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Carlos Ghosn, patron de Renault, favorable à la finance islamique

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Finance islamique. Le 3 novembre dernier le ministère de l’Économie et des Finances accueillait une conférence sur la finance islamique. Jusque-là ce type d’événements réunissait essentiellement des banquiers, des avocats, des politiques.

Ce jour-là, il y eut aussi Carlos Ghosn, PDG de Renault et de Nissan. On peut se demander si la présence de cette homme de la Realpolitik n’avait pas vocation sinon à convaincre tout au moins à rassurer ceux qui doutent encore de la pertinence de Christine Lagarde. Ce dernier, fidèle à sa réputation d’homme pragmatique, s’est illustré dans une intervention que nous vous proposons de découvrir.

Diversifier les sources de financement

Insistant sur la nécessité, en cette période de crise, de diversifier les sources de financement, Carlos Ghosn a rappelé qu’il est important de ne pas « perdre de vue l’économie réelle ». « En ce sens, a-t-il ajouté, la finance islamique qui se concentre sur le financement de l’économie réelle en s’appuyant sur un sous-jacent tangible n’est pas tombée dans les dérives qu’a pu connaître un certain nombre d’éléments de la sphère financière internationale. » Et de préciser que « concrètement, il existe plusieurs domaines pour lesquels [il pourrait] avoir recours et [il souhaiterait] avoir recours à des financements islamiques » :

– pour le financement de projets futurs : les pays musulmans seraient ainsi une cible privilégiée, avec tout ou partie des projets financés islamiquement. Le Moyen-Orient, l’Asie, mais aussi le Maghreb sont concernés.
– pour le financement corporate : Carlos Ghosn évoque alors le marché des sukuk, marché obligataire islamique, « pour diversifier la base d’investisseurs et augmenter les souscriptions des investisseurs ». Mais selon lui ce marché semble encore assez fermé.
– pour le financement islamique pour les ventes aux importateurs : et le PDG de Renault d’évoquer alors le leasing « très proche de l’ijara ».

Le rôle des pouvoirs publics est essentiel

Après donc ce bref topo, Carlos Ghosn s’est attaché à démontrer qu’il est nécessaire que Paris adapte sa législation pour prendre part au développement prometteur de la finance islamique.

« Tout cela plaide pour que la place de Paris se développe comme un nouvel acteur du financement islamique, avec la mise en place d’instruments financiers standardisés compatibles avec nos pratiques actuelles, compatibles avec les règles islamiques, rapidement et facilement utilisables par les directions financières et juridiques des entreprises basées en Europe. En résumé, nous pensons qu’il faut donc encadrer, standardiser les outils financiers pour les rendre plus simples, moins chers, plus familiers et donc plus accessibles aux emprunteurs européens.

Enfin, Carlos Ghosn termina son discours par un parallèle entre la finance islamique et le véhicule électrique. Le produit est bon, « mais son utilisation ne doit pas être plus complexe, son coût pas plus élevé qu’un coût thermique conventionnel ».

Car c’est « à cette seule condition qu’on arrive en faire un produit de masse ». Ainsi, toujours selon le patron de Renault, « la finance islamique pour se développer doit aussi relever ce double défi : simple d’utilisation et compétitive. Le rôle des pouvoirs publics est essentiel pour assurer le démarrage. »

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3 Commentaires

  1. Salam’Aleikum,

    En écoutant le discours de Mr Ghosn, on remarquera que l’objectif est avant tout la diversification des sources de financement, qui passe par l’accès aux liquidités du Moyen Orient et du Sud Est asiatique via la finance islamique. Autrement dit, la finance islamique ne l’intéresse pas en soi, c’est juste un outil comme un autre pour lever des fonds. Quand il se félicite que la finance islamique conserve un lien prégnant avec l’économie réelle, cela me fait sourire: je serais curieux de voir où sont placées les liquidités de Renault en attendant les financements. Spéculation, fonds de pension etc… Ou économie réelle??
    Autre remarque, les coûts et leur minimisation est son seul langage. Pas sur que cet esprit soit en accord avec l’éthique même de la finance islamique.

  2. Salam Al Kanz,

    C’est justement ce qui me fait peur. Est ce que la nature de leurs intentions ne risque pas de faire émerger une finance islamique « nettoyée » de ses valeurs éthiques comme la règle des 3P au profit d’une finance islamique de marché? Je n’ai pas la réponse mais j’avoue me poser la question. Pour ne pas faire de scepticisme sans proposer une alternative, je dirais qu’en tant que musulmans, et accessoirement consommateurs, il sera de notre devoir et de notre intérêt de suivre de prêt l’évolution de la finance islamique pour opérer le moment venu des choix mesurés et qui intègrent une réflexion macroéconomique et pas seulement une vue sur notre satisfaction du besoin. Qu’en pensez vous?

  3. as-salâmu ‘alaykum

    Une chose est claire. C’est que deux courants s’affrontent aujourd’hui. D’une part, les partisans d’une finance islamique sans islam. Ces derniers réduisent la FI à un ensemble de contraintes techniques. D’autre part, les partisans d’une finance islamique qui logiquement prend sa source dans l’islam. Ceux-là sont et seront comme les défenseurs du vrai halal, dans le marché de la viande : des empêcheurs de haramer en rond. Ces derniers pensent la FI dans sa globalité, et non évidemment comme un simple moyen de satisfaire de façon halal des besoins.

