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« L’activité économique liée aux abattages rituels représente une part considérable »

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Le Grenelle de l’animal aurait pu sonner le glas de l’abattage rituel halal, comme beaucoup le craignait. Ça n’a été finalement pas le cas. Tous les problèmes liés à l’abattage rituel – halal comme casher – n’ont évidemment pas été résolus. Mais toutes les positions ont été entendues, dont celles des défenseurs de l’abattage halal. Certes, les lourds intérêts économiques de l’industrie agro-alimentaire offrent un terrain favorable. Cela étant, nous constatons une nouvelle fois qu’il demeure possible de se faire entendre, dès lors qu’on est disposé à se faire entendre et que l’on n’adopte pas une attitude victimaire, toujours très confortable. C’est là un encouragement à continuer à agir et à dire ce qu’est le halal et à le défendre.

M. David BLOCH demande combien de temps dure la mort ?

M. Henri BRUGERE précise que sur les espèces qui ont un réseau vasculaire assurant une vidange rapide, le processus de la mort est relativement rapide. Pour le bovin adulte, c’est quelques minutes.

M. Jean-Pierre KIEFFER apporte des éléments de réponse à ces questions. La réglementation dit que la suspension ne peut être faite que lorsque la saignée a été complète. Or, elle demande un certain nombre de minutes, tout dépend du gabarit du bovin et des races. Il s’élève contre les cadences appliquées dans certains abattoirs. Il indique que les associations de protection animale sont venues avec en poche une charte, préparée par la DGAL, demandée peut-être dans la précipitation par le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas SARKOZY, au ministre de l’Agriculture M. BUSSEREAU. Il liste les points fondamentaux soulevés par les associations :
• Formation du personnel d’abattoir, des sacrificateurs, des vétérinaires (inspecteurs et vacataires)
• Présence des vétérinaires au poste d’étourdissement (poste souvent laissé aux sacrificateurs)
• Respect de la réglementation (rappel du ministère de l’Agriculture aux différents professionnels, abattoirs et DDSV), application de sanctions (retrait d’agrément)
• Définition des cadences (limites)
• Information du consommateur sur les conditions d’abattage (éviterait les infractions dans les abattoirs)
• Elaboration d’un guide de bonnes pratiques (immobilisation, modalités relatives à l’étourdissement, formation du sacrificateur)
Il rappelle à Mme Emmanuelle SOUBEYRAN tous les espoirs qu’il avait fondés sur cette réunion.

M. Abdelkader ARBI, souscrit complètement à cette charte, néanmoins il craint une stigmatisation. L’abattage rituel concerne l’abattage Hâlal et Casher. Un document n’allant que vers les musulmans gâcherait tout espoir d’aboutissement. Il s’imprègne des recommandations préconisées, il n’est pas question d’occulter tous ces aspects de protection animale. La norme NF n’est que le substrat réglementaire : chartes, « guides lines », procédures auxquels auront participé les 5 acteurs : associations (de protection animale et de consommateurs), professionnels, CFCM en tant qu’autorité religieuse représentant plusieurs composantes, religieux (3 mosquées), pouvoirs publics. Il lui paraît que cette norme soit l’ouverture permettant de réunir autour d’une même table chacun dans son rôle et de faire avancer l’intérêt général.

M. Claude MILHAUD demande si la charte concerne l’ensemble des abattages ou uniquement pour l’abattage rituel ?

M. Jean-Pierre KIEFFER précise qu’initialement cette charte était uniquement destinée à l’abattage halal. Une réunion de travail avait été envisagée pour cette préparation, les ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture avaient réuni seulement des représentants musulmans. Il avait été pensé l’étendre, tout en relevant une spécificité de l’abattage casher. Les enquêteurs des associations remontent très peu de problèmes sur les conditions d’égorgement pratiquées, compte tenu de la technicité des rabbins pour la jugulation. Il souhaite qu’une réunion de travail en petit comité soit initiée sur deux points : ce guide de bonnes pratiques et l’étourdissement post jugulation. Il spécifie que l’étourdissement post jugulation achèverait rapidement l’animal et permettrait le respect de cadences plus rapides, compatibles avec les conditions économiques.

