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Reghalal communique, mais ne dit pas tout

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A quatre jours du lancement de sa campagne nationale prévue le 5 juillet prochain, Reghalal, marque du groupe LDC, propriétaire entre autres des marques Loué (les poulets), le Gaulois (les sandwichs) ou encore Marie (les plats cuisiniers), vient de mettre en ligne, il y a quelques heures à peine, son site Internet. Ou plutôt un semblant de site Web : l’amateurisme de l’interface tranche singulièrement avec le professionnalisme du packaging des produits Reghalal. Mais passons, là n’est pas le plus important.

Reghalal
Capture d’écran du site Reghalal.com

Des difficultés à convaincre

« Garantie halal », « traçabilité 100 % halal », carte du sacrificateur avec coordonnées personnelles (?) ou encore saynète mettant en scène un responsable de la mosquée d’Evry. Reghalal veut rassurer et a raison de vouloir rassurer. Le marché du halal est gangréné par des mauvaises pratiques, qui vont de la négligence à la tromperie caractérisée. Une société qui veut gagner la confiance des consommateurs musulmans, de plus en plus alertes et conscients qu’ils sont floués depuis des années, doit apporter les garanties nécessaires et montrer patte blanche. C’est semble-t-il ce à quoi s’emploie Reghalal. Pour autant, Reghalal ne convainc pas et laisse des questions en suspens. Revenons sur la vidéo en question.

Dans cette vidéo, on voit donc un individu interroger Djamel, représentant de la mosquée d’Evry, dont l’organisme de certification « contrôle » et certifie la marque Reghalal. Après quelques mots sur l’origine des produits Reghalal, Djamel est questionné sur la « traçabilité halal ». Ce dernier affirme que cette traçabilité, « c’est ce qui nous garantit à travers le logo de la mosquée que toutes les volailles sont abattues par des sacrificateurs musulmans habilités par la mosquée d’Evry. » Et d’ajouter qu’elle assure aussi un contrôle de tous les ingrédients. Dont acte.

Reghalal, juge et partie

Ce que ne nous dit ni Djamel ni son interlocuteur, c’est que le matériel de contrôle, notamment les étiquettes que l’on colle sur les emballages des produits Reghalal, ne sont pas précieusement gardés par l’organisme de certification de la mosquée d’Evry, mais sont à la disposition de l’industriel qui est alors juge et partie. C’est lui et lui seul qui colle les étiquettes sur ses produits. Comment dans ces conditions peut-on encore parler de contrôle ? Nous avons une autorité religieuse qui se met d’accord avec un partenaire commercial qu’elle est sensée surveiller et qu’il lui donne tout le matériel certifiant que ce partenaire a bien fait son travail. Dans un monde parfait, où tout irait pour le mieux, personne ne remettrait en cause ce mélange des genres. Mais quand on sait ce qu’est le marché du halal, quel crédit apporter à un industriel, pour qui le halal n’est que business et jamais acte sacré, pour qui le halal appliqué à la lettre n’est que contraintes et donc perte d’argent, qui décide de lui-même, dans le secret de ses ateliers, de coller ou non une étiquette halal sur tel ou tel produit ? Il ne s’agit pas de jeter le discrédit sur Reghalal ni sur tout autre, mais bien de relever un système qui marche sur la tête et qui provoquerait une levée de boucliers s’il était reproduit dans d’autres secteurs de l’industrie agro-alimentaire.

Electronarcose et suivi de la production

Autre question : quid de l’électronarcose ? Chacun sait que comme les deux autres mosquées, celle de Lyon et celle de Paris (cette dernière ne récusant pas non plus l’abattage mécanique), la mosquée d’Evry autorise l’électronarcose, c’est-à-dire l’étourdissement des bêtes au moyen d’un outil électrique. Or, toutes les études ont montré que la volaille qui subit ce traitement meurt en grande partie avant d’être mise à mort, ce qui rend de facto la viande de ces bêtes illicites (haram) pour les musulmans. De fait, il est impératif que Reghalal indique très clairement si elle a recourt à l’électronarcose afin que les musulmans qui refusent de consommer de la viande issue d’animaux passés au bain électrique puissent prendre leurs dispositions.

