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Al-Awlaki : les Etats-Unis reconnaissent le meurtre de citoyens américains

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abdurrahman al-awlaki
Abdurrahman al-Awlaki, 16 ans, assassiné parce que fils de son père

C’était un secret de Polichinelle. Les Etats-Unis ont tué volontairement quatre citoyens américains dans des attaques de drones. C’est ce que l’administration Obama a reconnu hier dans une lettre adressée au Sénat américain, à la veille d’un discours important que doit tenir jeudi 23 mai le président Barack Obama.

Lire : la lettre du procureur Eric Holder (PDF)

Obama « juge, jury et bourreau »

Anwar Al-Awlaki, né aux Etats-Unis, a été clairement visé et volontairement tué en octobre 2011. Jusqu’à ce mercredi 22 mai, soit vingt-deux mois après les attaques meurtrières, comme pour les armes chimiques de Saddam Hussein, l’administration Obama a toujours refusé de donner des explications sur cette exécution extra-judiciaire d’un citoyen américain.

Plus grave encore pour Amnesty International ou encore la puissante Union américaine des libertés civiles (ACLU), Anwar Al-Awlaki n’a jamais été inculpé de quoi que ce soit. Cet imam américain, qui en 2001, apprécié, avait les faveurs de la presse au point d’être convié par le Washington Post à expliquer à ses lecteurs le mois de ramadan, a été tout bonnement condamné à mort par Barack Obama, qui, à l’image d’un empereur romain signifiant la mort du gladiateur en tournant le pouce vers le bas, a été « son juge, son jury et son bourreau » (« his judge, jury and executioner »), selon le mot de l’avocat Glenn Greenwald dans un article publié sur le site Salon.com.

Abdulrahman, 16 ans, innocent

A contrario, selon l’administration Obama, son fils de 16 ans Abdulrahman al-Awlaki, Samir Khan et Jude Kenan Mohammed n’étaient pas spécialement pris pour cible par les Etats-Unis. « These individuals were not specifically targeted by the United States », peut-on lire dans la lettre d’Eric Holder. Tués, mais pas spécialement visés. Allez comprendre.

Bien que non visé (sic), son fils a été tué quinze jours après son père, alors qu’il dînait dans un restaurant en compagnie de son cousin, adolescent comme lui. Outre les deux cousins, sept autres civils, absolument innocents, ont été tués dans l’attaque du drone américain.

abdurrahman al-awlaki
En mémoire de Abdurrahman – Facebook

Une polémique qui ne faiblit pas

En juillet 2012, Zeke Johnson, président d’Amnesty USA, se demanda sur le site de l’organisation dont il est à la tête s’il était légal que les Etats-Unis tue à l’aide d’un drone un citoyen américain de seize ans.

awlaki amnesty

Quelques jours avant, sur son site, le Centre pour la défense des droits constitutionnels (Center for Constitutional Rights), soutenu par l’ACLU, dressait un réquisitoire sans appel :

These killings, undertaken without due process, in circumstances where lethal force was not a last resort to address a specific, concrete and imminent threat, and where the government failed to take required measures to protect bystanders, rises to a violation of the most elementary constitutional right afforded to all U.S. citizens – deprivation of life without due process of law.

« Ces assassinats, décidés sans procédure régulière, dans des circonstances où le recours à la force létale ne constituait pas le recours ultime pour répondre à une menace précise, concrète et imminente, et où le gouvernement a manqué de prendre les mesures nécessaires pour protéger les passants, représentent une violation des plus élémentaires du droit constitutionnel accordé à tous les citoyens américains – la privation de la vie sans application régulière de la loi. »

La presse inquiète

La presse elle-même s’interrogea sur ces assassinats ciblés. Time, que l’on pourra difficilement taxé d’anti-américanisme, se demanda quelques jours après le meurtre des deux adolescents si Abdurrahman al-Awlaki avait payé pour les « péchés de son père » (An American Teenager in Yemen: Paying for the Sins of His Father?). De même le New York Times a été, et demeure, très critique à l’égard de ces assassinats illégaux commandités par l’administration Obama.

