Islamophobie : Macron nomme Houellebecq chevalier de la légion d’honneur

La Dépêche du midi, 7 septembre 2016

Islamophobie. Le fameux « en même temps », ce relativisme macronien moqué par les uns décriés par les autres, nous offre en ce début d’année un dernier avatar particulièrement aigu.

Hier soir, lundi 31 décembre 2018l, lors de ces voeux aux Français, le président de la République Emmanuel Macron tint le propos suivant :

« Mais la dignité, mes chers compatriotes, c’est aussi le respect de chacun. Et je dois le dire, j’ai vu ces derniers temps des choses impensables et entendu l’inacceptable. Nous ne vivons libres dans notre pays que parce que des générations qui nous ont précédé, se sont battues pour ne subir ni le despotisme, ni aucune tyrannie. Et cette liberté, elle requiert un ordre républicain ; elle exige le respect de chacun et de toutes les opinions ; que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple – mais lequel, d’où ? Comment ? Et n’étant en fait que les porte-voix d’une foule haineuse, s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c’est tout simplement la négation de la France ! Le peuple est souverain. Il s’exprime lors des élections. Il y choisit des représentants qui font la loi précisément parce que nous sommes un Etat de droit. »

Source : Emmanuel Macron, Voeux aux Français 2019

Ces mots ne sont pas passés inaperçus sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Twitter où le hashtag #foulehaineuse faisait partie des tendances (sujets les plus traités) mardi matin. Mobilisés depuis le 17 novembre dernier, les Gilets jaunes étaient nombreux à y exprimer leur colère, n’appréciant guère d’être assimilés à une « foule haineuse ».

Lire – Gilets jaunes : est-ce Nicolas Macron ou Emmanuel Sarkozy ?

Aujourd’hui, au lendemain des voeux présidentiels, mardi 1er janvier 2019, on apprend qu’Emmanuel Macron fait chevalier de la légion d’honneur… Michel Houellebecq, écrivain férocement islamophobe, qui voulut « appeler à une guerre civile pour éliminer l’islam de France », comme le révélait le 7 septembre 2016 L’Obs.

Ce scoop de L’Obs, repris à l’époque par toute la presse et les médias français, répétons-le, date de septembre 2016. En outre, Michel Houellebecq n’a jamais caché son islamophobie primaire. De fait, le choix du président de la République interroge.

Il interroge d’autant plus que depuis novembre 2017, et à plusieurs reprises l’an dernier, Emmanuel Macron et ses porte-parole officiels ou non n’ont de cesse de dire aux Français que l’heure est venue « d’organiser l’islam de France ». Comment doit-on comprendre cette nomination au rang de chevalier de la légion d’honneur un islamophobe patenté ? Quel est le message que l’Etat souhaite envoyé aux musulmans de France ?

En 2018, les premières annonces sur cette organisation nous apprenaient qu’Emmanuel Macron était conseillé par Gilles Kepel, dont la conception sécuritaire et misérabiliste de l’islam et des musulmans est de notoriété publique, par le grand rabbin de France Haïm Korsia, aux dernières nouvelles aussi musulman que le pape François est bouddhiste, enfin, par l’ex-banquier apparatchik Hakim El Karoui, qui en 2011 tenta d’aider le dictateur Ben Ali – qu’il appelait tendrement « Père de la Nation » – à rester au pouvoir malgré la répression en cours et ses dizaines de morts et la volonté du peuple tunisien de voir le tyran destitué et jugé.

En 2019, Emmanuel Macron ouvre le bal de « l’islam de France » en attribuant la légion d’honneur à un islamophobe notoire qui souhaitait provoquer pogroms et épuration ethnique pour débarrasser la France des musulmans. Comme au Rwanda en 94, en somme.

En même temps.