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Hijab de sport : Decathlon y renonce… pour commercialiser son « couvre-tête » hijab Kalenji

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Mise à jour – 11 mars 2019. Très vite après la publication de l’article ci-dessous (entre une et deux heures après), Decathlon procédait à plusieurs modifications.

1- Après avoir renommé son hijab « couvre-tête », comme nous vous l’annoncions en exclusivité le 21 février dernier, l’enseigne choisit de revenir à « hijab », mais seulement pour son site Web marocain.

2- Suite à notre article, la page du « couvre-tête » du site français fut redirigée vers la page d’accueil et fut dès lors inaccessible. Il ne s’agissait pas de suppression, mais d’une astuce technique pour éviter que les internautes n’y accèdent avant le lancement officiel.

3- Ce lundi matin, la page française est de nouveau accessible. Mieux, Decathlon a ajouté plusieurs photos, ainsi que des informations techniques en bas de page, lesquelles n’y figuraient pas précédemment.

4- Contrairement à ce que l’on a pu lire et entendre dans des dizaines de médias en France et à l’étranger et conformément à ce que vous avez pu lire sur Al-Kanz, Decathlon commercialisera bien son hijab de sport de marque Kalenji, qui coûtera bien 8 euros. Cette semaine ?

5- L’enseigne a prévu une toute petite quantité dans un premier temps, puisque seules 600 unités seront commercialisées en France. Enfin, pour l’heure, les ventes se feront exclusivement sur Internet.


Rappel des faits. Mercredi 21 février, nous révélons en exclusivité que l’enseigne du groupe Auchan, Decathlon, décide à son tour d’investir le marché florissant des consommateurs musulmans en répondant à un besoin spécifique, celui des femmes musulmanes qui souhaitent faire du sport tout en portant un hijab adapté.

Une indignation bien sélective

Les hijabs de sport ne sont pas une nouveauté. La marque néerlandaise Caspters en commercialise depuis 2008 – le premier modèle date de 1999 –, et, en France, nous avons la marque orléanaise Israa Sport.

Lire – Hijab de sport : Decathlon s’adresse aux femmes musulmanes

En décembre 2017, nous annoncions la commercialisation du hijab de Nike.

Lire – Nike commercialise son hijab pro trois mois avant la date annoncée

Deux mois plus tôt, un article revenait sur la commercialisation de la poupée en hijab à l’effigie de la médaillée olympique en escrime Ibtihaj Muhammad.

Lire – Hijab : la Barbie escrimeuse est en vente (les Salam Sisters aussi)

barbie shero hijab

Ces articles, et d’autres traitant aussi d’économie islamique, ne suscitèrent aucune controverse. A contrario, après la récupération de la droite et de l’extrême droite islamophobes et de la nébuleuse extrémiste dite « Printemps républicain », les médias ont choisi de faire boire aux musulmans en particulier le calice jusqu’à la lie… en commençant par la lie.

Cette polémique toute aussi facile que misérable était cousue de fil blanc. Chacun se souvient de la récupération démagogique et du tollé autour de la conversion au halal de plusieurs restaurants du groupe Quick, que nous avions du reste évoquée dans notre premier article. Et pour cause. Les islamophobes sont si prévisibles que la probabilité qu’ils tombent dans la caricature d’eux-mêmes était grande. Ils auraient pu ne pas réagir comme dans les cas cités plus haut. Ils ont choisi de vociférer.

Voilà pourquoi nous terminions notre article en ces termes.

« De deux choses l’une : soit Decathlon se lance – avec une offre particulièrement agressive puisque nous sommes en mesure de vous indiquer que le hijab running Kalenji coûtera huit euros contre trente euros pour le Nike Hijab pro – et coupe l’herbe sous le pied de la concurrence, soit l’enseigne se laisse intimider par l’islamophobie ambiante et renonce à une clientèle particulièrement fidèle et bankable. Decathlon passera-t-il outre les menaces islamophobes pour remporter le jackpot ?« 

Decathlon, à l’épreuve des réseaux sociaux

Tout aurait pu se passer à l’instar de Quick qui n’offrit aucune prise à la polémique et laissa la foule islamophobe porter son marque jusqu’à l’international. C’était sans compter le lien qu’entretient Decathlon avec les internautes à travers les réseaux sociaux, qui ont particulièrement mis à l’épreuve le département communication, avec sur le front les trois community managers de l’enseigne. Fallait-il faire une pause le temps que le soufflet tombe ou répondre et remettre une pièce dans la machine ?

