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Voici comment mettre en place une bibliothèque dans votre mosquée ou association

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Suite à l’appel à témoignage du 30 mai dernier, dans lequel nous invitions les associations qui ont mis en place une bibliothèque à l’usage de leurs membres, l’association lyonnaise UJM (Union des jeunes musulmans) nous a écrit pour partager leur expérience. Jihane, membre de l’association, a eu la sympathie de nous adresser une sorte de feuille de route, tirée de l’expérience de l’UJM, à suivre pour mettre en place une bibliothèque. Notons qu’il s’agit ici 1) de la mise en place d’une bibliothèque pour une association qui dispose déjà d’une certain stock d’ouvrages, 2) d’un projet en cours de réalisation, même si bien avancé.

L’UJM (Union des jeunes musulmans) est une association lyonnaise qui propose plusieurs activités pour les musulmans. Soucieux de l’importance de la diffusion de la science, nous avons très tôt mis en place une bibliothèque qui est gérée conjointement avec la librairie Tawhid.

L’objectif du projet

La bibliothèque est constituée d’un fond de 3 000 livres en français et beaucoup plus en langue arabe. Au départ, nous utilisions un système basé sur le logiciel Access de Microsoft. Mais, il a très rapidement montré ses limites. Il a fallu faire évoluer la gestion de notre bibliothèque. C’est ainsi que nous utilisons depuis 2012 un système de gestion de bibliothèque (SIGB), que nous avons ouvert partiellement au public en janvier 2014.

La gestion du projet

Pour gagner en efficacité, nous avons divisé notre projet en différentes phases indépendantes les unes des autres. Cela nous permet de faire avancer le projet en fonction de la disponibilité et des compétences de chacun.

le système de gestion de bibliothèque

L’équipe chargée de la mise en place et de la gestion de la future bibliothèque doit impérativement choisir très rapidement le système de gestion qu’elle compte utiliser, le fameux SIGB. Le choix du logiciel est capital, car il est l’élément central qui permet de réunir toute une équipe composée de différents profils.

Avant de sélectionner un logiciel, il est nécessaire d’en tester plusieurs. On prendra soin de demander à l’ensemble de l’équipe de participer aux tests. Les critères de sélection doivent être la facilité d’utilisation du logiciel, son adéquation aux besoins spécifiques de la bibliothèque à venir et l’adaptation des futurs utilisateurs (les membres de l’équipe) au-delà de leurs profils particuliers.

La phase de catalogage

Une fois le choix du logiciel arrêté, il faut élaborer le catalogue où seront recensés la totalité des documents qui constituent la bibliothèque. Cette phase de catalogage est importante, car elle va permettre in fine de retrouver et d’identifier chaque document à partir de données précises. Ces données (auteur, titre, code barre, édition, année de publication, langue, etc.) sont autant de critères à entrer dans le logiciel de SGIB.

1. Les données

A ce stade, il est capital de se mettre d’accord sur la manière dont les informations seront saisies. Cette étape doit permettre de définir des fiches de saisie type de sorte que l’ensemble des documents suivront une nomenclature spécifique. Elle doit tenir compte par ailleurs des évolutions futures : 1) l’ensemble de la bibliothèque sera amenée à s’enrichir et donc à accueillir de nouveaux documents qu’il faudra intégrer de façon cohérente à l’existant, 2) le personnel en charge du catalogue ne sera pas toujours le même. Il est impératif que les nouveaux venus puissent poursuivre le travail effectué à partir de règles définies, claires et surtout identiques à celles utilisées avant eux.

Si en matière de catalogage, nombre de règles sont communes à toutes les bibliothèques, des choix spécifiques peuvent être pris. Citons deux exemples propres à la bibliothèque de l’UJM :
– dans notre catalogue, les titres de nos livres commencent par une majuscule, tout le reste est en minuscule sauf Allah et Mohammed, lorsque le prénom désigne le Prophète (paix et bénédiction sur lui). Cela nous permet de simplifier les règles liées aux majuscules. Nous écrivons donc « Ceci est la vérité », titre d’un ouvrage célèbre, et non « Ceci est la Vérité ».
– nous avons choisi par ailleurs de présenter le nombre de pages d’un livre comme ceci : « 78 p. ». Notre choix aurait pu porter sur « 78 pages ».

Il y a donc une part d’arbitraire et donc de choix à prendre par l’équipe, faute de quoi la confusion peut rapidement advenir et, avec, une gestion difficile de la bibliothèque.

2. Code barre

Pour une gestion efficace et performante de la bibliothèque, l’acquisition de codes-barres et d’un appareil pouvant les lire (la fameuse douchette) est nécessaire. Grâce à cela, les bibliothécaires peuvent gérer depuis leur ordinateur l’ensemble des documents présents dans la bibliothèque.

douchette code barre
Bibliothécaire avec une douchette pour code-barres ©Shutterstock

Il est possible d’imprimer les codes-barres avec sa propre imprimante, d’un logiciel et de papier autocollant. A l’UJM, nous avons préféré solliciter une société locale.

3. Formation

Une fois que ce travail préparatoire est effectué, nous avons formé nos bénévoles au catalogage. Nous avons voulu que ces formations puissent se faire en groupe afin de permettre d’avancer dans la bonne ambiance et la fraternité. Le catalogage est en effet une étape assez rébarbative.

La phase d’indexation

La phase d’indexation, qui consiste à affecter une cote à un livre, est la phase la plus critique. Nous avons opté pour notre bibliothèque pour la norme Dewey que nous avons ensuite adaptée à notre propre classement.

