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Ramadan : cheikh Qaradawi refuse l’usage du calcul astronomique pour déterminer le 1er jour

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Croissant de lune ramadan
Crédit – Snorkel

Ramadan 2014 – 1435. Dans un document largement diffusé par l’UOIF où ont été compilés plusieurs avis de savants musulmans en vue de démontrer la légitimité du refus catégorique de la vision du croissant de lune dans la détermination du début de chaque mois lunaire au profit du seul calcul astronomique, figure un extrait tiré d’un ouvrage du cheikh Qaradawi.

Cet extrait est tiré du livre Taysir al-Fiqh fi Daw’ al-Qur’an wa-al-Sunnah: Fiqh al-Siyam (تيسير الفقه : فقه الصيام). Il a attiré notre attention pour une raison assez simple : dans ce texte cheikh Yusuf Qaradawi refuse l’usage du calcul astronomique pour déterminer le premier jour de ramadan. S’il est surprenant de trouver de tels arguments dans un document visant à prouver le contraire, l’extrait n’en est pas moins réel.

Que disent les savants ? que dit la jurisprudence islamique ?

Nous projetons in cha’a-Llah de revenir dans un ou deux articles sur le document en question. Il nous paraît fondamental de permettre à tous les musulmans qui le désirent de disposer des éléments nécessaires pour se positionner en connaissance de cause, en toute liberté et toute indépendance.
Il s’agira dans ces articles de développer quelques points et d’apporter l’éclairage utile à une bonne compréhension des divergences en cours aujourd’hui à propos du mois de ramadan.
Personne n’a le droit de prendre les musulmans de France pour des enfants à qui l’on imposerait une décision prise dans un salon à Paris. Nous savons qu’offrir à chacun les clés de compréhension, à la lumière du Coran et de la Sunna, n’est pas apprécié. C’est là une attitude normal, logique et humaine : pendant des siècles l’Eglise catholique a interdit le savoir au peuple, car elle voulait le dominer et l’asservir. Le premier mot du Coran est « Iqra », les mots qui ont suivi ont été « au nom de Ton Seigneur ». A chacun de nous lire et de comprendre au nom de Notre Seigneur et de notre foi.

Voici l’extrait en question, cité par le site Havre de savoir, le site jeunesse de l’UOIF. Capturé depuis le site Havre de Savoir d’abord. Nous avons surligné les passages qui nous intéressent.

Qaradawi lune calcul astronomique

« Depuis des années, j’ai appelé à adopter le calcul astronomique catégorique, du moins pour la négation, et non pas pour l’affirmation, dans le but d’atténuer l’ampleur de la divergence qui se produit au début du ramadan de chaque année ainsi que pour l’Aïd d’al-fitr, au point d’atteindre trois jours entre certains pays musulmans. Le sens de l’adoption du calcul pour la négation est de continuer d’affirmer l’apparition de la nouvelle à l’aide de la vision conformément à l’avis de la majorité des jurisconsultes de nos jours.

Mais si le calcul réfute la possibilité de la vision en disant qu’elle est impossible étant donné que la nouvelle lune n’est même pas encore née dans aucun endroit du monde musulman, le devoir consiste à ne pas accepter le témoignage des témoins car le calcul mathématique catégorique dément cela. Dans ce cas, on ne doit pas appeler les gens à scruter la nouvelle lune, ni ouvrir les portes des tribunaux, les bureaux de la fatwa ou des bureaux des affaires religieuses pour quiconque souhaiterait apporter son témoignage concernant la vision de la lune.

C’est ce dont je suis convaincu et c’est ce que j’ai dit dans mes fatwas et dans plusieurs interventions et émissions télévisées, puis Dieu a voulu que je trouve ceci expliqué d’une manière détaillée par l’un des grands savants shafi’ites, à savoir, l’imam Taqiy ad-Dine as-Soubki (m 756H), à propos duquel on dit qu’il a atteint le degré d’ijtihad. »

Source : Havre de savoir

Soucieux de l’exactitude des propos rapportés, nous avons voulu vérifier le texte originel en arabe, afin de nous assurer que ce que nous avons surligné en jaune ne résultait pas d’une erreur de traduction. Il n’en est rien : la version française est une bonne traduction du texte de cheikh Yusuf Qaradawi.

