animal, une volonté de respect d’une créature créée par Dieu. Concernant la réglementation, il se dit satisfait des textes en vigueur et confirme qu’il faut se donner les moyens de les appliquer : la contention, la formation des sacrificateurs. Peut-être faudrait-il que tous les sacrificateurs dépendent d’une autorité unique, comme la loi le demande, c’est-à-dire du grand rabbin de France, de l’organisme central du judaïsme ; ce qui éviterait que certains sacrificateurs indépendants pratiquent des abattages dans des conditions qui ne correspondraient ni à la législation, ni aux exigences religieuses. Le point de divergence porte sur l’étourdissement préalable. Même s’il peut comprendre le souci de ceux qui veulent défendre les animaux, c’est quelque chose d’absolument exclu. S’il devait être imposé en France, les juifs ne consommeraient plus de viande, et ce serait une véritable catastrophe. On se trouverait dans une situation comparable à celle de la Suisse, dont les motivations de l’interdiction de l’abattage rituel en 1894 étaient plutôt destinées à limiter l’entrée des juifs sur le territoire helvétique qu’à limiter la souffrance animale. Lorsqu’un abattage rituel est pratiqué dans toutes les règles de l’art, il n’entraîne pas une souffrance de l’animal plus importante qu’un abattage avec un étourdissement préalable. Il serait intéressant d’avoir des données scientifiques. Il n’oppose aucune réticence sur l’encadrement de cet abattage selon la réglementation et les règles religieuses.

M. le recteur Kabtane confirme les propos du grand rabbin expliquant que l’abattage rituel n’est pas aussi inhumain et cruel qu’on le pense. L’électronarcose ou l’étourdissement préalable n’est pas acceptable dans ces conditions. Une interdiction de cette pratique ferait que les musulmans ne consommeraient plus de viande et développerait des systèmes d’abattage clandestins, ce qui multiplierait les problèmes au lieu de les régler. Il estime nécessaire de réfléchir à une évolution de la réglementation, qu’elle ne soit pas un blocage permanent contre les musulmans ou les juifs mais qu’elle soit un accompagnement, faisant que dans un pays libre et démocratique, on puisse librement exercer sa religion dans le respect des lois. Le sujet de la contention dépend des abattoirs. Une réflexion est engagée avec les abattoirs de Corbas pour mettre en place une formation des sacrificateurs, en plus de l’agrément des mosquées. Il exprime sa volonté de se diriger vers une amélioration des conditions de traitement de l’animal, tant par la formation des sacrificateurs que la révision des systèmes de contention, notamment pour les ovins. Il n’accepte pas que les animaux baignent dans leur sang, fait contraire à leurs principes religieux.

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6 Commentaires

  1. Salam aleikoum,

    Je trouve risible que M. Kabtane prétende s’opposer à l’étourdissement alors qu’en tant que responsable de l’ARGML il l’autorise sans aucune vergogne. Il suffit de se rendre sur leur site pour voir une vidéo où est pratiqué l’électronarcose. Heureusement que le ridicule ne tue pas.

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