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Pourquoi le marché du halal est aujourd’hui incontournable

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marché du halal

« Le halal, un marché de niche devenu incontournable », titrait LSA, magazine de la grande distribution, dans sa livraison du 21 décembre 2007 (voir : notre revue de presse du 22 décembre). Si incontournable que Champion, par exemple, envisage de lancer sa propre marque de produits halal. Les temps changent. Alors qu’il y a une trentaine d’années, acheter sa viande halal relevait sinon du rêve tout au moins du parcours du combattant, les rayons des supermarchés rivalisent aujourd’hui avec les boucheries halal.

Les temps ont changé. Les consommateurs d’aujourd’hui ne sont plus, sociologiquement parlant, les consommateurs d’hier.

Des familles moins nombreuses

Si le marche du halal est en plein boom aujourd’hui plus qu’hier, c’est parce que les consommateurs du halal ont changé. Autre époque, autres gens. Les raisons premières sont en effet avant tout sociologiques : la vague d’immigration qu’a connue l’Europe en général, la France en particulier, a généré l’installation d’une population modeste, voire pauvre, mais surtout une population au taux de fécondité important. Ouvriers pour la plupart, ces immigrés avaient non seulement un faible pouvoir d’achat, mais encore souvent un nombre certain de bouches à nourrir. Dans les années 70, le taux de natalité des populations maghrébines, par exemple, était d’environ 7 enfants par femme. Aujourd’hui, la réalité est tout autre : on ne compte plus que deux ou trois enfants par famille. Qui dit famille moins nombreuse dit dépenses moins importantes. Et donc pouvoir d’achat plus grand.

Des consommateurs plus riches

En France, même si les populations concernées par le halal demeurent encore parmi les plus fragiles, les ouvriers d’hier voient aujourd’hui leurs enfants dans des postes autrement plus valorisés qu’hier. Au-delà des formules en tout genre (minorités visibles, diversité, ascenseur social), il y a une réalité que les acteurs du halal ont bien compris et tentent de faire leur : les consommateurs du halal sont plus riches et donc économiquement très intéressants. Pour dire les choses rapidement, nous sommes en effet passés en deux générations de la famille de sept enfants qui survit avec un Smic à la famille de trois enfants avec un, voire deux salaires, qui hésite entre des vacances au bled et des vacances à la montagne. Et même ceux, smicards, qui perpétuent un certain atavisme économique n’ont pas les mêmes contraintes que leurs parents. On consomme toujours plus, quand le salaire de 1 000 euros nourrit peu de bouches, voire qu’une seule bouche (célibat, mariage tardif, vie chez papa-maman, etc.).

Des galettes bretonnes et de la charcuterie halal

Outre les exigences liées à la certification halal, il y a la spécificité française : la clientèle du halal est une clientèle qui certes a hérité d’une cuisine exotique, mais c’est aussi une clientèle qui mange français. Elle mange du couscous et du boeuf bourguignon. Elle aime les tajines et la fondue. Elle achète du manioc et des quiches. Si le marché du halal est ainsi incontournable, c’est précisément parce que les habitudes alimentaires des générations actuelles ont évolué : au-delà des spécificités culinaires liées à leur pays d’origine, les consommateurs du halal veulent aujourd’hui manger ce que tout le monde mange. Avec une exigence : la garantie du halal. Je mange ce que mange n’importe quel autre Français, mais je mange halal, c’est ainsi que l’on pourrait résumer cette nouvelle réalité (sans parler de tous les consommateurs non musulmans attirés par les produits ethniques). Réalité qui n’aura pas échappé à nombre d’acteurs économiques : Nestlé a son département « ethnique », le groupe Casino et Auchan aussi. Il est des signes qui ne trompent pas…

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2 Commentaires

  1. Il y a un autre secteur du marché halal qui devrait se développer, il s’agit des produits financiers islamiques.
    J’invite tout les lecteurs de ce blog à contacter les banques afin de leur faire part de votre existence et de votre volonté d’avoir des produits financiers conformes à la charia.
    Voici les coordonnées d’une banque qui propose un numéro gratuit :
    Boursorama Banque : 0800 09 20 09
    Cel ne vous coûte rien de les appeler et ils se rendront compte ainsi qu’il y a une demande et feront remonter cela à leur direction.
    Si quelqu’un d’autres connaît des banques qui proposent un numéro vert qu’ils laissent les coordonnées parce que je comprend que certains n’aient pas envie de débourser 0,34 centimes la minute juste pour faire pression.