وقد كنت ناديت منذ سنوات بأن نأخذ بالحساب الفلكي القطعي – على الأقل – في النفي لا في الإثبات، تقليلاً للاختلاف الشاسع الذي يحدث كل سنة في بدء الصيام وفي عيد الفطر، إلى حد يصل إلى ثلاثة أيام بين بعض البلاء الإسلامية وبعض . ومعنى الأخذ بالحساب في النفي أن نظل على إثبات الهلال بالرؤية وفقا لرأى الأكثرين من أهل الفقه في عصرنا، ولكن إذا نفى الحساب إمكان الرؤية، وقال : إنها غير ممكنة، لأن الهلال لم يولد أصلاً في أي مكان من العالم الإسلامي – كان الواجب ألا تقبل شهادة الشهود بحال؛ لأن الواقع – الذي أثبته العلم الرياضي القطعي – يكذبهم . بل في هذه الحالة لا يطلب ترائي الهلال من الناس أصلاً، ولا تفتح المحاكم الشرعية ولا دور الفتوى أو الشؤون الدينية أبوابها لمن يريد أن يدلي بشهادة عن رؤية الهلال.
هذا ما اقتنعت به وتحدثت عنه في فتاوى ودروس ومحاضرات وبرامج عدة، ثم شاء اللّه أن أجده مشروحًا مفصلاً لأحد كبار الفقهاء الشافعية، وهو الإمام تقي الدين السبكي (ت 756هـ) الذي قالوا عنه : إنه بلغ مرتبة الاجتهاد.
فقد ذكر السبكي في فتاواه أن الحساب إذا نفى إمكان الرؤية البصرية، فالواجب على القاضي أن يرد شهادة الشهود، قال : (لأن الحساب قطعي والشهادة والخبر ظنيان، والظني لا يعارض القطعي، فضلاً عن أن يقدم عليه).
وذكر أن من شأن القاضي أن ينظر في شهادة الشاهد عنده، في أي قضـية من القضــايا، فإن رأي الحـس أو العـيان يكذبها ردهـا ولا كـرامة . قال : (والبينـة شـرطها أن يكون ما شهدت به ممكنا حسًا وعقلاً وشرعًا، فإذا فرض دلالة الحساب قطعًا على عدم الإمكان اسـتحال القول شرعًا، لاسـتحالة المشــهود به، والشرع لا يأتي بالمســتحيلات.
أما شهادة الشهود فتحمل على الوهم أو الغلط أو الكذب. (انظر : فتاوى السبكي).

Source : القسم: إثبات دخول رمضان بالتقدير للهلال – فقه الصيام

Qu’apprend-on dans ce texte ?
1- Le recours à au calcul astronomique pour « atténuer l’ampleur de la divergence » : tous les mots sont ici importants. Cheikh Qaradawi, comme tout homme de science qui se respecte, ne réprouve pas la divergence (ikhtilaf), qui a toujours existé en islam ; s’agissant même de la date du premier jour de ramadan – voir le cas de Kurayb (ra) qui rapporte à Ibn Abbas (ra), alors à Médine qu’en Syrie (Sham) les musulmans, sous Mu’awiya (ra), ont commencé à jeûner un jour avant les Médinois. Ibn Abbas ne se calera pas sur la Syrie et ne demandera pas aux gens de Damas de se caler sur Médine.
Ce que pointe en revanche cheikh Yusuf Qaradawi, c’est les écarts qui ont pu aller jusqu’à trois jours entre différents pays, ce qui n’est pas acceptable et qui était lié à des témoignages farfelus : des témoins affirmaient avoir vu le hilal alors même que la lune était absolument impossible à voir. Or, pense cheikh Qaradawi, si l’on se réfère au calcul astronomique alors on pourra écarter ces témoignages incorrects et ainsi réduire la divergence ; divergence qui, répétons-le, n’est en rien un mal et n’est pas réprouvée par l’islam : islamiquement, il n’est pas exigé des musulmans du monde entier de commencer à jeûner le même jour, ce qui importe et répètent les savants, c’est qu’une même contrée jeûne dans l’unité.

2- « J’ai appelé à adopter le calcul astronomique catégorique, du moins pour la négation, et non pas pour l’affirmation : nafi et non ithbat, pour nier un témoignage incorrect et non pour affirmer le début du mois de ramadan. Dans ce texte, le propos de cheikh Yusuf Qaradawi est très clair : le début du mois de ramadan ne peut en aucun cas être décrété à partir du calcul astronomique. En revanche, le calcul doit pouvoir permettre de faire le tri entre les témoignages corrects et les témoignages incorrects.

