Le cours de l’or n’en finit plus de grimper. Mardi 9 septembre, pour la première fois dans l’histoire, le gramme d’or a franchi la barre symbolique des 100 euros, atteignant 100,22 euros cet après-midi selon les données du site spécialisé Or.fr.

L’envolée est spectaculaire. A titre de comparaison, le 9 septembre 2021, le gramme d’or valait 48,84 euros, soit plus de moitié moins. Et seulement 19,84 euros le 18 février 2008.
Rapporté au nissab, seuil à partir duquel payer la zakat al-mal s’impose à tout épargnant musulman, cette évolution est encore plus spectaculaire : de près de 1 700 euros en 2007, il a été multiplié depuis par plus de huit, franchissant hier le seuil jamais atteint non plus des 8 500 euros.
Un tel niveau réduit mécaniquement le nombre de musulmans assujettis à la zakat al-mal, puisque seuls ceux dont l’épargne sur une année lunaire (hawl) est égale ou supérieure au nissab — soit aujourd’hui 8 518,70 euros — y sont redevables.
Indexée sur l’or, la zakat al-mal l’est aussi, dans l’école de jurisprudence hanafite, sur l’argent, dont la valeur reste très inférieure (1,13 euro le gramme) ; ce qui porte le nissab à seulement 672,35 euros (1,13×595), soit douze fois moins que le nissab-or.
Il n’en fallait pas plus pour que certaines voix, qui « jouent aux mujtahid [juristes habilités à déduire des sources scripturaires et de la réalité des nouvelles règles] », selon un érudit contacté par Al-Kanz, prônent un passage de l’or vers l’argent.
Mais peut-être faudrait-il déjà avant de toucher aux textes œuvrer individuellement et collectivement pour que cet impôt soit effectivement acquitté par ceux qui doivent le payer. La zakat al-mal demeure, on le sait, le pilier de l’islam le plus négligé.