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Islamic Fashion : les musulmans vont-ils encore se laisser déposséder ?

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L’économie islamique pèse lourd, très lourd. Estimée à plusieurs milliers de milliards de dollars, elle recouvre huit secteurs (voir l’encadré en fin d’article), tous en forte expansion.

Une économie dynamique ignorée en France

Ce dynamisme s’explique assez simplement : les musulmans 1) sont de plus en plus nombreux, 2) ont un pouvoir d’achat en forte augmentation. Ajoutons à cela la révolution sociologique qui traverse particulièrement les populations musulmanes des pays non musulmans et les fortes mutations socio-économiques dans les pays musulmans.

Lire – Les musulmans : quelle réalité économique ?

En France, cette réalité est peu perçue, même chez les musulmans. Nous savons tout au plus que le halal food, le marché du halal alimentaire, est important. En revanche, la mode islamique, l’islamic fashion, n’évoque pas grand-chose, malgré la profusion de boutiques de prêt-à-porter notamment féminin.

A l’étranger, a contrario, des pays comme les Emirats arabes unis, Dubaï en tête, la Malaisie, l’Indonésie ou encore la Turquie ont largement investi le business de l’islamic fashion. Des pays, mais aussi des grandes marques aussi mainstream qu’Uniqlo, H&M et plus récemment Dolce & Gabanna qui ont lancé des collections destinées spécifiquement aux femmes musulmanes.

Multinationales capitalistes contre TPE musulmanes

L’arrivée de ces multinationales révèle au grand public la vitalité de ce marché juteux. Elle doit dans le même temps être perçue comme il se doit par les musulmans eux-mêmes, afin que ne se reproduise pas ce qui caractérise aujourd’hui le marché du halal food, tenu à une très large majorité par des non-musulmans qui ne respectent en rien les principes qui régissent le halal et, partant, arnaquent les consommateurs musulmans.

Lire – Le halal profite essentiellement aux non-musulmans

Autre élément qui a son importance : aujourd’hui, l’islamic fashion est largement composé de TPE (très petites entreprises). En France, les boutiques de prêt-à-porter pour femmes sont très souvent tenues par de jeunes entrepreneures qui se sont lancées à la faveur du statut d’autoentrepreneurs et qui ne peuvent compter que sur un autofinancement. Il n’existe en effet à ce jour aucune banque qui propose des produits financiers conformes aux exigences islamiques. De fait, ce tissu entrepreneurial demeure fragile.

Se fédérer autour des valeurs islamiques

Par ailleurs, plutôt que de se fédérer autour d’initiatives comme Akhawate Business ou la Synergie des professionnels musulmans de France afin de profiter de tout ce que peuvent apporter de tels regroupements d’entrepreneurs, ces petits patrons français s’enferment dans un isolement qui in fine est préjudiciable pour leur entreprise. Or sans un sursaut rapide et effectif, nombre de ces boutiques spécialisées dans la mode islamique peineront à résister face à l’arrivée de grandes marques. Gageons qu’après Uniqlo, H&M et Dolce & Gabanna suivront les Zara, Cacharel et autres Primark.

Pour éviter une prochaine hécatombe, TPE et consommateurs doivent initier des cercles vertueux grâce auxquels les entrepreneurs sécuriseront leur business en échange d’engagements éthiques (bonnes pratiques, entrepreneuriat social, lutte contre le chômage et l’islamophobie, versement de la zakat, soutien de l’enseignement musulman). C’est du reste dans cet esprit que nous avons lancé en mars 2014 la rubrique Oummapower.

Lire – [Oummapower] Chocrawlate : de la gourmandise chocolatée et saine

Notons que ce qui vaut pour l’islamic fashion vaut pour l’ensemble des secteurs de l’économie islamique. Si l’on ne veut pas se voir déposséder par des entreprises mues par un capitalisme débridé, qui fera fi de l’éthique qui fonde l’entrepreneuriat islamique, il est urgent de repenser nos entreprises à la lumière de nos principes tout en se dégageant de ce carcan très français qui veut que l’on attende que « ça vienne » plutôt que d' »aller chercher » ce dont on a besoin.

Soyons donc plus musulmans, plus anglo-saxons et moins français dans nos approches entrepreneuriales.

