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Ramadan, mois du minimalisme: quelques conseils avant de faire ses courses

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Ramadan 2024 – 1445. Tous les ans, quelque trois semaines avant le début du mois de jeûne, les enseignes de la grande distribution lancent leurs campagnes commerciales pour attirer le chaland musulman dans leurs rayons, et publient à cet effet leurs catalogues promotionnels. Boucheries, épiceries et autres commerces de bouche ne sont pas en reste. Alors qu’il s’agirait plutôt de se préparer à se détacher de ce bas-monde, nous sommes appelés à consommer encore et toujours plus.

Ramadan, on le sait, avec ses journées entières d’abstinence (interdiction de boire, de manger, d’avoir des relations intimes entre époux, etc.) de l’aube au coucher du soleil, est aux antipodes de la surconsommation. Pourtant, trop souvent, des heures d’efforts sincères et réels, particulièrement éprouvantes en période estivale, sont suivies d’une débauche de nourriture pour le moins indécente.

Ramadan, mois pour manger moins et manger mieux

Ramadan est par définition un mois de tempérance, de modération et de retenue pendant lequel l’excès doit être combattu autant la journée que la nuit.

Etre musulman, c’est adhérer aux principes énoncés dans le Coran et la Sunna, lesquels appellent et insistent sur la nécessité de bien traiter non seulement son âme : jeûner nous élève, mais encore son corps : il convient de se nourrir de la meilleure des façons, modérément et bien.

Manger bien commence par faire correctement ses courses, en prenant soin d’acheter de bons produits, évidemment vraiment halal, si possible le plus souvent bio, lequel bio est de moins en moins coûteux. Manger moins et mieux permet de faire des économies et ainsi d’acheter ces produits un peu plus cher.

Ramadan est un mois durant lequel l’excès doit être combattu autant la journée que la nuit.

Cette année, comme depuis bien trop longtemps, la majorité des produits carnés dits « halal » que l’on trouvera en grande distribution ne sont pas halal.

Cette année, comme depuis toujours, les musulmans deviennent intéressants pour les géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution qui pourtant continuent de leur vendre du faux halal et/ou de les mépriser allègrement.

Et si l’on profitait de ce mois de ramadan pour prendre de nouvelles habitudes ? Au diable la surconsommation, vive la déconsommation ! Et si au lieu de continuer d’injecter des centaines de millions d’euros dans les caisses de toutes ces entreprises qui nous méprisent, on allait voir ailleurs, par exemple chez les petits producteurs ?

Faisons donc un pas de côté, prenons du recul et réfléchissons à notre façon de consommer tout en observant notre jeûne.

Ramadan, mois de déconsommation

Surconsommer, manger à l’excès, se goinfrer tous les soirs à l’heure de l’iftar (repas de rupture du jeûne) et finir la soirée avec sodas et gâteaux de toute sorte, voilà qui est une hérésie ; certes, pas au sens religieux du terme, mais vivre trente jours de jeûne et d’adoration de la sorte est un contresens total.

On le sait, dans une majorité de familles, l’iftar est synonyme de festin, voire de goinfrerie. Quand on est trois, il y en a pour cinq, quand on est six pour dix, quand on est onze pour trente, etc. Des entrées et non une seule, plusieurs plats, plusieurs desserts, des sodas (quelle erreur !). Tant de gras et de sucre dans le même repas, la même assiette, parfois la même bouchée.

Comme nous aimons à le répéter, nous sommes alors dans l’anti-ramadan, dans un mois de surconsommation, d’excès, d’indécence et de gaspillage, et non plus dans ce qu’est le mois de ramadan un mois de déconsommation, de frugalité, de tempérance et de modération.

Et si nous revenions à l’éthique prophétique ?

Ramadan, mois du minimalisme

Pour reprendre un terme à la mode, le mois de ramadan, c’est le minimalisme appliqué à l’alimentation.

Alors qu’on s’est abstenu de boire et de manger toute une journée, se retrouver lors de l’iftar mangeant à même le sol, conformément à la tradition prophétique, devant une assiette collective, peu remplie, mais suffisamment, voilà qui forge bellement l’âme, qui ni gavée ni gonflée réussit à se détacher des contingences terrestres pour mieux se rapprocher de Dieu. Après un iftar léger, mais suffisant, on peut alors profiter pleinement des prières nocturnes en congrégation à la mosquée (tarawih) et dormir sans être encombré par une digestion difficile.