Classification Dewey

La classification Dewey est « un système visant à classer l’ensemble du fonds documentaire d’une bibliothèque. Les dix classes retenues par la classification de Dewey correspondent à neuf disciplines fondamentales : philosophie, religion, sciences sociales, langues, sciences pures, techniques, beaux-arts et loisirs, littératures, géographie et histoire, auxquelles s’ajoute une classe « généralités ». Dans la classification Dewey, il y a 10 classes, 100 divisions, 1000 sections. »
Wikipedia

Nos cotes de livres sont de la sorte : 297.1.1 // 297.12.

Couvrir les livres

Après avoir apposé le code-barres et la cote sur chaque livre, il faut les couvrir. Pour les livres pour enfants, il ne faut pas hésiter pas à acheter du bon matériel, car ils s’usent très vite. Là encore, nous essayons de couvrir les livres lors de séances collectives, afin de rendre plus agréable cette tâche qui peut prendre des airs de corvée.

Choisir le mobilier

Le choix du mobilier est aussi très important :
– il doit répondre tout à la fois à la spécificité du lieu : une bibliothèque accueille du public tout en s’apparentant à un lieu privé. On s’y rend pour y lire comme dans son salon, mais on doit pouvoir s’y déplacer aisément sans déranger autrui. Le mobilier doit allier confort et mobilité.
– il doit être solide et durable : comme tout lieu public, une bibliothèque reçoit du monde. Des tables ou des chaises de mauvaise qualité devront être rapidement remplacées, ce qui occasionnera plus vite que prévu des surcoûts.
– il doit pouvoir accueillir l’ensemble des utilisateurs et donc permettre une réelle accessibilité tant aux enfants (étagères, tables basses, tapis, etc.) qu’aux personnes à mobilité réduite qui doivent pouvoir circuler un tant soit peu.

Mettre en place les outils informatiques

Le catalogue de la bibliothèque peut être consulté à distance dès lors que le SIGB a été installé sur un serveur. Il est tout à fait possible de rendre le catalogue accessible depuis le site Internet de l’association ou de la mosquée. Les utilisateurs pourront depuis leur propre ordinateur, voire de leur smartphone ou de leur tablette, tant consulter le fond d’ouvrages disponibles que d’accéder à leur propre compte (et ainsi savoir par exemple à quelle date ils doivent rendre les livres empruntés), voire de réserver des documents.

Un bon SIGB offre toute une palette de possibilités. Pour en profiter au mieux, il convient de bien le configurer, mais surtout de former le personnel chargé des prêts aux adhérents.

OPAC : l’interface utilisateur

OPAC pour « Online public access catalog ». Il s’agit de la version utilisateur du catalogue de la bibliothèque. L’OPAC permet à l’utilisateur de chercher des documents dans l’ensemble du catalogue, de se connecter à son compte pour voir les livres qu’il a empruntés, etc.

Prévoir les cartes de bibliothèque

Pour pouvoir emprunter des documents, les adhérents devront s’inscrire. Les logiciels de gestion de bibliothèque prévoient cette option. Chaque carte aura son propre code-barres qui correspondra à chaque adhérent.

Le budget

La gestion de la bibliothèque nécessite de l’argent. Rien d’excessif, mais il convient d’affecter l’argent avec discernement aux différents besoins du projet. On préfèrera faire l’acquisition d’un matériel de qualité pour couvrir les livres plutôt que d’acheter de belles, mais coûteuses, cartes de bibliothèque.

Les formations internes

L’UJM met un point d’honneur à organiser autant que faire se peut des formations internes pour réunir l’équipe et favoriser les échanges.

Où en sommes nous aujourd’hui ?

Nous avons catalogué pour l’heure environ 2 000 livres. Le système de prêt et retour est mis en place. Nous avons des cartes de bibliothèques. Une partie des livres catalogués sont couverts. Nous espérons in cha’a-Llah ouvrir l’OPAC, l’interface utilisateur, en septembre prochain.

Notre bilan provisoire
La mise en place d’une bibliothèque est un processus qui prend du temps. C’est pourquoi il est capital de ne pas avoir de points bloquants (exemple : ne pas attendre que l’indexation soit achevée pour commencer à cataloguer). Il vaut mieux découper son projet en sous-processus indépendants, chacun évoluant à son rythme. Mettre en place le plus tôt possible l’ensemble du système de gestion permet de faciliter l’évolution de la bibliothèque.

Devant la richesse des livres traitant de l’islam, un travail d’homogénéisation des données s’impose. Il serait d’ailleurs intéressant de mettre en place une plateforme collaborative entre les différentes bibliothèques musulmanes afin de partager expériences, conseils et réflexion pour à terme proposer une classification de référence à l’instar de la classification Dewey.

Pour toutes questions, suggestions, volonté de mettre en place un travail collaboratif, remarques, etc., vous pouvez nous contacter à l’adresse mail suivante : ujmbibliotheque[@]gmail.com (sans les crochets []).

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5 Commentaires

  1. Salamou’aleykoum,

    BarakAllahoufik pour le partage d’expérience. Ce article est riche d’informations pour toutes les personnes et associations qui souhaitent faire la même chose.

  2. Très enrichissant jazakaAllahu kheyr
    Il devrait y en avoir dans chaque mosquée c’est primordial
    La lecture est la base de tout apprentissage

Répondre à Céline Oum Anas Annuler la réponse

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