HMarket, partenaire de Carrefour : « Ce communiqué n’est pas du tout convaincant »

Militante de BDS France et cofondatrice du comité local de Saint-Etienne, Monira réagit au communiqué d’HMarket, publié après les révélations sur l’entrée du groupe Carrefour à son capital. Interview.

Al-Kanz : Que reprochez-vous à HMarket ?
Monira : Ce communiqué n’est pas du tout convaincant, et surtout il arrive beaucoup trop tard. HMarket vante ses valeurs éthiques. On se demande bien lesquelles, puisque voilà deux ans que l’enseigne ment aux consommateurs…

Elle se décrit par ailleurs comme une « entreprise familiale, libre et autonome ». Quelle liberté puisqu’elle ne peut pas rompre le contrat de partenariat avec Carrefour signé en 2021 ? Cela pose question. Qui signe un partenariat sans clause éthique, du type : « en cas de participation à un génocide, on rompt le contrat » ?

Al-Kanz : Quid plus spécifiquement du partenariat avec Carrefour ?
Monira : Il ne s’agirait que d’un contrat d’approvisionnement et d’une prise de participation de 10 % qui n’auraient aucune incidence sur la liberté de l’entreprise, sauf sur la liberté d’arrêter un contrat avec Carrefour en plein génocide.

Pour rappel, ce que l’on reproche à Carrefour, c’est d’être implantée en Israël et dans des colonies en Cisjordanie, via un contrat signé en 2022, avec le groupe israélien Electra Consumers et sa filiale Yenot Bitan, puis officialisé en mai 2023.

Ainsi, Carrefour peut fournir des produits français à des colons « comme à la maison » et vendre directement des couches et lingettes produites en Israël. Malgré les déclarations fausses d’Alexandre Bompard, l’enseigne a bien ouvert des supermarchés dans les colonies et publié une offre d’emploi pour Maale Adumim. Pire encore, Carrefour Israël a offert des colis aux soldats « pour soutenir l’IDF dans l’effort de guerre », et s’en est vanté sur Instagram.

Sous la pression des consommateurs mécontents, la filiale israélienne de Carrefour a nettoyé son compte, effaçant les mentions par lesquelles elle se faisait complice du génocide à Gaza. Si à ce moment-là HMarket n’a pas vu le problème de sa collaboration avec Carrefour et n’a pas réagi, c’est très grave.

Al-Kanz : A des internautes qui l’interpellent, HMarket répond « avoir fait un choix en 2021 sans pouvoir imaginer comment la situation évoluerait quatre ans plus tard. » Qu’en pensez-vous ?
Monira : Ce qui était déjà vrai en 2021, c’est que Carrefour commercialisait des produits israéliens : fruits et légumes, couches, lingettes, machine Sodastream, etc. Cela n’a pas empêché HMarket de nouer ce partenariat. Ce qui veut dire que l’on pouvait trouver des produits israéliens chez HMarket, ce qui est déjà suffisamment grave pour les consommateurs.

Oui, la situation n’est pas la même : aujourd’hui, c’est un génocide qui se produit ouvertement sous nos yeux à Gaza, alors qu’en 2021, Gaza était sous blocus et régulièrement attaquée par l’État colonial israélien. En 2012, en 2014, en 2018, en 2021, en 2022, en 2023….

Mais la vraie question, c’est pourquoi avoir menti lorsque ce partenariat avec Carrefour a été questionné, ce pendant plus de deux ans ? J’ai le sentiment qu’ils ont nié tant qu’ils le pouvaient et qu’ils ont fini par avouer quand Al-Kanz a révélé leur accord de partenariat avec Carrefour dans un article très partagé sur les réseaux sociaux.

Cette réponse n’est pas à la hauteur des enjeux. Pour moi, HMarket, c’est fini. L’entreprise avec toutes ses valeurs éthiques doit assumer ses responsabilités. Le groupe Carrefour se dégage de la responsabilité de ce que fait la franchise israélienne avec sa marque en Palestine occupée. HMarket se dégage de la responsabilité de ce que fait Carrefour, l’un de ses actionnaires et fournisseurs. Mais alors, personne n’est responsable ? Moi, je dirais qu’ils sont irresponsables.