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Asidcom, association de défense des consommateurs musulmans

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Abdelaziz, président d’ASIDCOM, répond aux questions d’Al-Kanz.

Al-Kanz : Pourriez-vous nous présenter en quelques mots Asidcom ?

Asidcom : Bismillah Rrahmanî Rrahîm, Sallam alikoum
ASIDCOM c’est l’association de sensibilisation, d’information et de défense de consommateurs musulmans. Elle est régie par la loi de 1901 sur les associations. Ses statuts ont été déposés le 13 mai 2006 à la préfecture des Bouches-du-Rhône. C’est sur la Canebière à Marseille au printemps 2006 qu’est née l’initiative. Aujourd’hui, nous sommes présents à travers tout le pays. Plusieurs milliers de concitoyens musulmans ont participé à la pétition pour la défense de l’abattage rituel, initiée il y a quelques mois. Plusieurs dizaines de milliers d‘internautes sont informés par la newsletter et le site Internet d’ASIDCOM.

L’activité de l’association est non lucrative. Son objectif est d’agir dans l’intérêt des consommateurs musulmans, comme son non l’indique, par des actions concrètes sur le terrain. Asidcom n’est liée à aucune instance religieuse ni à aucun gouvernement. C’est une association et elle revendique en tant que personne morale l’identité des consommateurs musulmans qu’elle défend.

Al-Kanz : On peut lire sur votre site (http://www.asidcom.org) que vous êtes très engagés dans la défense de l’abattage rituel selon le rite musulman. Qu’est-ce qui motive un tel engagement ?

ASIDCOM : Les objectifs d’ASIDCOM sont clairs et transparents (voir l’article 1 de nos statuts) : reconnaissance et respect des droits, défense des intérêts matériaux et moraux, information, formation, éducation et enfin aide morale et administrative des consommateurs musulmans. La motivation de notre engagement, c’est d’abord notre foi en Dieu et en ses prescriptions divines.

Nous avons considéré que l’abattage rituel était une priorité : c’est en effet un secteur peu transparent, où le doute sur la qualité sanitaire des produits est grand et où le halal fait l’objet d’une utilisation abusive à des fins marketing qui ne respectent pas les prescriptions religieuses.

On constate par ailleurs que l’urbanisation de nos sociétés entraîne la perte du savoir-faire et du bon sens paysan avec des atteintes inadmissibles au respect dû aux animaux. C’est l’éthique musulmane qui est en cause. Or l’islamophobie se nourrit de cette absence, de ce recul et du rôle politique que joue l’Etat sur ce dossier.

Al-Kanz : Malgré la décision réaffirmée par la ministre de l’Intérieur et des Cultes, Michèle Alliot-Marie, de ne pas supprimer la dérogation à l’étourdissement préalable lors des abattages rituels, vous continuez à être mobilisés. Pourquoi ?

ASIDCOM : Pourquoi ? Parce que Mme la ministre M. Alliot-Marie a pris partie dans le débat, qui agite les instances européennes, relatif à la révision de la directive européenne 93/119/CE (portant sur la protection des animaux lors de l’abattage) qui permet aux communautés musulmanes et juives de déroger à « l’étourdissement préalable ». Il s’agit d’une liberté fondamentale et constitutionnelle : celle du libre exercice du culte, qui est aussi reconnue par la Cour européenne de justice.

Notre mobilisation est nécessaire, car la révision est toujours en cours. La DGSANCO (direction européenne chargée de cette question) a mis en place des moyens financiers importants pour faire accepter aux musulmans les modifications nécessaires qui amèneront à l’étourdissement par l’électricité, voire le gazage des volailles.

Concernant la formation des sacrificateurs, nous tenons à dire notre accord. D’ailleurs cette proposition a fait l’objet d’un chapitre entier et complet dans le rapport que nous avons remis au ministre de l’Agriculture. A ce titre, un dispositif pédagogique sera mis en place pour former des milliers de chefs de famille à l’occasion de la prochaine fête de l’aïd al-adha dans la première semaine de décembre, in châ’a-Llâh.

Al-Kanz : Vous avez répondu à l’appel du ministre de l’Agriculture Michel Barnier à l’occasion du Grenelle de l’animal en envoyant un rapport de plusieurs pages sur l’abattage rituel qui a été publié sur le site officiel du Grenelle. Quelle leçon tirez-vous de cette participation ?

ASIDCOM : Notre contribution a été malheureusement la seule de la communauté musulmane. Nous ne faisons pas des ronds de jambe dans les ministères et le halal ne nous fait par vivre. Nous déplorons que les autorités musulmanes ne soient pas à la hauteur de la tâche et des vrais enjeux : protection animale, sanitaire, protection de l’environnement. Nous revendiquons le caractère scientifique de nos travaux qui ont demandé de la recherche, de l’analyse et des efforts de traduction puisque nos sources sont tant françaises qu’américaines, anglaises ou allemandes.

Néanmoins, on peut être satisfait de la publication de notre contribution. Elle contraint les acteurs musulmans comme le CFCM, les grandes mosquées ou l’UOIF à prendre position publiquement sur la question. Ces acteurs savent qu’ils seront comptables de leurs propos et des conséquences de ces derniers devant la communauté des musulmans, mais aussi devant Dieu.

