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Quick halal : une polémique embarrassante

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La polémique d’aujourd’hui est pénible pour les musulmans. Pénible, bien que prévisible. Après l’affaire de la burqa, après le débat sur l’islam l’identité nationale, les musulmans se sont demandés ce qui allait leur tomber dessus. Ca n’a pas manqué – et ça ne manquera pas à l’avenir. Pour autant, l’affaire du Quick (qui n’est pas) halal est surtout embarrassante pour les juifs qui consomment casher, les organismes de certification halal et les industriels de la filière halal.

La filière casher

Si le CRIF a participé à sa manière à la stigmatisation des musulmans en hurlant publiquement avec les loups lors de la polémique de la burqa, rien n’a été dit sur le Quick halal. Et pour cause. Il faut que cette polémique cesse le plus rapidement possible, faute de quoi les dégâts collatéraux à venir pourraient être particulièrement dommageable pour la communauté juive. Plus précisément pour la filière casher : en France, les rayons des boucheries sont garnis de produits casher – et halal –, vendus comme de la viande non issue de l’abattage rituel. Volontairement vendus comme de la non viande « non religieuse ».

L’explication est simple : les parties arrière de la carcasse d’une bête sont, chez les juifs, impropres à la consommation. Après abattage, le rabbin sacrificateur ne garde que les parties avant de l’animal et met de côté tout le reste qui ne peut être consommé par un juif soucieux du casher. Cette viande n’est évidemment pas jetée, mais réorientée vers le circuit traditionnel. Ajoutons par ailleurs que, pour des raisons religieuses, des bêtes entières sont, après examen par des rabbins, refusées. Ainsi, tous les jours des non-juifs consomment de la viande casher sans le savoir, alors même qu’ils pensent avoir acheté de la viande classique. Ce qui révolte les associations comme l’OABA ou la fondation Brigitte-Bardot qui trouvent là un angle d’attaque contre l’abattage rituel. L’objectif de ces dernières est d’obliger les pouvoirs publics à indiquer sur chaque emballage de viande sacrifiée par un juif ou par un musulman et destinée aux consommateurs non juifs et non musulmans la mention : “viande abattue selon un rite religieux”. Ce qui pourrait avoir des effets catastrophiques pour la filière casher. D’où le silence calculé du CRIF.

Les organismes de certification halal

Comme le rappelait samedi sur France 5 Jacques Myard, le député UMP copain comme cochon avec le FN, on estime qu’en France 90 % de la viande halal ne l’est pas. Cette fraude massive est entretenue, facilitée, voire dans certains cas souhaitée, par des organismes de certification halal. La collusion entre des certificateurs véreux et des industriels dont le cadet des soucis est le respect du halal est connue de tous. Mais l’omerta prédomine. Les uns, parfois honnêtes, refusent de dénoncer ce qu’ils ont vu de peur de représailles économiques sur leur business. D’autres subissent des pressions, plus ou moins insidieuses. D’autres enfin se satisfont de cette situation particulièrement lucrative. Mais tout le monde a des dossiers sur tout le monde.

Or, en répétant l’ineptie selon laquelle il existerait un impôt islamique (Malika Sorel, du Haut Conseil à l’intégration, ne craignant pas le ridicule, est allée jusqu’à parler de « dîme » (sic)), les islamophobes patentés amènent incidemment à regarder de plus près du côté des organismes de certification, au risque de mettre au jour ces pratiques bien peu glorieuses. Ce qui au fond est peut-être l’occasion inespérée de tout mettre à plat, comme n’a pas manqué de le souligner l’UOIF, par l’intermédiaire d’une de ses figures historiques, Amar Lasfar. Relevons par ailleurs la sortie, qui ne doit rien au hasard, de Bernard Godard, le Monsieur islam des autorités françaises. Dans un entretien accordé à la Voix du Nord, ce dernier loue la rigueur de l’association de certification AVS et égratigne au passage les trois grandes mosquées, seules habilitées à délivrer des cartes de sacrificateurs. C’est la seconde déclaration en ce sens de B. Godard en moins d’un mois, puisque le 26 janvier dernier il lâcha, dans Libération, à propos d’AVS et surtout de la mosquée de Paris : « Le système de gestion de leur entreprise est ultra-performant. Rien à voir avec la mosquée de Paris (qui délivre également la certification halal). »

