Le 17 septembre dernier, le cabinet britannique Food Strategy Associates (FSA) annonçait avoir mené à bien une due diligence commerciale internationale, en d’autres termes un audit stratégique de marché, sur Isla Délice, pour le compte du fonds d’investissement A&M Capital Europe (AMCE), récemment acquéreur de la marque.
Selon le communiqué, cette mission visait à évaluer le potentiel d’expansion d’Isla Délice hors de France, en particulier sur les marchés européens.
A cet effet, FSA a analysé, indique le communiqué :
— la demande des consommateurs et des distributeurs pour les produits de la marque,
— les préférences culinaires locales,
— la stratégie d’espace en rayon des enseignes,
— ainsi que les gammes concurrentes déjà présentes.
Déjà implantée en France, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Allemagne, Isla Délice chercherait à la fois à consolider ses positions sur ces marchés et à explorer de nouveaux territoires parmi les vingt autres pays de l’Union européenne.
Le focus sur les préférences culinaires locales annonce-t-il des recettes inspirées des traditions nationales dans les gammes d’Isla Délice ?
Vers une financiarisation du halal
Longtemps, le marché de la viande halal s’est structuré peu ou prou selon l’équation suivante : 20 % pour la grande distribution, 80 % pour les boucheries traditionnelles. Aussi simpliste soit-elle, cette lecture traduisait une réalité bien ancrée, celle d’un tissu d’entrepreneurs à la tête d’un petit commerce, porté par la confiance de leurs clients.
Puis sont apparus les restaurants halal et les cash & carry, ces centaines de grossistes qui, au fil du temps, ont grignoté des parts de marché à un géant comme METRO et façonné un écosystème à part entière.
Hier résilient, frugal et financièrement agile — l’accès au crédit bancaire traditionnel demeurant un obstacle majeur —, l’entrepreneur du halal a peu à peu cédé la place au PDG qui raisonne en millions, voire en centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, et se mesure sans complexe aux géants du secteur.
Cette réalité n’a pas échappé aux fonds d’investissement. Le rachat d’Isla Délice en 2018 par Perwyn, revendue en 2025 à A&M, est la traduction d’un mouvement appelé à se généraliser.
Impensable il y a quelques années, cette mutation, qui ne manquera pas de bouleverser un marché que d’aucuns qualifient de « destructuré », ne se fera pas sans poser des questions cruciales en termes d’éthique, tant financière et entrepreneuriale que religieuse.
Dans les supermarchés européens, les consommateurs musulmans verront-ils bientôt de la carbonade flamande halal en Belgique, des albóndigas halal en Espagne, une bratwurst halal en Allemagne, un osso buco halal à l’italienne, ou encore un shepherd’s pie halal au Royaume-Uni, tout cela sous la marque Isla Délice ?
Contacté par Al-Kanz, Eric Fauchon, son PDG, n’a pour l’heure pas donné suite à nos questions sur les ambitions européennes du groupe et sur les conclusions de la due diligence menée par Food Strategy Associates.



 
                                    