M. Claude MILHAUD note que l’étourdissement post jugulation est un souci technique envisagé par le ministère de l’Agriculture ; ce que confirme Mme Marie-Aude MONTELY, DGAL, par la suggestion d’une réunion à programmer rapidement avec les positions des différents participants.

M. le Grand Rabbin FISZON rejoint les préoccupations de l’OABA, en tant que vétérinaire, il se soucie de l’animal, en tant que judaïque, il regarde l’animal comme une créature de Dieu, donc digne de respect. Il relève un point de désaccord : l’étourdissement préalable. Il reste persuadé que l’étourdissement, pratiqué dans les conditions optimums et techniques de l’abattage rituel casher, n’entraîne pas une souffrance plus importante qu’un abattage après étourdissement. Point scientifique éventuellement à affiner. Cependant, il remarque qu’un certain nombre de points, assez nombreux, sont consensuels.

M. KABTANE, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, se félicite de la tenue de cette rencontre d’un haut niveau. Elle a permis de dégager un certain nombre de pistes, amorce d’un travail les uns avec les autres, et non les uns contre les autres. Les associations de protection animale ont leurs principes, les cultes les leurs auxquels ils tiennent beaucoup. Ils souhaitent dans le cadre du consensus général existant dans ce pays trouver les moyens permettant aux musulmans de pratiquer librement leur culte et de pratiquer l’abattage rituel selon leur conviction. Il regrette que le problème de l’Aïd el-Kebir n’ait pas été développé. Il estime que d’autres rencontres permettront d’évoquer plus en détail cette situation. D’autres pistes concernant l’Aïd el-Kebir n’ont pas été évoquées : l’étalement sur trois jours, le Coran le permettant. Les responsables religieux devront y réfléchir, l’adaptation des structures devra être envisagée. Cette année, des résultats positifs ont été enregistrés, ce qui est encourageant pour l’avenir. Cela évitera de rencontrer des situations, telles que celles que le Dr KIEFFER a prises en photo, ce qui est désolant. Le musulman a aussi des droits envers l’animal. Il souhaite que d’autres rencontres aient lieu pour aborder différents problèmes, notamment la disparition de l’électronarcose et trouver d’autres méthodes.

M. Nicolas DOUZAIN, n’étant ni religieux, ni représentant des organisations de protection animale, mais opérateur économique, souligne que l’activité économique liée aux abattages rituels représente une part considérable. Elle est unique en Europe voire mondiale. C’est une donnée importante qui place la France dans une configuration qui ne peut pas être comparée à celle d’autres pays. Par conséquent, il ne peut être adopté de mesures à la carte. Des dispositifs applicables à l’ensemble des abattoirs doivent être trouvés. Il estime qu’un travail important doit être entrepris sur le volet formation et conformité à la réglementation et suggère qu’il soit initié à l’issue de ces rencontres. Quant au guide de bonnes pratiques, c’est le contenu du document qui déclenchera la signature des professionnels, c’est un dossier qui mérite réflexion. Une discussion peut s’instaurer sur différents thèmes, dont la position des communautés religieuses sur les méthodes d’étourdissement post jugulation.

M. Claude MILHAUD met en exergue la nécessité de formation, la nécessité de matériel de contention bien adapté et réparti sur l’ensemble du territoire national. Le ministère de l’Agriculture a bien pris note des chantiers à ouvrir : l’étourdissement post jugulation, charte entre les associations et les représentants du culte. Il regrette que la voie de l’étalement de l’Aïd el-Kebir n’ait pas été creusée au cours de cette réunion. Il fait confiance aux représentants des ministères pour l’engranger dans leurs réflexions à mener avec les cultes pour améliorer la situation au moment de l’Aïd el-Kebir. Il remercie les participants avant de lever la séance.