Al-Kanz : Êtes-vous satisfait de ce Grenelle de l’animal ?

ASIDCOM : On aurait pu être satisfait et d’accord avec ces choix s’ils avaient été démocratiques et si la désignation des participants au Grenelle s’était faite avec plus de transparence et non par selon le fait du prince. Les réunions secrètes qui, évidemment, n’ont fait l’objet d’aucune communication publique, comme celle du 9 mai dédiée exclusivement à l’abattage rituel, rue de Varenne au ministère de l’Agriculture en est une belle démonstration. Le terme de Grenelle est un abus de langage.

Au cœur des rapports économiques et sociaux, l’animal est vu comme un objet de profit et de plaisir, ce que condamne l’islam. En tant que croyants, dans ce cadre-là, nous donnons la priorité à l’utilité sociale. Nous ne pouvons que nous insurger contre les souffrances infligées aux animaux. Il y a beaucoup de travail à faire, hélas l’expression parfois haineuse contre l’islam et les musulmans est une entrave véritable à la coopération et à un débat dénué de toute passion sur cette question.

Al-Kanz : Quels regards portez-vous sur le marché du halal en France ?

ASIDCOM : Tout d’abord, la terminologie pose problème. On devrait se focaliser sur les interdits et les identifier, comme la présence du sang, du porc, de l’alcool. Le halal aiguise les appétits financiers : 580 milliards de dollars US dans le monde, selon le World Halal Forum. On l’estime à 13 milliards de dollars US pour la France qui est le premier marché européen. Le halal ici connaît une progression de 15 % par an avec aujourd’hui 400 000 tonnes de viande consommée par an, ce qui représente un chiffre d’affaire de 3,5 à 5 milliards euros réalisés. Tout le monde s’en occupe sauf les consommateurs musulmans. Ils se laissent endormir par l’étiquetage et renvoie la responsabilité au vendeur. Mais le consommateur a sa propre responsabilité.

Al-Kanz : Quels sont selon vous les chantiers à entreprendre d’urgence et quels moyens faut-il pour les mener à bien ?

ASIDCOM : Que les consommateurs musulmans assument enfin leurs responsabilités. Qu’ils s’organisent en association comme ASIDCOM, car l’union fait la force. Nous pourrons alors changer ce qui ne convient pas aux attentes des consommateurs musulmans, quitte à inciter au boycott. Personne ne peut nous obliger à consommer de la viande non halal ou encore à acheter son billet pour La Mecque voyage sans contrat. Nous avons des droits, nous devons les exiger ici et maintenant. Les urgences sont bien sûr la question du marché de la viande où l’on abuse de l’allégation halal.

Prenons l’exemple de KFC. Vous vous rendez dans un restaurant de la chaîne : aucune publicité sur le halal, mais au comptoir vous avez toujours une photocopie d’un certificat dont la validité et entre 6 mois et un an pour un lot de cartons ou un poids donné. Est-ce sérieux pour la traçabilité ? Comment un industriel comme KFC peut faire certifier sa production halal par un organisme, l’AFCAI [voi l’article suivant : Alors ? KFC, halal ou non halal ?], dont la vocation première et unique est la traduction de textes arabes et l’interprétariat ? Les mosquées d’Evry, de Paris et de Lyon ne reconnaissent d’ailleurs pas la compétence de certification et de contrôle de l’organisme AFCAI ! Je voudrais que l’on m’explique comment les services de l’Etat acceptent cette situation non conforme à la loi, alors que les services de police sont mobilisés pour faire la chasse aux moutons clandestins lors de l’aïd ! On se moque de nous.

On pourrait évoquer aussi les problèmes liés aux méthodes d’abattage : il n’y a aucune différence dans la méthodologie d’abattage, assommage ou non, électronarcose avant ou post jugulation, travail mécanisé ou manuel, etc. Ou encore toutes les arnaques propre au pèlerinage à La Mecque où les escroqueries sont nombreuses (faux visas, absence de facturation, absence de contrat, mauvaise qualité de la prestation de service, etc.). Il y a bien entendu d’autres chantiers comme l’école, la prison, l’hôpital, les cimetières, les voyageurs.

Al-Kanz : Comment les lectrices et les lecteurs d’Al-Kanz peuvent-ils vous soutenir ?

ASIDCOM : Devenez acteurs en adhérant à notre association. Cela nous permettra, in châ’a-Llâh, de rejoindre le Conseil national de la consommation. Vous pouvez nous soutenir en nous adressant des dons pour poursuivre et améliorer notre travail, notre communication. Restez informés et soyez exigeants.

Saha fturkum en ce mois béni de Ramadhan 1429 de l’hégire.
Pour ASIDCOM, le président Hadj Abdelaziz

Adhérez à l’association

Pour adhérer à l’association Asdicom rendez-vous sur le site de l’association en cliquant sur le lien suivant : Asidcom, association de sensibilisation, d’information et de défense des consommateurs musulmans


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5 Commentaires

  1. as-salâmu ‘alaykum,

    J’ai essayé de contacter ASIDCOM via l’adresse mail figurant sur leur site mais je n’ai jamais reçu de réponse. Je souhaiterai collaborer avec eux. Comment faire pour les contacter s’il vous plaît?

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