La position de cheikh Yusuf Qaradawi récuse, conformément à l’opinion des savants, le recours au calcul astronomique pour débuter ramadan. Il l’accepte en revanche et même le préconise pour réfuter une déclaration qui entrerait en contradiction avec la réalité, en l’occurrence l’absence de la lune, pourtant affirmé par un témoin oculaire.

Nous remercions l’UOIF d’avoir porté à notre connaissance ce texte que nous ne connaissions pas et qui va dans le sens du Coran et de la Sunna et de ce que le milliard et demi de musulmans dans le monde, hormis de rares exceptions, suit.

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12 Commentaires

  1. Salamou’aleykoum,

    Le fait qu’auparavant le cheikh Youssef Al Qaradawi était opposé au calcul astronomique stricte pour déterminer le début du ramadan est un fait connu. Et c’est également un fait connu qu’il a évolué dans sa position. En effet, les savants sont des gens qui continuent au fil des années à réfléchir et à s’instruire et bien entendu à discuter avec d’autres savants (que ce soit en direct ou à travers les livres). Et il arrive qu’ils changent leurs positions sur certains points en fonction du lieu et/ou de la période. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’il est important de citer aussi la date de publication des ouvrages.
    Pour en revenir à Youssef Al Qaradawi, d’aprè cette page : http://urlz.fr/qLr il a présidé le conseil européen de la fatwa et la session au cours de laquelle le calcul scientifique a été adopté.

  2. Ensuite, concernant cette phrase : « récuse, conformément à l’opinion des savants, le recours au calcul astronomique pour débuter ramadan ». Je pense qu’il aurait été plus judicieux de dire « conformément à l’opinion de certains savants ». En effet, il y a divergence sur ce point. Et le fait que deux organisations comme Le Conseil Européen de la Fatwa et le Comité Mondial de la Jurisprudence soient d’accord sur le fait d’appliquer le calcul scientifique, prouve que votre point de vue ne fait pas l’unanimité, loin de là.
    Après, que vous préfériez vous référer à certains savants plutôt que d’autres, c’est tout à fait votre droit.
    Je finirai en citant une phrase que vous avez écrit dans le texte :
    « Cheikh Qaradawi, comme tout homme de science qui se respecte, ne réprouve pas la divergence (ikhtilaf), qui a toujours existé en islam « . Je pense que vous devriez en faire de même.

  3. Assalam alaykoum,

    Barak Allahou fikoum pour l’article.

    Qu’Allah nous protège du suivi des passions et qu’Il nous guide sur le chemin de la Vérité

  4. Voila ce que dit cheik Al Qardawi, si seulement on comprenait ces 3 points
    كتاب الحساب الفلكي وإثبات أوائل الشهور/القرضاوي

    حقائق ينبغي أن يتفق عليها

    ومع ترجيحي للعمل بالحساب على الأقل في النفي لا في الإثبات كما ذكرت، يجب أن أؤكد هنا حقائق ثلاثًا، ينبغي ألا يختلف عليها:

    الأولى: أن في هذا الأمر ـ أعني ما يتعلق بإثبات دخول الشهر ـ سعة ومرونة بالنظر إلى نصوص الشرع وأحكامه، واختلاف العلماء في هذا المقام توسعة ورحمة للأمة. فمَنْ أثبتَ دخول الشهر بعدل أو عدلين، أو اشترط جمًا غفيرًا لم يبعد عما قال به بعض فقهاء الأمة المعتبرين، بل مَنْ قال بالحساب وجد له في السلف قائلاً، منذ عهد التابعين فمَنْ بعدهم. ومن اعتبر اختلاف المطالع، ومَنْ لم يعتبرها له سلفه، وله دليله، فلا يجوز أن ينكر على من أخذ بأحد هذه المذاهب والاجتهادات، وإن رآها هو خطأ، إذ القاعدة: « أن لا إنكار في المسائل الاجتهادية ».

    الثانية: أن الخطأ في مثل هذه الأمور مغتفر، فلو أخطأ الشاهد الذي شهد بأنه رأى هلال رمضان، أو شوال، وترتب عليه أن صام الناس يومًا من شعبان أو أفطروا يومًا من رمضان، فإن الله تعالى أهلٌ لأن يغفر لهم خطأهم، وقد علمهم أن يدعوا فيقولوا: (ربنا لا تُؤاخِذْنا إن نَسِينا أو أخطأنا) (البقرة : 286).

