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Témoignage d’entrepreneur : Mohamed Adda du studio graphique Creaam

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Creaam, studio graphique

Entreprendre. Mohamed Adda vit et travaille à Toulouse. En 2006, il crée son entreprise, le studio graphique Creaam. Interview.

Al-Kanz : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
Mohamed Adda :
Je suis webdesigner-graphiste depuis 2005. En 2002 j’ai profité des formations CIF (congé individuelle de formation) pour passer une formation webmaster d’un durée de quatre mois, dans le but d’acquérir des nouvelles connaissances et surtout de sortir du monde industriel et du travail à la chaîne dans lequel j’étais. Passionné depuis tout petit par le dessin, j’ai retrouvé dans la formation des outils graphiques, le goût pour la création que j’avais perdu. Après cette formation, j’ai continué à m’autoformer en réalisant des petits projets pour des associations ou des petites entreprises. En 2005, j’ai passé une nouvelle formation, toujours en CIF, pour compléter mes compétences et la même année je me suis lancé en tant qu’indépendant sous forme d’association pour ne pas trop prendre de risque. Ce qui m’a permis de tâter le terrain, voir si c’était un métier porteur et me faire connaitre. En 2006, j’ai créé mon entreprise.

Al-Kanz : En quoi consiste l’activité de votre entreprise ?
Mohamed Adda :
Créaam (et non cream en anglais) est un studio multimédia. Plus de 80 % de mon activité est axée sur la conception web, site Internet (site vitrine, site 100 % flash, e-commerce…), animations flash, motion design (animation vidéo), création graphique (interface web, identité visuelle, logotype…) ; 15 % pour l’impression (carte de visite, plaquettes, flyers, affiche, emballage produits…) et les 5% qui restent, c’est de la création de CD-ROM contenant des application flash, et parfois même de la création de DVD.

Al-Kanz : Votre agence s’adresse-t-elle à tout type de clientèle, de la TPE au grand compte, ou vous-êtes concentré sur une cible précise ?
Mohamed Adda :
Elle s’adresse à tout type de clients. Je n’ai pas de cible particulière, ce qui est très enrichissant je trouve, car cela me permets de rencontrer du monde et d’apprendre des choses sur différentes activités. Mais il m’arrive de refuser certains projets sur lesquels je ne me sens pas à l’aise parce qu’ils vont à l’encontre de mes convictions. Je l’explique alors aux clients très simplement et naturellement. Généralement, ça se passe très bien.

Al-Kanz : Vous êtes à Toulouse en province, loin de l’effervescence parisienne. Est-ce aisé de trouver des clients ?
Mohamed Adda :
Vous savez, Toulouse est aussi une grande ville, la quatrième ville de France, le berceau de l’industrie aéronautique, ce n’est pas rien. Donc ce n’est pas les clients ou les projets qui manquent. En ce qui me concerne, et c’est une chose que je répète souvent, pour me passer un peu de pommade (rire), plus de 90 % de mes clients sont arrivés grâce à Dieu soit par le bouche-à-oreilles soit ils sont tombés sur mon site Internet. Or sur Internet, il n’y a pas de frontières. J’ai quelques clients dans toute la France (Paris, Bordeaux, Orléans, Lyon…), des clients que je n’ai jamais vus. J’échange avec eux uniquement par mail ou par téléphone. Je suis aussi souvent sollicité par des agences Web pour de la sous-traitance, ce qui m’a permis d’intervenir sur des projets d’envergure.

Al-Kanz : Depuis quelques mois, on assiste à une montée en puissance de l’entrepreneuriat musulman. Est-ce une cible que vous visez ?
Mohamed Adda :
Il est vrai, et je le ressens aussi, que je suis de plus en plus sollicité par des entrepreneurs musulmans, et là pour le coup, mon prénom me sert bien pour trouver du travail (rire), si vous voyez ce que je veux dire. Je suis ravi quand je vois des frères ou des sœurs qui se lancent et qu’ils me sollicitent pour que je travaille sur leur communication. Comme je l’ai dis plus haut, je ne cible pas forcément la communauté. Il faut rappeler qu’en France on est un peu en retard en terme de communication par rapport aux autres grandes nations. C’est encore plus vrai dans notre communauté. Si je devais cibler la communauté musulmane, ça serait plus dans ce sens, lui dire que la communication est très importante et qu’il ne faut pas négliger cette étape quand on est un professionnel. Comme dit souvent un frère, plus c’est vu plus c’est vendu. Je ne sais pas si c’est de lui, mais c’est une vérité. Même si – il est vrai – ça peut représenter un coût non négligeable, il faut prévoir un budget communication. C’est important pour la réussite d’une entreprise.

Al-Kanz : Qu’en est-il d’ailleurs de l’entrepreneuriat musulman à Toulouse et alentours ?
Mohamed Adda :
Je pense qu’à Toulouse, comme sans doute un peu partout ailleurs, entrepreneuriat musulman est en évolution. Comme je l’ai déjà dit, je suis de plus en plus sollicité par des entrepreneurs musulmans, et ce qui est intéressant, ce n’est pas forcément que des jeunes qui se lancent. Ici aussi, on sent vraiment cette montée, pas seulement dans l’alimentation ou la restauration. On n’a des agences de voyage, des agences de communication, des entreprises très spécialisées dans le secteur du BTP, de la décoration d’intérieur, etc.