En outre, des employés furent menacés physiquement jusque dans les magasins ; ce qui bien qu’intolérable n’a guère ému ces mêmes politiques trop occupés à s’en prendre à des femmes qui osent vouloir se vêtir comme elles l’entendent. Un journaliste du Figaro, en l’occurrence Alexandre Devecchio, réputé pour sa détestation des musulmans, au micro du journaliste Jean-Jacques Bourdin sur RMC osa même justifier ces agressions qui s’expliquent selon lui par un rejet et une colère légitimes d’une certaine « partie de la population ».

Lire – Menaces et injures : Decathlon suspend provisoirement la vente de son hijab de sport

Decathlon siffla donc la fin de la récréation le 26 février dernier en publiant un communiqué où l’enseigne indiqua « suspendre son projet de commercialisation en France ». Il fallait éteindre l’incendie islamophobe.

Suspendre n’est pas abandonner

Partie d’Al-Kanz, l’information a parcouru le monde entier. Le prestigieux New York Times y consacra carrément sa une. On pouvait lire dans des médias français et étranger que c’en était fini du hijab de sport en France : « Decathlon abandonne la commercialisation du hijab de running à la suite de la polémique », titra par exemple Ouest-France. « Decathlon renonce à commercialiser les «hijabs de running» », renchérit Le Parisien. « Retailer Decathlon abandons sports hijab launch in France following backlash », indiqua la chaîne américaine CNN.

Quelque peu au fait des velléités de Decathlon de devenir à son tour un acteur de l’économie islamique — dont le secteur de l’habillement représente au niveau mondial quelque 240 milliard d’euros, avec une prévision pour 2023 d’environ 320 milliards d’euros, selon les derniers chiffres du rapport 2018-2019 de Dinar Standard – Thomson Reuters –, nous avons choisi la prudence : « Choisiront-ils de capituler face à des hordes de racistes ou adopteront-ils une stratégie qui réussira tant à leur projet de commercialisation qu’à la sécurité de leurs collaborateurs ? Wait and see, l’avenir nous le dira », écrivions-nous alors.

Decathlon, à l’écoute de tous, ne commercialise plus de hijab. Ça y est, y en a plus !

Y a plus de hijab, voici le couvre-tête Kalenji

Deux semaines après notre premier article, nous sommes en mesure de vous révéler que Decathlon a choisi de ne pas céder aux pressions islamophobes et encore moins de laisser une foule haine décider des choix stratégiques de l’entreprise. Malgré tout, l’enseigne a entendu les remontrances et autres récriminations. Decathlon a écouté, Decathlon a entendu.

Au Maroc, la filiale du groupe Auchan ne commercialise plus de hijab running Kalenji, mais un couvre-tête de running blanc ou noir, au choix. En France, il faudra attendre quelques jours le temps que ce produit soit disponible sur le site Web de l’enseigne.

decathlon hijab couvre tete

En France, il faudra attendre quelques jours le temps que ce produit soit disponible sur le site Web de l’enseigne.

decathlon hijab couvre tete
Capture du site Decathlon France

Ainsi, après avoir sagement mis un terme à la polémique, Decathlon revient à ce que l’enseigne sait faire : vendre du tissu manufacturé, après ajout d’une étiquette et d’une broderie « Kalenji ». Les templiers peuvent donc ranger leur dague et autre épée damascène, ramener Rossinante à l’étable et reprendre leurs publications frénétiques depuis leurs comptes anonymes sur les réseaux sociaux. Quant aux parlementaires et autres médiocres ministres, laissons-les enrichir leur e-reputation de déclarations, indélébiles, qui feront rougir de honte leurs enfants et petits-enfants et arrière-petits-enfants.