Que penser, par ailleurs, du suivi de la production ? Une certification digne de ce nom requiert que la production soit contrôlée à chaque étape, du début à la fin (abattoir, centre d’élaboration, distributeur). On sait, par exemple, que des produits comme les fameux jambons de dinde ou les saucissons type cachir nécessitent le recours à plusieurs ingrédients. Le gras de veau en est un. Le contrôleur qui s’occupe de veiller à l’abattage des volailles sur un site donné n’a pas pour tâche de vérifier l’origine de ce gras de veau. Rappelons-nous Medina Halal qui commercialise ses propres dindes, mais qui importe du gras de veau hollandais, que Medina halal affirme être halal. Comment dans ces conditions, s’il n’y a pas de contrôle systématique du début à la fin, le consommateur peut-il certain que tout se passe bien ? Dans la charte Reghalal, disponible sur le site, on apprend que « la vérification de la conformité et le respect des exigences Halal » se fait… tous les trois mois, que les audits par un représentant de la mosquée d’Evry-Courconnes se fait… tous les six mois. Quand on sait que des organismes de certification, comme la mosquée de Lyon ou AVS, imposent que leurs propres contrôleurs soient présents – et en nombre – à chaque production, on comprend vite que ces contrôles trimestriels et semestriels posent quelques problèmes.

Pour finir, si l’on ne peut que se féliciter de voir des produits de meilleure facture arriver sur le marché, on ne peut que déplorer la légèreté avec laquelle les industriels considèrent les consommateurs musulmans, qui ne sont pas pris au sérieux. Lorsqu’il s’agit de halal, on s’accommode d’une rigueur toute relative, qui à terme, consolons-nous, finira par se retourner par ceux pour qui le halal n’est qu’une marchandise. Et rien d’autre.

Voir par ailleurs le billet de Nasredine, de Tendances halal : Charcuteries halal : Reghalal, de la publicité pour l’électronarcose avec la caution de la mosquée d’Evry-Courcouronnes ?


DISCLAIMER : merci à ceux qui veulent commenter cet article de prendre soin de rester dans les règles de la bienséance et de la légalité. Tout commentaire contrevenant sera immédiatement supprimé. Merci de votre compréhension.

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7 Commentaires

  1. La marque communique mais ne dit pas tout?

    Mais c’est la définition même de la communication me semble-t-il. Ce qui la différencie radicalement de l’information.

    Deux concepts, deux règles, deux métiers.

  2. Salam alikoum et bonjour,

    Merci à el Kanz pour votre site et vos recherches , mais j’ai une question à poser à tous svp , parce que si je peut me permettre de donner un point de vue ….cette histoire de traçabilité et de l’authenticité de la certification devien trop compliquée et problématique vue par le simple consomateur qui a beau être regardant sur le produit qu’on lui présente sur les étallages et s’abstenir bien sûr si la tromprie et trop flagrante mais il y’aura toujours des fois ou ce consommateur se fera tromper tout en le sachant car……… le doute est la !

    Donc je pense et vous me direz votre avis que la responsablité collective incombe aux mosquées et autres organismes de certifications qui usent de toutes le techniques de communications mise à leur disposition pour se venter d’être les meilleurs , et que notre résponsablité wa Allah A^lam n’est plus engagée du moment ou nous par exemple une mosquée ou un boucher qui se déclare responsable …. il le sera réelement le jour venu .

    salam Alikoum

  3. Assalamou Alaykoum,

    Mes chers communautaire! Je n’ai àa ce jour jamais acheté une viande que je peux considérer comme étant Halal à 100%.
    Je ne sais pas pour vous. mais pour ma part, je considère que les certificateurs par définition ne peuvent pas être fiables.

    Certifier, nécessite en plus de l’abattage et l’étiquetage dont vous parler, de regarder dans les rouage de la machine de l’usine est ce qu’il ne subsisterait pas des restes de la viande porcine ou du gras de la production de la veille…etc chose que personne ne peut faire. et ce n’est qu’un petit détail.

    Si vous regardez attentivement la chaine de traçabilité, vous verrez qu’il est quasiment impossible de mettre un certificat sur un produit donné. c’est pour cela que certains organismes ne certifient que l’abattage auquel ils peuvent être présents. Là encore un autre problème plus grave à mon sens. tous le monde sait qu’il y a beaucoup de boucherie Halal qui n’en ont que l’appellation. j’ai vu de mes yeux des boucheries Halal -des plus réputées- faire leur marché à Rungis chez des sociétés françaises de pères en fils. Donc je ne vois pas vraiment de quoi on parle!

    soyons sincères! je ne cherche pas à rendre le tableau tout noir. j’essaye juste de dire il ne sera jamais blanc ! nous visons dans un monde de capitalistes. Du bas et jusqu’en haut de l’échelle « sociale j’entends » tout et gangrené par le Haram.

    Quand les compagnons combattaient les associateurs, certains de ces derniers avaient trouvé une astuce. Dés lors qu’ils se faisaient attraper il prononçaient la protestation de foi et donc devenaient intouchables et les compagnons savaient qu’ils étaient véritablement non musulmans mais ils ne leurs faisant plus rien.

    من خدعنا بالله انخدعنا له en conclusion !

    De ce faite je mange ce qui est estampillé comme étant Halal. Et chacun prendra ses responsabilités devant Allah

    Que Allah nous guide et nous protège Incha Allah.

    Assalamou Alaykoum

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