Al-Kanz : Si vous deviez encourager celles et ceux parmi les Al-Kanznautes qui n’osent pas encore franchir le pas de la création d’entreprise, que leur diriez-vous ?
Mohamed Adda :
Je dirai qu’il faut croire en ses capacités à entreprendre les choses. Bien souvent, on est freiné par des questions qu’on se pose en ne voyant que le coté négatif (où je vais trouver l’argent ? comment je vais régler tel ou tel problème ? Et si ça ne marche pas, comment ferai-je ? Et les papiers, et les charges, et ceci, et cela…). Quand on a pris la décision de se lancer c’est, pour moi, 50 % du travail qui est déjà fait. Les réponses et surtout les solutions aux différentes difficultés viennent naturellement. Vous savez, je connais quelqu’un qui ne sait ni lire ni écrire et pourtant il a lancé plusieurs commerces, ici, en France. Bien entendu, je ne suis pas en train de dire que c’est simple, mais je pense que, quand on a une idée, cela vaut vraiment le coup de prendre le temps de la développer, rencontrer des professionnels qui sont déjà dans le même domaine pour profiter de leur expérience. Il y a vraiment de la place pour tout le monde, il y a de la place pour celui qui maîtrise ce qu’il fait, qui est sincère avec lui-même et surtout avec ses clients. Et avant tout, faire confiance en notre Seigneur. Même si ça ne marche pas, on n’est pas perdant, bien au contraire on gagne beaucoup.

Pour finir, permettez-moi de vous raconter une petite anecdote. Voici une des raisons qui m’a poussé à me lancer à mon compte, elle me semble importante. Quand j’étais salarié, j’étais responsable d’équipe et je devais arriver plus tôt pour lancer les machines. Un jour je suis allé au lit vers 22 h, et ma fille, qui avait trois ou quatre ans à l’époque est venue dans le lit pour jouer avec moi. Je lui ai alors demandé d’arrêter, car j’étais fatigué et qu’il fallait que je me lève tôt. Elle me dit : « Mais, pourquoi tu pars plus tôt demain papa.  » Je lui réponds que je devais ouvrir l’entrepôt, elle me dit : « Ce n’est pas toi qui ouvres, c’est le patron. » En rigolant je lui ai répondu : « Demain, c’est moi le patron. » Elle me répondit : « Ah non papa, les patrons, ils n’ont pas les cheveux frisés. » Je l’ai regardée et je me suis dit que c’est impossible que ma fille grandisse avec cette idée dans la tête. Aujourd’hui elle à bientôt treize ans, et j’espère que cette idée est définitivement sortie de sa tête. Je n’ai jamais su comment elle a pu en venir à dire une telle chose. Je ne sais pas si c’est la télé, l’école, la famille ou autres.

Visitez le site de Mohamed Adda, Creaam

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3 Commentaires

  1. Assalâmou alaykoum wa rahmatoullâhi ta’alâ wa barakâtouhou,

    Très professionnel, dynamique et frais !
    J’ai particulièrement aimé le jeu de l’oie… dommage que je n’ai plus 15 ans pour participer au concours ! 🙁
    Et le Best of halal : beaucoup d’humour. Alléchante la vitrine, ça m’a donné envie de concocter des hamburger pour ce soir, in châ Allâh !
    Les animations sont très réussies, mâ châ Allâh !

    Bonne continuation à Creaam avec beaucoup de succès, bi’idhnil-Lâh.

    Wa salâm

  2. SAlam alaykoum ! mash’Allah quel beau projet !

    Je suis actuellement étudiante en graphisme et conception web, en midi-pyrénées, inch’Allah si j’ai l’occasion de vous rencontrer j’en serais ravie !

    qu’Allah vous facilite

  3. Assalamu alaikum wa rahmatullahi wa barakatuh.

    Barakallahu fikum pour vos compliments et encouragements, ça fait vraiment plaisir. J’ai reçu pas mal de mails allant aussi dans ce sens. Des frères et sœurs qui souhaitaient avoir des renseignements ou des devis.

    Souades, vous êtes la bienvenue.

    Wassalamu alaikum.

  4. Salam Alaykoum ,

    Les sites sont vraiment attractifs! Mais j’ai été deçu de voir que le frère a accepté de travailler pour des sites de musique ou bien de negafa (qui expose des filles maquillés sans hijab etc…)

    Pourtant il dit « Mais il m’arrive de refuser certains projets sur lesquels je ne me sens pas à l’aise parce qu’ils vont à l’encontre de mes convictions.  »

    C’est dommage…

    Salam Alaykoum

  5. Assalamu alaikum.

    Asicilia, tu m’as l’aire bien sûr de toi, je ne savais pas que c’était si évident pour les sites en flash. D’où tu sors cette idée et qu’est-ce il te fait dire cela ? En faite le seul problème des sites en flash c’est le référencement et l’accessibilité, et encore, ça dépend comment cela est fait. Tout dépend du public visé, de l’activité et de la concurrence pour le référencement, pour le site de la mosquée de Toulouse, la concurrence est pratiquement à zéro, si tu recherche mosquée Toulouse, ce site sort en 1er. Le problème majeur dans ce cas c’est l’accessibilité, c’est pour cela qu’il va y avoir une version HTML.

    Mohamed, on se connais ?

    Barakallahu fikum pour vos commentaires.

  6. oui Mohamed Adda, je vous avais contacté en 2009 car j’avais trouvé joli le site de la mosquée de Toulouse en cherchant sur le net, dans le cadre d’un travail de webdesign pour la mosquée de Vigneux Sur Seine.

  7. Salam aleykoum,
    un joli temoignage plein d’espoir pour la communauté et tres encourageant pour les jeunes (et moins jeunes^^) Toulousain(e)s qui souhaitent (ou hesitent encore) å se lancer dans l’entreupenariat.

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