Terminons avec cette information, qui a dû conforter Decathlon dans son choix : agacée par cette polémique, plus particulièrement par ceux qui « essaient toujours de dire aux femmes ce qu’elles ne peuvent pas porter », l’escrimeuse américaine Ibtihaj Muhammad, égérie de Nike, a indiqué sur Twitter qu’elle sera le week-end prochain à Paris avec son Nike hijab Pro « chaque fichu jour ». Et de préciser que « le sectarisme et l’islamophobie dans ce monde ne brisera jamais [les femmes portant le hijab].

Autant dire que si le séjour d’Ibtihaj Muhammad à Paris a bien lieu, Nike va s’offrir une pub internationale à très peu de frais puisque vraisemblablement les medias du monde entier pourraient couvrir la venue d’Ibtihaj Muhammad. En mettant en ligne ces nouveaux produits, Decathlon s’invite dans le plan média de son concurrent américain. Pour pas un sou et avec un accessoire de sport plus de trois fois moins cher (8 euros pour Decathlon contre 30 pour Nike).


Edit Mardi 5 mars, 23h15.

Mercredi 21 février, dans le premier article consacré au hijab de Decathlon, nous vous indiquions en exclusivité son prix de commercialisation en France, soit 8 euros.

Ce soir, nous sommes en mesure de vous permettre de constater par vous-mêmes que cette information est exacte. L’image ci-dessous est une capture d’écran d’une partie du code source de la page produit du site français… avant que Decathlon ne la rende indisponible au moyen d’une redirection vers la page d’accueil.

decathlon hijab couvre tete
Capture du site Decathlon Maroc

Ce n’est pas le seul moyen de constater par soi-même le prix. Voyez en outre l’aperçu de la page Web du couvre-tête offert par un outil de Twitter.

decathlon hijab couvre tete

Notons le rétropédalage de Decathlon peu après la publication de l’article ci-dessus. Les atermoiements des cadres en charge de ce projet frôlent l’amateurisme. Les deux images ci-dessous sont des captures d’écran de la page produit du site marocain : à gauche, avant la publication de notre article. A droite, après.

decathlon hijab couvre tete

Chat échaudé craint assurément l’eau. Les hurleurs islamophobes ont très certainement perturbé les porteurs de ce projet. Malgré tout, d’un point de vue économique, la donne est très simple : soit Decathlon s’ouvre à ces nouveaux relais de croissance, soit l’enseigne laisse cela à la concurrence qui se fera un plaisir de se servir tôt ou tard.

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4 Commentaires

  1. Assalamu alaykum wa rahmatullah wa barakatuh, c’est assez marrant comment la donne change quand le mot hijab et remplacé par cagoule alors qu’on vend exactement le même produit , le problème en France c’est cette hypocrisie face aux musulmans de France et nos frères les Saoudiens, on voit que la aussi la seule chose qui change c’est la grandeur du porte monnaie !!!

  2. Ce sont des publications de ce genre qui rendent les gens islamophobes ou pour être plus précis qui transforment des inquiétudes en peurs voire en phobies puis en rejets.
    Quand on veut apprendre à nager à quelqu’un on ne le pousse pas dans la piscine ! Et si après avoir usé de pédagogie la natation n’est vraiment pas son truc et bien il faut en tenir compte et ne pas lui en tenir rigueur même si c’est mieux de savoir nager.
    Ah au fait Rossinante c’est Don Quichotte. Ça n’a donc rien à voir avec les Templiers.
    Vu que vous manquez de référence littéraire je ne saurais trop vous conseiller la lecture de la fable d’Esope sur le soleil et le vent.

  3. Ce sont vos references littéraires, pas forcement celle de tout le monde. Ensuite le rédacteur de cet excellente page d’info n’a jamais affirmé que Rossinante avait un rapport avec Don quichotte (pour votre info (El ingenioso hidalgo don Quixote de la Mancha,ca fait mieux pompé sur Wiki)

  4. Bonjour Frédéric,
    « Ce sont des publications de ce genre qui rendent les gens islamophobes », qu’entendez vous par la ?
    c’est assez flou comme argument, pourriez vous étayer ? merci.
    David.

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