Economie islamique. Le rapport 2019-2020 sur l’état de l’économie islamique dans le monde, le désormais incontournable State of the Global Islamic Economy (SGIE) a été rendu publique lundi 11 novembre, avec en prime pour les francophones une synthèse intégralement en français.
Lire – Economie islamique : téléchargez le rapport 2019-2020 du cabinet Dinar Standard
Particulièrement riche et grisant pour qui s’intéresse au sujet et/ou souhaite investir le marché des consommateurs musulmans, le SGIE contient nombre d’informations et de chiffres, dont certains feront prochainement l’objet d’articles sur Al-Kanz, in sha’a-Llah.
Arrêtons-nous aujourd’hui sur le tableau suivant, qui permet de voir quels sont les pays dans le monde qui tirent leur épingle du jeu et réussissent à mettre en place des « écosystèmes robustes », qui profitent à leur économie nationale.
Les consommateurs musulmans, boosters de croissance
Il convient de préciser que chaque pays déploie ses propres stratégies. Si du reste le rapport SGIE s’intéresse aux pays musulmans, il ne manque pas de relever les initiatives de pays non musulmans, comme les Philippines ou de la Corée du Sud.
Sans entrer dans les détails (pour cela, nous vous invitons à télécharger le rapport), relevons le top 5 des pays les plus dynamiques en matière d’économie islamique :
– la Malaisie,
– les Emirats arabes unis,
– Bahreïn,
– l’Arabie saoudite
– l’Indonésie

Cliquez sur l’image pour l’agrandir
Si selon le Global Islamic Economy Indicator (indice global d’économie islamique), la Malaisie conserve le leadership grâce à son avance dans les secteurs relatifs à la finance islamique, les Emirats arabes unis continuent à progresser vigoureusement grâce à une stratégie et une détermination qui ne se démentent pas.
Nous avions pu le constater en 2014 à Dubaï à l’occasion du World Islamic Economic Forum, en nous entretenant notamment avec Abdullah M. Al-Awar, directeur général du Centre de développement de l’économie islamique de Dubaï (Dubai Islamic Economy Development Centre – DIEDC). Cinq ans plus tard, ce qu’il put nous présenter et nous détailler s’est vérifié au fin du temps.
The Seven Strategic Pillars of Islamic Economy #Wief #dubai pic.twitter.com/HXPUQiY6Ei
— Al Kanz (@Alkanz) October 29, 2014
Les Emirats arabes unis se donnent très nettement les moyens de prendre le leadership. L’Indonésie quant à elle a très nettement progressé dans ce classement, passant de la dixième place en 2018 à la cinquième en 2019.
Et la France dans tout cela ? Eh bien la France n’est pas là, ou tout juste à la marge puisque l’on compte, dans l’économie islamique, bien évidemment des entreprises françaises.
La France se prive de milliards d’euros chaque année
Nous le répétons depuis près de quinze ans : la France a des atouts formidables pour concurrencer très sérieusement l’ensemble des pays qui investissent l’économie islamique.
Riche de sa population musulmane et malgré une économie en berne, elle demeure crispée dans une vision de l’islam et des musulmans qui l’aveuglent et l’empêchent de devenir l’acteur incontournable qu’elle pourrait aisément être.
Pendant ce temps, nombre de pays non musulmans misent sur l’économie islamique. Voilà quinze jours se tenait, par exemple, en Italie la quatrième édition du Turin Islamic Economic Forum. Londres a de longue date distancé Paris pour devenir la place européenne de la finance islamique.
En Belgique, l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers accompagne financièrement les entreprises qui s’intéressent à ce marché. Cocasse : l’Allemagne s’intéresse au marché du halal alimentaire… français.
La Thaïlande, le Japon ou la Corée du Sud misent grandement sur l’économie islamique pour booster leur propre économie. Plus généralement, on ne compte plus les salons consacrés à la finance islamique ou encore au halal alimentaire, de la Russie au Maroc en passant par la Bosnie ou encore la Turquie ; Turquie qui est aujourd’hui l’une des destinations les plus prisées par les touristes musulmans.
Bref, la France pourrait capter des milliards d’euros chaque année simplement en considérant l’islam et les musulmans autrement que comme un problème. Mais pour cela, il faudrait que s’opère une profonde révolution copernicienne dans les mentalités, particulièrement au plus sommet de l’Etat et chez les décideurs.
Notre pays gagnera alors quelques points de PIB (produit intérieur brut) supplémentaires, la pauvreté reculera, les crises sociales s’estomperont un tant soit peu. Et ensemble, nous avancerons.