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« Séparatisme » : une loi d’exception sur mesure contre les musulmans

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© 360b / Shutterstock.com

Une sortie récente de Gérald Darmanin aurait dû faire bondir. Elle est pourtant passée quasi inaperçu. Faire bondir l’ensemble des femmes et des hommes de ce pays attachés à la devise de la République française « Liberté, égalité, fraternité », mais faire bondir d’abord et avant tout les responsables musulmans, ceux des instances nationales comme ceux des mosquées et des associations locales, « des territoires », comme dirait un certain Jean Castex.

« Il faut faire attention à ce que d’autres religions ne soient pas les victimes des modifications souhaitées pour vous [les musulmans, ndlr] », a récemment déclaré, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, chargé des cultes, lors d’une réception à la Grande Mosquée de Paris.

Source : Libération « Séparatisme » religieux : une loi, mais pas avant fin 2021

Une loi taillée contre les musulmans

Non sans un culot monstre, un ministre de l’Intérieur ose dire sans détours devant des représentants musulmans que la loi qu’il prépare s’en prendra bien à des millions de personnes du fait de leur appartenance réelle ou supposée à une religion, en l’espèce à leurs coreligionnaires. Pas aux terroristes, tout musulmans soient-ils. Non, bien aux musulmans.

Les autres religions ne doivent pas « être victimes » de cette future loi, confesse le ministre. « Victimes » ! Le propos est choquant, scandaleux et révélateur. Il ne s’agit en rien de lutter contre le terrorisme, mais bien de criminaliser et de stigmatiser les musulmans. La situation critique de la France et les nombreux coups de boutoir de la droite, de l’extrême droite et de la gauche FN contre Emmanuel Macron ont fini de convaincre le président de la République de braconner sur les terres du Rassemblement national : quand on est incapable de s’occuper du quotidien des Français, on détourne leur attention en s’en prenant à certaines minorités.

Criminaliser une communauté, non des pratiques

Emmanuel Macron comme ses ministres Gérald Darmanin et Marlène Schiappa ne souhaitent lutter ni contre le « séparatisme » ni contre les pratiques dénoncées depuis plusieurs semaines : tous les cas d’atteinte à la laïcité (sic) et/ou de « communautarisme » évoqués dans les médias ou en conférence de presse se retrouvent dans les autres religions. Certains, réels, sont de notoriété publique. D’autres sont des épiphénomènes, comme les fameux certificats de virginité : trois en dix ans au planning familial de Seine-Saint-Denis (93), rapportait il y a peu la journaliste Sarah Benichou ; ce que confirmera quelques jours plus tard sur Twitter Mélanie Mermoz, qui y travailla de 2005 à 2014 : « pas d’expérience directe, moins de 5 histoires entendues », témoigne-t-elle.

Faudrait-il en outre citer la plaquette de l’ordre des médecins évoquant ce recours aux certificats de virginité dans une communauté religieuse autre que celles des musulmans, ce tribunal religieux qui a pignon sur rue en plein Paris ou encore la pratique du mouchoir maintes fois montrée à l’écran dans des reportages TV. Les exemples sont légion. Faut-il les multiplier ? Non.

Le « séparatisme », prétexte populiste d’un Macron impotent

D’abord parce que cela ne changerait rien au projet populiste du président. Emmanuel Macron comme ses obligés savent tout cela. Encore une fois, leur objectif n’est pas de mettre fin à des pratiques qu’ils jugent inacceptables. Ils ne souhaitent les combattre qu’à la seule condition qu’ils puissent les associer aux musulmans.

Lire – Du véritable séparatisme, celui des « élites qui ont fait sécession »

Ensuite, parce que nous voilà sur une ligne de crête. Face à ce qui s’apparente de plus en plus à une machination du pouvoir contre les musulmans, il est certes difficile de ne pas s’étonner que pour des pratiques données seuls les musulmans sont pointés du doigt. Nulle mention des cas similaires chez d’autres communautés religieuses ou non. Pour autant, le risque est grand de tomber dans une sorte de dénonciation malsaine qui obéirait à la formule suivante : A frappe B, alors B frappe C.

Avec Emmanuel Macron, le populisme franchit une limite que même Nicolas Sarkozy et ses pires ministres n’ont osé franchir, en l’occurrence glisser grossièrement de la lutte contre le terrorisme à une loi générale d’exception contre l’ensemble des musulmans, tout en recourant aux faits alternatifs, ces « alternative facts » chers à Donald Trump et autres fake news si peu démystifiées par les médias mainstream, pour masquer une incapacité à s’occuper des problèmes des Français et à remettre le pays sur pieds.

Fallait-il encore qu’il aimât suffisamment la France et les Français pour les servir.

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