Edit dimanche 12 octobre : Frédéric Freund, directeur de l’OABA apporte une précision relative aux propos de J.-P. Kieffer, président de l’OABA et présent à cette réunion :

[nice_info]En tant que directeur de l’OABA, vous me permettrez d’apporter une petite précision à la phrase du Dr KIEFFER, Président de l’OABA. Comme vous avez pu le noter, les propos retranscrits s’inscrivent dans une synthèse. Il ne faudrait pas que les propos du Dr KIEFFER soient mal interprétés parce que la synthèse ne reprend pas certains de ses propos.
Pour clarifier, l’OABA a précisé qu’il y avait moins de problèmes avec l’abattage casher COMPTE TENU de la production moindre de viande rituelle israélite par rapport à la production de viande halal. Mais nous n’avons pas dit qu’il n’y avait pas de problème avec l’abattage casher… J’ai personnellement vu de très bons sacrificateurs musulmans et israélites. A l’inverse, j’en ai vu des pitoyables.
La formation est LE point essentiel. Nous sommes tous d’accord là dessus. Mais désormais, il faut arrêter de parler et agir. A quand les premières réunions de travail sur le sujet ? L’OABA vient de demander un calendrier officiel au ministère de l’Agriculture. Le Consistoire est-il prêt à travailler avec nous (et avec les représentants des abatteurs) ? Et pour les musulmans, qui est prêt à s’investir sur ce dossier ? Le CFCM, les 3 Mosquées habilitées, les organismes de certification ?[/nice_info]

* Première partie : Abattage rituel : verbatim du Grenelle de l’animal (1)
* Deuxième partie : “Imposer l’étourdissement préalable serait une véritable catastrophe”
* Troisième partie : Distinguer l’abattage rituel quotidien de celui de l’aïd al-kebir est nécessaire
* Quatrième partie : “Les Saoudiens ne savaient pas qu’il s’agissait d’un abattage mécanique”
* Cinquième partie : Norme halal AFNOR : “les racketteurs n’y ont pas leur place”

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15 Commentaires

  1. M. Jean-Pierre KIEFFER précise
    ****Les enquêteurs des associations remontent très peu de problèmes sur les conditions d’égorgement pratiquées, compte tenu de la technicité des rabbins pour la jugulation****
    Dans mon abattoir ce n’est pas le cas malgré les 20 ans d’experiences des rabbins , ils coupent comme si ils coupaient du pain.Si ils ratent une bête ils ne repassent jamais le couteau c’est l’opérateur qui recoupe.
    Par contre nous nous avons un gros problème de couteaux ce ne sont pas des couteaux professionnels plutot des couteaux de cuisine c’est la faute aux associations halals qui équipent mal les sacrificateurs et ceci est vrai pour MCI,AVS,AL RISSALA etc…. toutes sans exception.

  2. Muslima merci pour ta contribution, je suis révolté car moi même j’ai beaucoup de difficultés a me procurer du matériel pour pouvoir accomplir le sacrifice dans de bonnes conditions.Il est vrai qu’un couteau professionnel est un investissement(+200e), sa durée de vie est de +10ans quand on fait bien attention, comme le font les rabbins et il est interdit de toucher a leurs couteaux.
    A l’abattoir nous sommes montrés du doigt car pas le matériel adéquat.Avant tout je demande a tous les sacrificateurs de faire pression sur les responsables d’associations de controle halal pour fournir pas seulement un jolie tampon mais un couteau pro pour éviter a la bête de souffrir, je suggère même une deuxième personne avec le sacrificateur pour s’occupper a aiguiser les couteaux car pour des séries de 70 boeufs arrivée au 60 eme ca devient difficile avec la vitesse de la chaine.

  3. Assalâmu ‘alaykum

    Pour la 2e personne je doute fort qu’ils y donnent suite… à tort.
    Par contre, pour les couteaux, il est indispensable de faire quelque chose.
    Comment travailler avec un outil de mauvaise qualité voir défectueux ?
    Par qui est fourni votre matériel pour l’instant ?

  4. Le matériel est fourni gracieusement par l’abattoir qui a pitié de nous mais surtout il sait qu’il va gagner gros grace a l’abattage halal puique cela va même pour le mac donald au maroc et autres pays du maghreb. J’aurai beaucoup de choses a dire sur l’attitude des associations halals en vers leurs ouvriers il faudrait d’abord qu’ils traitent de manière halal les sacrificateurs et controleurs avant de parler du halal . j’éspère que al Kanz va s’attaquer a ce sujet

  5. Assalâmu ‘alaykum

    Al-Kanz pourquoi ne pas en faire un article sous forme d’interview ?
    Et pourquoi pas des interviews croisées avec d’autres « pros » du domaine ?