Les industriels

Quoi de plus lucratif aujourd’hui que de vendre de la viande halal ? Réponse : vendre de la viande non halal estampillée « halal ». C’est ce qui se passe aujourd’hui en France. Voilà plus de trente ans que l’on gruge les musulmans en leur vendant de la viande non halal. Si la presse et le grand public découvrent peu à peu que le marché du halal est un énorme gâteau, les industriels eux ne s’y sont pas trompés. Ils y ont investi en masse, souvent en faisant fi des principes islamiques régissant le halal. C’est tel haut responsable d’une multinationale qui réalise un chiffre d’affaires impressionnant avec le halal qui déclare sans ciller que tant qu’aucun scandale public n’éclate avec son partenaire certificateur « on continue de travailler avec » et donc continuer à vendre des produits certifiés halal mais qui ne le sont pas. C’est tel autre qui s’arroge les services d’un organisme de certification, mais qui, plein de mépris, affirme « ne pas vouloir viser les premiers rangs de la mosquée ». Détestable euphémisme qui sonne comme un aveu. Ainsi, les musulmans sont perdants sur tous les plans : on les accuse de sédition et de vouloir miner la France, parce qu’ils veulent manger halal, alors même qu’il est plus probable qu’ils ne mangent pas souvent halal. A leur insu.

Comme nous l’écrivions en janvier 2008, le halal est un eldorado infesté de fraudeurs. Seule une mobilisation massive de la société civile, en l’occurrence des consommateurs musulmans et des associations telle Asidcom, amènera les institutionnels à ne plus tolérer cette situation absolument insupportable.

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24 Commentaires

  1. Barakallah oufik pour cet article.

    En espérant que la polémique Quick fasse l’effet d’une bombe et qu’enfin la prise de conscience soit générale.

  2. Très bon article qui tape dans le mille !

    Pourquoi tout les dossiers ne sont pas lachés ?? Qu’on en finisse une bonne fois pour toute avec tout ces escrocs ?

  3. Il serait temps que l’on montre que notre pratique est soluble dans la loi française plutôt que dans le capitalisme. Quick s’est offert un sacré plan de communication à notre détriment avec cette affaire !
    La stigmatisation des musulmans pourrait pourtant facilement être évitée.

  4. As salam ‘aleykoum,

    Si j’ai bien compris la première partie de votre article, une viande pourrait être estampillée « viande abattue selon le rite musulman » mais ne pas être halal (si bien sûr cette norme venait à se mettre en place) ?
    Je m’explique: si un abattoir égorge une bête et que finalement on se rend compte que par exemple elle est morte du fait de l’électronarcose, elle sera alors estampillée « viande abattue selon le rite musulman » mais pas halal… C’est bien ça?

  5. Chitah,

    Un contrôleur est payé par son employeur. C’est de l’ordre du SMIC, me semble-t-il. Je ne crois pas que ce soit la question que vous vouliez poser, mais plutôt celle de savoir combien coûte une certification. Les chiffres sont les suivants : pour la charcuterie par exemple, il faut compter entre 2 et 15 centimes d’euros facturés par kilo, lequel kilo est vendu 7 à 8 euros. Un surtaxe est souvent appliquée en plus par l’abattoir qui se gave. Les abattoirs, dont la quasi-totalité est tenue par des non-musulmans, se font vraiment plaisir sur le halal.

    Wouldomar, Abderrahme

    Baraka-Llâhu fikum

    Alourtilani,

    Des intérêts croisés

    Anil,

    comment par exemple ?

    Oummsheyma

    Non, ce n’est pas ça. De la viande issue de l’abattage rituel est ensuite dirigée vers le circuit traditionnel, c’est-à-dire non halal et non casher;

  6. Merci pour ces réponses.

    Et concernant les 2 à 15 euros, quelle est la destination : l’employeur du contrôleur, qui est une entreprise ou une association religieuse?

    In fine, ma question est de savoir si la certification halal peut servir à financer le culte (mosquée, association cultuelle ou culturelle, etc.)

  7. 2 centimes, pas 2 euros. C’est l’organisme de certification qui touche cet argent en échange de la prestation offerte. A l’instar de Veritas qui va facturer temps et compétences.

    Pourquoi la certification halal devrait-elle financer le culte ? La certification halal doit se financer elle-même. Point barre.

  8. As salam ‘aleykoum,

    « L’objectif de ces dernières est d’obliger les pouvoirs publics à indiquer sur chaque emballage de viande sacrifiée par un juif ou par un musulman et destinée aux consommateurs non juifs et non musulmans la mention : “viande abattue selon un rite religieux” »
    Quellle serait cette viande sacrifiée par un musulman mais destinée à la consommation d’un non-musulman?
    Quel serait l’intérêt (dans le cas du halal) de sacrifier correctement une bête (ce qui a un coût plus élevé) pour ensuite le mettre dans le circuit traditionnel?

  9. Bonjour,

    1) Si la bête est réintégré au circuit non cacher parce que déclaré « non cacher », comment affirmez vous que certains mangent de la viande cacher sans le savoir?

    2) Quel rapport entre la polémique du Quick sur laïcité et celle de abattage rituel ou l’argument (très contestable d’ailleurs) est celui de protection de l’animal?

