spot_img
- Publicité -spot_imgspot_img

Ventes de Coran en hausse : les Français « cherchent à comprendre », à « aller plus loin »

Dans la même catégorie

Un reportage, sur France Culture, nous apprenait la semaine dernière que les ventes de Coran connaissaient une forte augmentation depuis les attentats survenus à Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Ghislaine C., libraire dans l’Est de la France, nous confirme cet engouement. Interview.

Al-Kanz : Il se dit que les ventes de Coran explosent depuis les événements dramatiques survenus les 7, 8 et 9 janvier derniers. Constatez-vous ce même phénomène dans votre librairie ?
Ghislaine C. :
J’ai en effet pu constater moi aussi une augmentation notable des ventes de traduction du Coran. J’ai écoulé environ le stock d’un mois en une semaine, soit quatre fois plus que le nombre d’exemplaires vendus en temps normal. Il s’agit bien d’une tendance générale.

Al-Kanz : Comment l’expliqueriez-vous ?
Ghislaine C. :
L’actualité dramatique qui a secoué la France les 7, 8 et 9 janvier dernier, de l’attentat dans les locaux de Charlie Hebdo à la prise d’otages meurtrière de l’Hyper Cacher en passant par la course poursuite des frères Kouachi et la mort de la fonctionnaire de police à Paris, a mené nombre de personnes à s’interroger.
Beaucoup se sont posé et se posent encore des questions autour de l’islam. Ils cherchent à comprendre, à « aller plus loin » et ne se contentent pas des seules informations des médias mainstream. C’est en un certain sens plutôt rassurant.

Al-Kanz : Quel est le profil-type, s’il en est, du client qui vient acheter un exemplaire du Coran ?
Ghislaine C. :
Généralement, l’achat d’un exemplaire du Coran est motivé par une quête spirituelle, qu’elle vienne d’un musulman ou d’un non-musulman. Il s’agit principalement soit d’approfondir ses connaissances religieuses, soit de découvrir une foi « étrangère » soit encore de se lancer dans une étude comparative des religions.
Mais depuis, ces événements tragiques, la clientèle s’est diversifiée. J’accueille des non-musulmans qui veulent lire le Coran « de leurs propres yeux », vérifier si, effectivement, le Livre saint pousse à la haine de l’autre, à la barbarie etc. Ce sont plutôt des hommes d’âge mur et cultivés.

Al-Kanz : Est-ce que ces clients expliquent eux-mêmes les raisons qui les poussent à cet achat ?
Ghislaine C. :
Cela dépend : parfois oui, parfois non. Lorsque c’est le cas, j’en profite pour approfondir le débat et définir avec eux certains concepts tels que le djihad, la fraternité humaine, la mécréance. J’ai eu droit à quelques sourires de compassion et un « bon courage » en partant également.

Al-Kanz : Posent-ils des questions en particulier ? Si oui, lesquelles ?
Ghislaine C. :
Les questions qui reviennent sont directement liées aux événements. J’en citerai trois : Est-ce qu’il est vraiment interdit de dessiner le Prophète (paix et bénédiction sur lui) ? Est-ce que l’interdiction est clairement écrite dans le Coran ? Est-ce qu’il est permis de tuer qui s’aventurerait à réaliser un tel dessin ?

Al-Kanz : Certains ne se contentent pas d’acheter simplement le Coran. Pourriez-vous nous indiquer le type d’ouvrages annexes, sur l’islam bien entendu, qui viennent compléter l’achat du Livre saint ?
Ghislaine C. :
C’est plutôt moi qui leur propose de lire d’autres livres pour compléter leur lecture du Coran. Lire ce livre sacré n’est en effet pas aisé pour un non initié. Ils repartent souvent avec un livre généraliste qui expose les grands principes de l’islam, un livre de hadiths (tradition et paroles prophétiques) ou encore une biographie du Prophète Muhammad (paix et bénédiction sur lui).

J’ai également vendu beaucoup d’exemplaires de La fraternité humaine en islam, de Moncef Zenati, que j’apprécie tout particulièrement. C’est un ouvrage rassurant et garant d’un vivre-ensemble encore possible.

J’ai aussi un rayon, jusque-là plutôt déserté par les clients, regroupant des ouvrages traitant des questions de terrorisme, de géopolitique, etc.. qui a aussi suscité de l’intérêt après ces événements de la part des musulmans comme des non musulmans. Tous ont pour la plupart un niveau universitaire.

Al-Kanz : Et qu’en est-il de leurs réactions à proprement parler ?
Ghislaine C. :
Les clients sont généralement très impressionnés de voir la diversité des ouvrages sur l’islam. Ils se rendent par ailleurs compte que les musulmans ont une vraie réflexion sur leur foi et leur application au quotidien.

J’aimerais ajouter un mot sur ce malaise palpable chez la jeunesse musulmane, qui s’inquiète de son devenir en France. Et de la « suite des événements ». Les jeunes musulmans m’ont massivement sollicitée pour des ouvrages traitant de l’eschatologie, c’est-à-dire sur la fin des temps, sur le jour du Jugement dernier, sur la vie après la mort.

Al-Kanz : Enfin, avez-vous observé tout au long de votre carrière pareille situation ?
Ghislaine C. :
Oui, en effet, cela me rappelle l’après 11-septembre…

- Publicité -spot_img

Plus d'articles

4 Commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Publicité -spot_img

Derniers articles

OK, je soutiens
Non, merci