  4. Salam Aleikum,

    Tout à fait d’accord. On retrouve effectivement dans le système promotion/exploitation de la finance islamique les mécanismes qui régissent ceux des produits de grandes consommation dits halal. Toute la question est alors de déterminer les leviers d’action qui sont à la disposition du deuxième courant que vous décrivez. Votre site est une partie de la solution, l’action d’Aidimm également.

  5. as-salâmu ‘alaykum

    Le débat est pationnant! Finance islamique sans islam et finance islamique de l’islam!

    Sachez une chose: On appelle aujourd’hui la finance islamique : la finance islamique respectueuse de la Shariah à l’aune des preceptes du Fiqh financier; et c’est une finance alternative! et donc pour un entreprenneur X, il a le choix soit d’aller à une banque conventionnelle soit d’aller à une banque islamique tout en sachant que la finance islamique n’est pas ouverte seulement aux musulmans.Carlos Ghosn est un bon exemple (il faut l’encourager!).Il veut minimiser les couts qui est encourager dans l’islam, c’est son affaire!On lui dit MERCI.

    Mais la vrai question c’est pas ca! Comment fait un bon musulman qui veut acheter une maison?
    Et bien, pour l’instant il faut qu’il attendre un bon moment.
    Malhereusement, la finance islamique tel que vu par Lagarde va s’adresser en premier aux entreprises. Après on espère bien que la banque de détail voit le jour et c’est là le vrai visage de la finance islamique adressé aux particuliers.

    Mais dans tout les cas vaut mieux ne pas faire l’amalgamme et parler de Finance islamique sans islam et finance islamique de l’islam, sinon on perdera la crédibilité de la finance islamique elle meme en France et on perdera toute chance d’une banque islamique de détail (tant attendue par les musulmans).
    La finance islamique doit conserver ses valeurs éthiques universalisable via le financement des entreprises francaises (un choix politique, c’est comme ca) et si c’est une réponse à un besoin et bien c’est tant mieux sans toutefois dénaturer l’essence et l’éthique de sa raison d’etre.Ya aucune contradiction.Pourvue que la banque de détail viennent!

  6. Salam’Aleikum,

    @ Mohamed,

    Pourquoi réduire l’offre bancaire islamique de détail au simple emprunt immobilier?

    Je ne pense pas que l’introduction de la finance islamique en France par le biais des entreprises soit une mauvaise chose. C’est une évolution naturelle dans le développement d’une offre bancaire de détail. Si l’on prend l’exemple de la France, les premières banques institutionnalisées à l’image du Crédit Agricole se sont développées en premier lieu pour les professionnels. C’est la volonté d’optimiser le rendement de la banque qui implique une ouverture sur le marché des particuliers. Jusque là, personnellement, je trouve cette approche plutôt conforme à l’ordre des choses.
    Là où par contre les musulmans auront un rôle important à jouer, pour ne pas dire qu’ils ont déja ce rôle à jouer, sera dans le choix de l’offre bancaire. Si une majorité de consommateurs musulmans se résigne à consommer l’offre bancaire conventionnelle, le marché de la finance islamique restera un marché de niche, ce qui implique une offre onéreuse et économiquement discriminante, ouverte à un marché de consommateur haut de gamme.
    Ce reproche est parfois formulé par des musulman(e)s qui contractent des prêts à intérêts. Il faut comprendre comment les marchés se forment et se développent pour se rendre compte que supporter les emprunts ribaoui, fussent-ils agréés par une fatwa, présente un frein conséquent dans le développement d’une offre bancaire islamique de détail. Nos actions et nos choix au niveau individuel ont un impact important au niveau macroéconomique.

  7. as-salâmu ‘alaykum

    Je suis tout à fait d’accord.
    Maintenant c’est la communauté qui doit agir ensemble pour déployer la finance islamique de détail en parallèle avec celle du gros qui arrivera nch’Allah.
    Il faut parler d’un seul voix et éviter surtout l’amalgame qui dénature cette finance.
    Les actions d’AIDIMM et autres associations sont toujours à saluer dans le respect puisque l’objectif est commun.
    Agissons tous ensemble!

  8. mais qu’est qu’on s’en fiche des objectifs!!!!!! tant que notre attente dans le halal est atteinte.
    Car si nous musulmans nous avons beaucoup de retard sur tous les plans et à toute échelle c’est d’abord de notre faute. Imaginez que même la finance Islamique a fait l’objet de gands projets d’etudes et de recherche en occident et pas une etude serieuse dans le monde musulman !!!!!! on sème les conséquences de la négligence que nous avons recolté.

    Arretons de mettre en cause les autres sinon on n’avancera jamais, et que chacun regarde ce qu’il peut apporter à sa communauté.

  9. as salâmu 3alaykum,

    Monsieur GHOSN est un opportuniste. Il veut faire sauter le dernier verrou qui empeche à l’argent du golfe de couler à flot en France. Les grandes entreprises françaises sont en manque de liquidité (comme l’état français d’ailleurs). Pour relancer la croissance, il faut relancer l’investissement et monsieur GHOSN lorgne du côté de l’argent du golfe.

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