2017 – 2020 : du candidat Macron au président radicalisé
Pressentant la défaite en 2022, le président Macron choisit de trahir le candidat Macron.
Le 1er mai 2017, six jours avant la présidentielle, le candidat Emmanuel Macron tint à se démarquer publiquement de son adversaire Marine Le Pen. Il lui fallait en outre affirmer clairement que la sinistre parenthèse Valls était révolue : les musulmans ne seraient plus la cible de l’Etat comme ils le furent sous le gouvernement de l’ancien maire d’Evry (Essonne). La répression – on se souvient des quelque 4 000 expéditions punitives non pas contre des terroristes, mais contre des musulmans parce que musulmans — allait cesser. Ainsi tweeta le candidat Macron.

Trois ans et demi plus tard, le candidat rassurant a laissé place au président impotent. Et populiste. Dépassé par l’urgence économique, l’urgence sanitaire, l’urgence sociale, l’urgence climatique, Emmanuel Macron a choisi de faire pire que Valls.
Comme l’ancien Premier ministre hier, le président de la République reprend aujourd’hui à son compte la grammaire et les lubies islamophobes d’un groupuscule extrémiste qui a noyauté d’abord le parti LREM, puis le gouvernement par le truchement de la zélée secrétaire d’Etat Marlène Schiappa : le printemps républicain.
Pour les mesures, Emmanuel Macron a prêté l’oreille à un ex-conseiller du dictateur tunisien Ben Ali, Hakim El Karoui, lequel considère, entre autres joyeusetés, que « le halal et le voile sont des marqueurs islamistes ».
Lire – « Lutter contre l’islam » : le lapsus éclairant de Hakim El Karoui, conseiller de Macron
C’est ainsi que le discours du 2 octobre aux Mureaux (Yvelines) du président de la République fut tout entier consacré non pas aux « séparatismes », mais à la criminalisation des musulmans. L’image suivante, tirée d’un montage diffusé lors de l’émission Quotidien, suffit pour s’en convaincre. Les journalistes ont donné à voir toutes les occurrences faisant une référence plus ou moins directe à l’islam.

Conscient de sa défaite annoncée, Nicolas Sarkozy s’en prit aux Rroms dans son discours de Grenoble, le 31 juillet 2010. En vain. Emmanuel Macron se sent, à raison, d’ores et déjà sur la sellette. Plutôt que de tendre l’oreille au candidat Macron, le président a choisi la voie de la radicalisation. Stratégie de loser, derechef.