Une économie, huit secteurs clé

Le marché de l’économie islamique se décline en huit secteurs dynamiques :
1- le halal alimentaire
2- la finance islamique
3- le tourisme halal
4- l’habillement
5- la cosmétique
6- la pharmaceutique
7- le ludo-éducatif/media
8- la logistique

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15 Commentaires

  1. Tout a fait d’accord!
    Si avec toutes les boutiques musulmanes, dans les grandes villes ou présentes sur la toile, on ne trouve pas son bonheur, je ne comprends pas !
    En plus dolce gabana, c’est moche et voyant….

  2. Salam alaykom,
    Pourquoi la logistique et le pharmaceutique sont également des secteurs clés pour l’économie islamique? Vous pouvez donner des exemples pour illustrer l’importance des ces 2 secteurs pour les musulmans? Baraka laho fik pour le très bon article.

  3. En 8eme position, je dirais plutôt la communication (pub, marketing, média Tv journaux etc.) car c’est un secteur essentiel pour être le relais des 7 secteurs précédents.

  4. Bon article. Il y à des possibilités dans l’auto-entreprenariat, il faut avoir de l’imagination, être curieux, s’informer des possibilités, concevoir un projet sur mesure.. et surtout le développer sans cesse, pour l’accroitre.

  5. Salam aleykum,

    Encore une analyse très pertinente d’Al Kanz sur l’évolution du business « Islamic compliant » et de l’arrivée des multinationales sans éthiques prêtent à détrousser les consommateurs musulmans pour mieux les asservir. Quand on observe les réactions de sœurs musulmanes s’émerveiller et toutes fières qu’H&M dans le bas prix ou Dolce Gabanna dans le haut de gamme publient un spot publicitaire avec une femme en hijab pour les premiers ou sortent une collection Abaya pour les seconds, je me dis qu’ils ne se rendent pas compte de l’instrumentalisation de leur foi musulmane à des fins capitalistes et de la supercherie de la démarche ayant pour unique but de prendre l’argent des musulmans. Cela sans participer à la solidarité de la oumma, ni faire de sadaqats et encore moins sortir de zakat. Ne donnons pas les munitions à ceux qui veulent nous mettre au pilori. Au passage ces firmes fabriquent en Éthiopie pour payer les employés autochtones à hauteur de 20€/mois…

  6. Asalamu Alikom, @Youssef
    Je me permet de vous répondre en ce qui concerne le secteur pharmaceutique étant dans le domaine.
    Une grande partie des médicaments contient de l’alcool, de la gélatine…
    De ce fait, il existe une réglementation « halal » notamment en Indonésie où l’on doit être conforme à l’éthique musulmane et il serait judicieux de développer ça ailleurs dans le monde…
    Il doit y avoir d’autres raisons, mais c’est celle à laquelle j’ai pensé en premier.
    Wa Allahou A3lam 🙂

  7. Peut être en lien avec de nombreux médicaments contenants de la gélatine de porc, comme en général l insuline ou les gélules aussi…

  8. Salam aleykoum,

    Je rejoins Youssef sur la question de savoir dans quelle mesure la logistique se trouve être un secteur dynamique pour l’économie islamique. Quelqu’un peut-il m’éclairer sur la question?

    Barakallah oufikoum!

  9. Salam aleikoum,

    Merci bcp pour cet article qui met en lumière un point sur lequel nous avons une réelle prise de conscience depuis quelques temps. Un collectif d’entrepreneures musulmanes planche actuellement sur le comment et le pourquoi de la consommation communautaire. Le but étant de trouver des solutions concrètes et réalisables sur plusieurs aspects de la consommation ethique. Je suis d’accords, les TPE d’aujourd’hui sont les recruteurs et les investisseurs de demain. Ce cercle vertueux est pour l’instant assez brouillon et nous allons essayer d’y remédier. Des mini initiatives sont déjà en place comme le #vendredisolidaire qui a pour principe d’offrir le temps d’une journée une plus grande visibilité aux petites entreprises et associations par le biais du partage sur les réseaux sociaux. D’autres le leviers peuvent être activés mais il faut pour cela que certaines portes s’ouvrent. Nous réfléchissons à cela. Qu’Allah nous aide dans cette démarche dont vs etes initiateur.

  10. Salam aleykoum wa rahmatullah, je vous remercie pour cet articles qui je l’espère «  éveillera » les consciences, quand allons nous réellement consommer « muslim » ? avant les grandes marques et grandes enseignes?, et si ça n’est pas muslim au moins petite boutique locale ou française pour arrêter la fast fashion , le m’as tu vus , et l’achat inutile.

    Petit Calitus

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