  2. as-salâmu ‘alaykum,

    En parlant de halal est-ce que quelqu’un connaît cette boutique en ligne :
    http://www.eurohalaldiffusion.com/
    Ils disent qu’il vendent des produits halal : biscuits, jus de fruits, cereales et yaourts. Est-ce que quelqu’un a déjà commandé chez eux et peut nous dire ce qu’il en pense?

  3. As salam ‘aleykoum,

    J’ai aussi appris un nouveau mot: ATAVISME. Recherche dans le dictionnaire: « Réapparition chez un sujet, de certains caractères ancestraux disparus depuis une pu plusieurs générations – ou – Hérédité » (le petit Larousse).
    BarakAllahoufik.

  4. Salam alaykoum

    Les temps ont effectivement changé, pour preuves toutes les pubs pour une marque de halal qu’on voit partout depuis quelques jours sur le périphérique, dans tout paris, jusqu’au pied des champs élysées. Il y a quelques années ça aurait pas été trop possible.

    Et on demande à Allah ta’ala d’améliorer encore la situation des musulmans en france et dans le monde. amine.

  5. assalam,

    Dans cette volonté de modifier les habitudes alimentaires au profit d’un régime plus sain (avec transparence, traçabilité, respect des ressources, vigilance sur les allergies…), il y a matière à piocher des informations de santé à piocher sur le gras, le sucre, le sel et les additifs immondes du style huile de palme hydrogénée. Histoire de faire d’une pierre deux coups : halal + diététique.

  6. as-salâmu ‘alaykum

    Pour les AMAP, je compte rédiger un article à ce sujet. Voir par ailleurs une vidéo postée avant l’Aïd de l’an dernier sur la manifestation et le désarroi des éleveurs d’agneaux en France. Je ne me souviens plus de l’article en question 🙂 (c’est sur Al-Kanz)

  7. Bonjour , juste pour dire que je suis d’accord pour le principe des produits halal en grande distribution mais concernant la viande et ses différentes manipulations qui nécessite parfois plusieurs étapes avant la mise en paquet pour le consommateur ,un effort supplémentaire doit être appliqué pour sécuriser et préserver le non rapprochement avec des viandes tels que le porc et garantir l’utilisation de matériel de découpe ( coutellerie, hachoir ,trancheur ,scie etc.…) spécifiquement pour les viandes halal ainsi que des serveurs en adéquation avec le type de clientèle ciblée.
    Toutes ces prérogatives ne pourraient qu’améliorer ceux qui ont vraiment l’intention de développer un commerce durable avec la clientèle musulmane.

  8. Salem,

    Je pense que la grande surface même incontournable va surtout destabiliser le petit commerce Halal ( boucherie, alimentation, marché ) dans les années à venir, à vouloir trop copier le mode de consommation à l’occidental la communauté ne risque t-elle pas de se perdre encore un peu ?
    Mieux vaut avoir nos commerces Halal que de se fourvoyer avec la grande surface !
    Salem
    Nordine

  9. S’agissant de l’évolution de la structure démographique de la population d’obédience ou de culture mulsulmane en France, il faut me semble-t-il faire la différence entre Paris-Région parisienne et la province. Ce n’est pas pour reproduire la sempiternelle dualité Paris-Province mais je constate qu’en province le modèle dominant (je dis bien dominant et non unique) est celui de la famille nombreuse (c’est vrai on n’est plus à 7 mais plutôt 4 enfants). De même en province on est encore majoritairement sur des emplois peu qualifiés (je dis bien majoritairement et non exclusivement).
    Ceci étant j’admets volontiers que le pouvoir d’achat en province est en progression mais une progression nettement plus lente que sur Paris et Région parisienne. Selon moi cela tient en grande partie à 2 phénomènes : D’une part la nature des emplois occupés (moins qualifiés et moins rémunérés en province, sans parler du chômage plus élevé) et d’autre part aux mentalités que je qualifierai (sans aucun mépris de ma part) de plus rurales et donc plus traditionnelles.

  10. Il y a peut-être des différences régionales, certes, mais ça ne modifie guère le phénomène général : il y a une véritable révolution sociologique. Elle opère peut-être plus rapidement en Ile-de-France, mais elle est tout aussi présente ailleurs. S’il y a différences, elles ne sont pas de nature mais de degrés.

  11. Parfaitement d’accord, mon cher El-Kanz. C’est le sens de mon premier post. En réalité si je me suis appesanti sur cette différence « Paris-Province » c’est simplement pour rappeler que les chiffres et les tendances observables sur le marché halal doivent être analysés plus subtilement et pour rappeler aussi que le marché du halal n’est pas un bloc monolithique mais un marché où les nuances sont particulièrement nombreuses et exacerbées.

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