    حتى لو أخطأوا في هلال ذي الحجة، ووقفوا بعرفة يوم الثامن أو العاشر، في الواقع ونفس الأمر، فإن حجهم صحيح ومقبول، كما قرر ذلك شيخ الإسلام ابن تيمية وغيره.

    الثالثة: أن السعي إلى وحدة المسلمين في صيامهم وفطرهم، وسائر شعائرهم وشرائعهم، أمرٌ مطلوب دائما، ولا ينبغي اليأس من الوصول إليه، ولا من إزالة العوائق دونه، ولكن الذي يجب تأكيده وعدم التفريط فيه بحال، هو: أننا إذا لم نصل إلى الوحدة الكلية العامة بين أقطار المسلمين في أنحاء العالم، فعلى الأقل يجب أن نحرص على الوحدة الجزئية الخاصة بين أبناء الإسلام في القطر الواحد.

    فلا يجوز أن نقبل بأن ينقسم أبناء البلد الواحد، أو المدينة الواحدة، فيصوم فريقٌ اليوم على أنه من رمضان، ويفطر آخرون على أنه من شعبان، وفي آخر الشهر تصومُ جماعة، وتعيد أخرى، فهذا وضع غير مقبول.

    فمن المتفق عليه أن حكم الحاكم، أو قرار ولي الأمر يرفع الخلاف في الأمور المختلف فيها.
    فإذا أصدرت السلطة الشرعية المسئولة عن إثبات الهلال في بلد إسلامي ـ المحكمة العليا، أو دار الإفتاء، أو رئاسة الشؤون الدينية، أو غيرها ـ قرارها بالصوم أو بالإفطار، فعلى مسلمي ذلك البلد الطاعة والالتزام؛ لأنها طاعة في المعروف، وإن كان ذلك مخالفا لما ثبت في بلد آخر، فإن حكم الحاكم هنا رجح الرأي الذي يقول: إنَّ لكل بلد رؤيته.

    وقـد ثبتَ عـن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه قـال: « صومكم يوم تصومون، وفطركم يوم تفطرون »[22]، وفي لفـظ « وفطركم يوم تفطرون وأضحاكم يوم تضحون »[23]، وبلفظ: « الفطر يوم تفطرون، والأضحى يوم تضحون » [24]، وقد روى أبـو داود هذا الحديث تحت عنوان « باب إذا أخطأ القوم الهلال ».

    قال الإمام الخطابي: معنى الحديث أن الخطأ موضوع عن الناس فيما كان سبيله الاجتهاد، فلو أن قومًا اجتهدوا، فلم يروا الهلال إلا بعد الثلاثين، فلم يفطروا حتى استوفوا العدد، ثم ثبت عندهم أن الشهر كان تسعة وعشرين، فإن صومهم وفطرهم ماض، فلا شيء عليهم من وزر أو عنت، وكذلك هذا في الحج إذا أخطأوا يوم عرفة، فإنه ليس عليهم إعادته ويجزيهم أضحاهم كذلك، وإنما هذا تخفيف من الله سبحانه ورفق بعباده. ا هـ.

    وآخر دعوانا أن الحمد لله رب العالمين.

    والله أعلم.

  5. Assalamou aleykoum

    Voici ce que le calcul scientifique de l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides (http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/phenomenes/rts/rts.php) donne: le 27/06/2014, le Soleil se couchera à 19h56 et la Lune se couchera à 19h41 soit 15 mn avant.

    Comment dans ce cas, peut-on décréter que le Ramadan commence le 28?

    Pour info: le 28/06/2014, le Soleil se couchera à 19h56 et la Lune se couchera à 20h19 ce qui laisse 23 mn pour l’observer.

    • as-salâmu ‘alaykum

      Ils prennent en compte me semble-t-il la possibilité d’apparition… sur l’île de Pâques. On prend une décision politique, puis on retient tout ce qui l’appuie.

      • as-salâmu ‘alaykum

        Oui, effectivement. D’après http://www.moonsighting.com, le 27, en plein milieu du pacifique, la lune sera visible à l’oeil nu, si les conditions sont parfaites, Avec des lunettes astronomiques, difficilement, en Amérique du Sud, le même jour.

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