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Tarawih se prie à l’heure de l’icha, pas avant

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L’an dernier, quelques jours avant le mois de ramadan, ce qui était présenté comme étant une fatwa (avis juridique) a circulé par SMS. Et a beaucoup choqué.

Tarawih se prie après l’icha

Comme chacun le sait, tous les soirs de ramadan, après la prière de l’icha, dernière prière du jour, a lieu la prière de tarawih. Tarawih, qui est une prière facultative, est un temps fort du mois de ramadan. Tous les soirs, les mosquées sont pleines à craquer, certaines devant aménager des salles annexes, voire leur cour intérieure, pour accueillir le monde qui se presse pour écouter réciter le Coran pendant une heure à une heure et demie.

Tarawih étant facultatif, les croyants ont la possibilité de l’accomplir ou de ne pas l’accomplir. On peut aussi observer cette prière à la maison, chez soi seul, en famille ou avec des amis. A contrario, la prière de l’icha, en revanche, est une prière obligatoire, que l’on doit accomplir à partir d’une heure précise et à la mosquée (pour les hommes).

Ajoutons qu’en matière d’adoration (‘ibadat) nul n’est autorisé à modifier quoi que ce soit. Or il a été décidé, de façon arbitraire et vraisemblablement erronée, au vu des justifications avancées, que prier tarawih avant l’heure de ‘icha était tout à fait permis.

Un avis reposant sur une erreur d’interprétation ?

L’avis qui a circulé par SMS l’an dernier et remis au goût du jour cette année dans quelques rares mosquées indique qu’ile a pour but de « faciliter » (sic) la vie des musulmans, car la prière de l’icha et celle de tarawih sont tardives. La difficulté est réelle : en région parisienne, la prière de l’icha débute aux alentours 23h30*, celle de tarawih dix à quinze minutes plus tard et dure environ une heure.

Pour autant, est-ce là en soi un argument suffisant pour changer l’horaire d’une pratique relevant de l’adoration ? Parce que c’est bien cela qu’il s’agit : une des deux options que cet avis propose aux musulmans, c’est d’avancer la prière de tarawih et donc de l’accomplir à l’heure de maghrib, avant même le début de l’heure de la prière de l’icha.

Bien évidemment, a priori, un tel avis juridique est plaisant. Comme souvent dans ce type d’avis, séduire le croyant s’impose : pouvoir rentrer plus tôt à la maison au lieu de rester debout très tard, tout cela après une longue journée de jeûne, ne déplaît à personne, bien au contraire. Surtout lorsque l’on doit se lever tôt le lendemain pour aller travailler ou étudier.

Le problème, c’est que, dans cet avis, la possibilité de prier le tarawih avant l’heure de icha est fondée sur un avis, attribué à des savants de l’école hanafite, qui ne dit pas du tout cela. Il semble bien qu’il y ait eu, a minima, confusion dans la compréhension de cet avis. Un article du site Muslimfr.com permet de s’en convaincre.

« Ce qui a été admis par certains hanafites, comme développé précédemment, c’est la possibilité de faire la salât de Tarâwîh avant l’accomplissement effectif de la prière obligatoire de ‘Ichâ, mais cela, à condition que l’heure de ‘Ichâ ait déjà débuté. »

Prier le Tarâwîh à l’heure de Maghrib serait-il autorisé par des hanafites ?

Une prière difficile, un moment extraordinaire

Nous le savons tous, la prière est un pilier absolument fondamental de la vie du croyant et plus généralement en islam. On ne compte plus les versets coraniques et les hadiths qui appellent à accomplir – au sens premier du terme, c’est-à-dire à la faire de façon pleine et complète –, la prière non seulement avec dévotion, mais encore avec rigueur. Citons, parmi de multiples exemples, la réponse du Prophète (paix et bénédiction sur lui) à qui l’on demanda ce qui constitue la meilleure des actions. La réponse fut, en substance : « La prière accomplie à son heure » (Sahih Muslim).

Ramadan est une école, dans toute école il y a des examens, des épreuves plus ou moins difficiles.

L’heure de tarawih est tardive oui. Mais le tarawih n’est pas obligatoire. Ne pas y assister, c’est certes une tristesse pour qui en mesure l’intérêt et les bienfaits. Si nous ne pouvons y assister tous les jours, ne serait-ce qu’un seul jour, essayons de compenser autrement, plutôt que de choisir de l’accomplir selon des aménagements tel celui cité précédemment.

Oui, prier tarawih et rentrer chez soi à une heure du matin pour devoir ensuite se lever – voire ne pas dormir du tout – pour manger deux heures plus tard est ardu. Mais n’est-ce pas là une occasion extraordinaire de porter l’adoration d’Allah à un niveau que nous n’atteignons pas le reste de l’année ? Ramadan est une école, dans toute école il y a des examens, des épreuves plus ou moins difficiles. Les meilleurs, ceux qui obtiennent mention, honneurs et félicitations du jury, ne sont-ils pas ceux qui ont pris la mesure de l’examen et qui ont, contre vents et marées, tenu pour le réussir haut-la-main ?

Que Dieu fasse que nous soyons de ces vaillants qui ont compris que derrière la difficulté ponctuelle de tarawih se trouve un trésor inestimable qui sera certainement le dernier pour ceux qui quitteront cette terre avant ramadan prochain. Plutôt que de vider l’islam de sa substance en nivelant vers le bas, travaillons sur nous-mêmes pour grandir, pour être plus forts et plus à même de prendre le chemin, parfois éprouvant, qui nous mènera aux délices de la foi. Que Dieu nous fasse que nous soyons de ceux qui face à la difficulté n’auront pas abdiqué.

*l’heure varie selon la position géographique, elle varie donc d’une région à l’autre.

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2 Commentaires

  1. Salaam aleikoum,

    Et que dire des mosquées qui prient Icha en avance ? (puis tarawih à toute vitesse). C’est le cas de la mosquée de mon quartier.
    Une catastrophe.

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