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Chérie, j’ai rétréci les musulmans (et le business du halal)

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Plouf ! Mi-mars, une dépêche AFP jetait un pavé dans la mare de ceux qui ont fait du nombre de musulmans un atout dans leur stratégie, qu’elle soit politicienne, commerciale ou marketing.

On y apprenait que le nombre de « musulmans déclarés », c’est-à-dire le nombre de personnes qui se disent « musulmanes » indépendamment du degré de leur pratique, si pratique il y a, était bien en-deçà des chiffres que l’on a coutume d’avancer. Les musulmans en France ne seraient ni 5, ni 6 ni même 10 millions comme aime à le vociférer l’extrême droite, mais seulement 2,1 millions.

Snif ! 2,1 millions de musulmans qui ont entre 18 et 50 ans. Et même si l’on ajoute les moins de 18 ans et les plus de 50 ans, on n’arrive pas à 5 millions, précise l’un des auteurs de cette étude, le chercheur Patrick Simon.

2,1 millions et non 5 millions*. Aïe ! Ce chiffre tombe extrêmement mal pour bien des acteurs du marché du halal. Voilà des années que certains ont construit tout une stratégie autour de chiffres repris à l’envi par la presse.

Pourtant, on l’a vu, ces chiffres sont souvent sinon farfelus, à tout le moins avancés sans que l’on sache véritablement à quoi ils correspondent et quelle réalité ils recouvrent (voir : Marché du halal : des chiffres farfelus et Xerfi au Salon du halal : audace ou inconscience ?). Passée presque inaperçue, cette étude a sûrement donné quelques sueurs froides à ces donneurs de chiffres, qui paresse journalistique aidant ont réussi à ériger en vérité immuable que le marché du halal pèse tant.

2,1 millions et non 5 millions. Faut-il craindre pour autant une conséquence négative sur le marché du halal ? Oui et non. Oui pour nombre d’industriels, qui préfèrent les tableaux Excel et les camemberts bardés de pourcentages et pensent surtout tiroir-caisse, joliment packagés dans des études payées rubis sur l’ongle. 2,1 millions, ça change tout. Non, pour ces PME qui ont mis un point d’honneur à épouser le marché avec ses spécificités, ses exigences et sa réalité. Pour ces entreprises, cette revue à la baisse n’aura pas d’impact sur leur modèle économique.

2,1 millions et non 5 millions*. Plouf !

* Il serait intéressant de connaître la méthodologie suivie tant pour l’étude INSEE/INED que pour les études mercantiles sur lesquelles se fondent les médias.

Crédit photo Une : Patrick Neckman

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6 Commentaires

  1. as-salâmu ‘alaykum,

    L’étude INSEE/INED repose sur une base déclarative sur un échantillon prétendument représentatif de la population française.
    Les questions destinées à connaître l’appartenance religieuse sont :
    1- Avez-vous une religion?
    2- Si oui , laquelle?
    Du travail d’amateurs en somme.

  2. Assalâmou alaykoum wa rahmatoullâhi ta’alâ wa barakâtouhou,

    Avec l’islamophobie ambiante, ce chiffre ne risque-t-il pas de baisser encore ?
    Entrepreneurs, adhérez au CCIF et au CRI ! ^ ^

    Wa salâm

  3. Sans pouvoir certifier à 100% mes propos puisque je ne participe pas à ces sondages, je peux avancer quelques raisons qui rendent le calcul du nombre de musulmans difficile. Tout d’abord les sondages ethniques et religieux sont interdits, donc pour pouvoir réaliser leurs statistiques, les seuls outils à notre disposition sont : le nom civique (arabe ou pas) et le pays d’origine pour les personnes qui ne sont pas nationalisées.

    Or partir de l’hypothèse nom ou pays arabe => musulman est totalement faux pour plusieurs raisons :
    1) en règle générale, les minorités sont plus enclines à quitter leur pays : kabyles convertis, coptes, chrétiens de Palestine, dans une moindre mesure juifs tunisiens ou marocains (certains ayant des noms à consonance arabe : El maleh par exemple 😉 ) qui ont bien un nom ou une nationalité musulmane mais qui n’embrasse pas cette religion.

    2) les musulmans arrivés en France ne restent pas tous musulmans. Un sondage SOFRES donnait un chiffre de 20% de pratiquants parmi la population d’origine maghrébine, les autres sont soient séculiers (combien mangent dans un restau du moment que ce n’est pas du porc ? Boivent de l’alcool ?) soient athés eux-même ou leurs enfants, plus habitués à entendre TF1 qu’un imam. Dans mon entourage 20-30, les jeunes sont à moitié pratiquants, à moitié athé.

    3) les conversions, même si dans l’absolu il y a grosso modo autant de convertis dans les deux sens (des personnes qui quittent l’islam pour une autre religion et des personnes qui embrassent l’islam) des personnes francophones ne seront jamais comptabilisés dans ces statistiques, le pire étant des enfants de couples mixtes qui portent un nom français et qui ne seront jamais comptabilisés dans ces calculs.

    Pour finir je rappelle qu’il existe parmi les jeunes des pays arabes une population croissante qui ne souhaitent plus entendre parler de religion (d’où des mouvements appelant à la laïcité en Tunisie par exemple), ces statistiques sont au final rien de plus que des chiffres, on peut tout leur dire et leur contraire.

    NB: en ces moments de tension concernant l’immigration, il faut savoir que l’immigration en France provient en majorité des pays européens de l’union ou non et donc en majorité de culture chrétienne. L’islamisation de la France n’est donc pas près d’arriver au grand du FN mais aussi des ayatollah de tout bord.. La perte de l’héritage chrétien vient surtout de l’athéïsation de nos jeunes. Les musulmans n’ont rient à voir avec tout ça, d’autant qu’ils vont sans doute connaître à court ou moyen terme la même chose. La crispation identitaire leur permet juste de retarder cela. (cf. La hausse du port du voile chez les jeunes suite à l’interdiction du port en France)

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