  6. Mohamed quand je dis couteau de cuisine c’est une comparaison quand je vois les couteaux des rabbins qui fait au moins un mètre nous les sacrificateurs employés par l’abattoir ou par les associations de controle on se contente de se que l’on trouve sur place nous n’avons pas notre propre matériel voila pourquoi certains sacrificateurs ont du mal , j’ai même vu des responsables de grosses associations s’improviser en remplacement comme sacrificateur j’ai du lui rappeller quelques regles car il a du oublier les techniques de sacrifices.

  7. Je répondai a Mohamed dont je ne vois pas le commentaire.
    al Kanz pour positiver mon discours je souligne l’apport considérable des musulmans a certaines pratiques abusives envers les animaux (coup de pied,) car nous n’avons pas la même conception avec les non musulmans de mon abattoir du comportement a avoir. J’ai souligné lors d’un débat sur france inter au mois de mai sur le grenelle la nécessité pour la formation des ouvriers d’abattoirs

  8. En tant que directeur de l’OABA, vous me permettrez d’apporter une petite précision à la phrase du Dr KIEFFER, Président de l’OABA. Comme vous avez pu le noter, les propos retranscrits s’inscrivent dans une synthèse. Il ne faudrait pas que les propos du Dr KIEFFER soient mal interprétés parce que la synthèse ne reprend pas certains de ses propos.
    Pour clarifier, l’OABA a précisé qu’il y avait moins de problèmes avec l’abattage casher COMPTE TENU de la production moindre de viande rituelle israélite par rapport à la production de viande halal. Mais nous n’avons pas dit qu’il n’y avait pas de problème avec l’abattage casher… J’ai personnellement vu de très bons sacrificateurs musulmans et israélites. A l’inverse, j’en ai vu des pitoyables.
    La formation est LE point essentiel. Nous sommes tous d’accord là dessus. Mais désormais, il faut arrêter de parler et agir. A quand les premières réunions de travail sur le sujet ? L’OABA vient de demander un calendrier officiel au ministère de l’Agriculture. Le Consistoire est-il prêt à travailler avec nous (et avec les représentants des abatteurs) ? Et pour les musulmans, qui est prêt à s’investir sur ce dossier ? Le CFCM, les 3 Mosquées habilitées, les organismes de certification ?

  9. Je viens d’ajouter votre précision dans le corps même de l’article. S’agissant des réunions, il y a le premier pas fait avec la table ronde organisée par AVS, non ?

  10. Comme je l’ai souligné lors du débat du 09/06/2008 sur France inter*** Elevage, transport et abattage: les consommateurs se soucient de plus en plus du bien-être animal***
    J’ai fait part au Dr Kieffer de mes preoccupations au sujet de l’abattage et de l’assommage, j’ai même envoyé un mail a l’association OABA mais pas de réponse.
    Il faut travailler ensemble car nous sommes tous concernés par la protection animale et là je voudrai mettre le point sur un aspect de l’abattage: la contention mécanique
    J’ai fait part a plusieurs intervenants dans notre abattoir dont les veterinaires,l’Association Nationale Inter­­professionnelle du Bétail et des Viandes, afin de revoir cette contention puisque ce sont des parties metalliques qui sont en contact avec les bovins et qui cause beaucoup de souffrances pour l’animal, il faudrait réfléchir a un autre type de matériel.
    Il y a un manque de formation certain de la part des ouvriers des abattoirs, j’ai moi même refusé d’abattre des bovins a cause du manque de formation d’un ouvrier qui ne savait pas comment maintenir les animaux dans le piege.
    Deuxieme champ d’intervention possible auquel j’ai soulevé le problème au directeur de l’abattoir c’est le manque d’abreuvoir pour les veaux en plein été, ils sont souvent bien de trop dans les parcs et de plus il ya un tout petit abreuvoir.
    La liste est longue mais si nos efforts et le soutien de L OABA nous parviendrons a diminuer les souffrances des animaux avant la tuerie.

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