  10. Oummsheyma et Manu,

    Il ne faut pas entendre halal au sens stricto sensu du religieux, mais viande de la filière halal ou de la filière casher. Ne pensez pas que l’OABA ou la fondation Brigitte-Bardot prennent en compte les critères du rabbin ou du sacrificateur musulman pour dire si la viande est halal ou casher. Ce qu’il faut considérer, c’est l’abattage en lui-même, l’abattage rituel sans étourdissement préalable. La bête est déclarée « non casher » par le rabbin, mais elle est toujours casher au sens « industriel » du terme. Idem pour le cas de la viande halal.

    Quel rapport entre Quick et la protection de l’animal ? une formidable occasion pour Brigitte Bardot de se faire entendre. Ce qui n’a pas manqué ces derniers jours. Ni fin 2009 : http://www.al-kanz.org/2009/12/21/quick-halal-bardot/

    Quel intérêt de sacrifier correctement une bête puis de la mettre dans le circuit traditionnel ? réponse : avoir une seule chaîne de production tout en ayant deux circuits de distribution. Ca m’évite d’avoir deux chaînes de production, tout en ayant accès à deux marchés.

  11. partie casher la plus noble pour le circuit traditionnel

    petite precision corrigez moi si je me trompe la partie consommée par les juifs est la partie avant du boeuf ou de l’agneau ou du veau, la partie noble l’arriere ( cuisse,l’aloyau ,le dessus du dos et les côtes) est dirigé vers le circuit traditionnel c est a dire la plus grosse partie de l’animal.
    Le probleme pour les juifs est que le nerf sciatique est imprope a la consommation et doit etre retiré (le nikkour) cette operation est realisé en Israel mais en Europe trop compliqué, c’est pour cela que l’avant de la bete est consommé seulement pour plus details voir Cacherout
    En résumé 70% de la carcasse casher va au consommateur traditionnel alors que pour le halal la carcasse est vendu integralement au boucher halal suivant sa taille soit il prend une demi carcasse ou la carcasssse entière.

  12. il y a aussi la bediqua chez les juifs
    A cause de la bediqua plus de 50% des animaux abattus casher sont vendus sur le circuit traditionnel. La bediqua consiste a un controle des organes plus particulierement des poumons afin de verifier s’il n’ya pas de lesion ou adherences entre les lobes ou avec la paroi costale rendant l’animal impropre a la consommation.
    Voila pourquoi le travail des rabbins sur la chaine necessite au moins 3 personnes .un sacrificateur un controleur des poumons et un autre qui tamponne la bete
    On peut dire que la plupart des betes abattus vont au circuit traditionnel alors que pour les musulmans a part les betes consignées par les veterinaires pour cause de maladie toutes les betes halals sont consommes par les musulmans

  13. As salam ‘aleykoum,

    « La bête est déclarée « non casher » par le rabbin, mais elle est toujours casher au sens « industriel » du terme. Idem pour le cas de la viande halal. »
    Pour bien comprendre: cela veut dire qu’avec la proposition de l’OABA, cette viande pourra être déclarée comme issu de l’abattage rituel et être non-halal (ou non casher)?

  14. Salam alaykom
    Pourquoi on respecte les rites juifs tandis qu’on saute sur tous ce qui est Musulman ?
    Je vais vous avouer une chose, les plats halal sont appréciés même de la part des Non-Musulmans, ils adorent nos plats, point de vu gout, il ne nous reste que leur prouver la valeur scientifique de ces aliments.
    Jazakom ALLAH kheir

  15. Bonjour à toutes et tous .

    Je ne suis pas (encore?) musulman (je cherche mon chemin à ce jour) , et je suis votre blog avec un intérêt croissant .
    Au plus le temps passe , au plus je suis choqué de voir à quel point on tappe tout le temps sur la tête des Musulmans , maintenant on leur reproche même de vouloir manger conformement à leur religion…et pire de tout , certaines personnes malveillantes qui n’ont que l’argent en tête profittent honteusement de la religion pour se faire de l’argent sur le dos des croyants , c’est tout juste immonde , franchement , je me demande quand est-ce que ça va s’arrêter . Enfin bref , je sais que mes paroles ne sont pas un réconfort , mais ce petit message est juste un petit encouragement , un soutien .

    J’espère que petit à petit , les gens éclairés et bien intentionnés arriveront à démasquer les individus sans scrupules qui ne pensent qu’à l’argent .

    Courage à toutes et tous .
    L.J.

  16. Salam alikoum,

    @ laurent, ce que tu exprime est bien au contraire reconfortant… Ne serait- ce qu’il existe en France des avis divers, dont le tien qui a pour leitomotiv « Justice (egalité donc) et Liberté » et je l’espere de tout coeur inchallah « Fraternité » …

    Que Dieu nous guide et nous eloigne du chemin de l’enfer et nous fasse entré au Paradis.

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