En reconnaissant, pour la première fois hier, ces assassinats, le gouvernement américain ne réussira certainement pas à éteindre une polémique qui dure depuis bientôt deux ans. Il suffit d’ailleurs de jeter un oeil sur les titres de presse via Google Actualités pour comprendre que tuer des citoyens américains, fussent-ils considérer à tort ou à raison comme des menaces pour le pays, passe difficilement.

anwar alawlaki

Pour finir, la lecture d’un article rédigé par Glenn Greenwald, que l’on peut retrouver sur Twitter (@ggreenwald), sur ce qu’il a appelé « la transformation d’Anwar al-Awlaki » permettra de prendre du recul sur cette affaire qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

Lire : The transformation of Anwar al-Awlaki

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30 Commentaires

    • Salam

      Le prix Nobel de la paix est très politisé, et il ne veut plus rien dire.
      C’est un prix que l’on décerne aux personnes en accord avec les intérêts d’une certaine idéologie non à des gens de paix comme son nom l’indique.
      Ce prix se résume dans ce verset pour moi
      {وَلَن تَرْضَى عَنكَ الْيَهُودُ وَلاَ النَّصَارَى حَتَّى تَتَّبِعَ مِلَّتَهُمْ } —> les « non musulman  » ne seront satifaits de toi que si tu les suit ….

  1. Assalamou alaykoum,

    Je note plusieurs points qui me choquent dans la réaction des américains à cet incident:

    – Quand on s’émeut qu’un citoyen américain soit tué par un drone sans procédure légale, celà voudrait il dire que fonction de la nationalité de la personne on peut ou pas autoriser de tels agissements de l’armée américaine? Q’en est il de tous ces Yéménites, Pakistanais, et j’en passe, innocents, qui un jour ont reçu une bombe sur leur tête sans savoir pourquoi?

    – Il est dit que ce jeune garçon a été tué mais sans être visé. Soit l’administration Obama dit vrai et c’est très grave. Cela se traduit par: si vous vivez au Yuémén ou au Pkistan ou je ne sais où, attendez vous un jour à recevoir une bombe sur la tête. Pourquoi, beh, comme ça, allez comprendre!
    Dans la seconde hypothèse, qui serait que l’administration Obama mente, ce qui tout à fait probable puisque ils n’ont jamais dit la vérité, c’est encore plus grave. Celà peut se traduire par: on sait que vous être au Yémén entrain de dîner tranquilement dans un restaurant, on sait que vous être innocent, peut importe votre nationalité, on sait que vous être un jeune garçon avec d’autres jeune aussi innocents que vous, on vous lâche une bombe sur la tête. Pourqui? Beh, allez comprendre pourquoi.

    Dans tout les cas, et quelque soit la suite de cette affaire, ce qui me gêne c’est que les américains, qui font semblant de s’émeuvoir que leurs concitoyens trahissent leurs idéos, ne posent pas du tout le problème comme il doit être posé. Je vois dans tout ça plus d’hypocrisie qu’autre chose.

    Affaire à suivre tout de même.

  2. Un meurtre commis avec préméditation est normalement qualifié d’assassinat.

    Même quand c’est le chef de l’organisation criminelle organisatrice est prix nobel de la paix

  3. Assalam ‘aleykom wa rahmatullah !

    Il est vrai que cette polémique fait rage en ce moment aux Etats-Unis, n’en déplaise aux médias mainstream (au moins en France) ou c’est le silence radio.
    Obama, en pleine conférence sur la lutte anti-terroriste, interrompu par une femme dans le public, avec une question choc : « Allez-vous vous excuser pour les milliers de musulmans assassinés? »
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=TciWW6JwFME
    Je réalise seulement maintenant la vigueur de cette polémique là-bas. La coupe commencerait-t-elle à être pleine aux États-Unis aussi?

    • as-salâmu ‘alaykum

      La polémique là-bas est énorme ! L’intervention de Medea Benjamin, à laquelle je vais consacrer un billet in cha’a-Llah, a permis d’enfoncer le clou.

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