Manger suffisamment le matin avant l’aube lors du repas du suhur pour vaquer à ses activités mondaines, prier, lire le Coran, multiplier les actions de bienfaisance, bref, honorer ce ramadan de la plus belle et attendue des manières.

« Le fils d’Adam [c’est-à-dire l’être humain] ne remplit pas un récipient pire que son ventre », nous dit en substance le Prophète dans un célèbre hadith. Quoi de plus paradoxal, d’insensé, que de le remplir plus encore après une journée d’abstinence totale, trente jours d’affilée ?

Ramadan, mois toujours du faux halal

Si l’on peut percevoir un frémissement allant dans le bon sens dans la perception qu’a la grande distribution des consommateurs musulmans, il demeure un grave problème, très grave même.

Tout objet commercial et mercantile qu’il soit devenu, ramadan est d’abord le mois du jeûne (siyam) offert à Dieu. Les musulmans observent ce jeûne, quatrième pilier de l’islam, parce que leur Seigneur le leur a ordonné. Nous sommes dans le religieux, dans le sacré. Comment dans ces conditions accepter que l’offre commerciale s’articule quasi exclusivement autour de produits frauduleusement estampillés halal alors même que manger non halal pour un musulman est d’une extrême gravité ?

Il suffit d’ouvrir un catalogue d’une des enseignes de la grande distribution pour constater que la quasi-totalité des produits prétendument halal sont a minima très douteux.

Acheter sa viande pseudo halal chez Carrefour, Auchan, Casino, Leclerc, etc., c’est quasi systématiquement prendre le risque de manger haram. Inconcevable pour tout musulman averti. Idem dans la majorité des boucheries halal qui ont les mêmes fournisseurs en viande.

N’abîmons pas notre ramadan avec le faux halal, comme nous y enjoignait shaykh Chakil Omarjee lors d’une conférence en ligne.

Ramadan, mois de la malbfouffe

La plupart des produits proposés dans les catalogues spécial ramadan de la grande distribution sont mauvais pour la santé.

Soit ils sont ultra-transformés, soit comme les sodas ils sont très sucrés et évidemment contre-indiqués – ne serait-ce que si l’on souhaite préserver ses capacités physiques et donc son jeûne et l’ensemble de ses actes d’adoration des effets pervers du sucre –, soit encore ils contiennent énormément d’ingrédients à éviter (additifs, glutamate de sodium, nitrites, etc.).

Le corps, en islam, est un dépôt : chacun à l’obligation de bien s’en occuper, et donc de faire un minimum d’exercice (sport ou autre), de bien dormir, de ne pas consommer des substances dangereuses (alcool, drogue, cigarette), de manger des bons aliments, pas simplement halal, halal et bons pour la santé.

Si depuis quelques années on assiste à une réelle prise de conscience dans les communautés musulmanes quant à la nécessité de mieux manger, la place de la malbouffe, de la junk food, est encore bien trop présente.

Profitons de ramadan et de la distance que nous prenons avec la nourriture pour redéfinir notre rapport à l’alimentation, à ce que nous mangeons et donnons à manger à nos enfants.

Ramadan, mois pour bouder (vraiment) la grande distribution

Les musulmans sont accusés du matin au soir d’être communautaristes. Pourtant, le marché du halal food (alimentation) et plus spécifiquement du ramadan enrichit surtout des non-musulmans. Ce sont en effet les Bigard, Haudecoeur, Mosaïque, Lactalis, LDC, Isla délice, etc., dont les produits inondent les rayons de la grande distribution, qui raflent la mise.

Et si les musulmans se levaient comme un seul homme pour à la fois privilégier les petites structures, de préférence locales, tenues ou non par des musulmans, et à la fois bouder ces enseignes pour n’acheter viande et accommodements traditionnels que dans une boucherie halal (certifiée, il vaut mieux, ou sûre) ?

Nous pourrions poursuivre plus longuement cette réflexion. Restons-en là. Retenons, ensemble, que l’urgence est au changement, individuel et collectif. Nous devons reprendre la main sur notre façon de consommer, plus encore quand ramadan arrive et entre en jeu la dimension spirituelle qu’un musulman ne peut séparer de son mode de consommation.

Reprendre la main sur notre façon de consommer, donc sur notre façon de manger, notre façon d’acheter, notre façon de dépenser. Pour nous-mêmes individuellement et spirituellement, pour nous-mêmes collectivement, pour la société et au-delà pour la planète.

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