Promise à la disparition après son rachat en 2015 par le Groupe Bertrand et la conversion de ses restaurants en Burger King, l’enseigne Quick accélère son déploiement en France. Le passage au tout halal, au coeur de la stratégie de son propriétaire HGI Capital, ne semble pas étranger à ce retour gagnant.
Renaissance
Septembre 2015. Quick s’apprête à changer de mains : Qualium Investissement cède l’enseigne au Groupe Bertrand, déjà actionnaire majoritaire de Burger King France. À l’époque, le réseau compte environ 400 restaurants (405 précisément, selon l’Autorité de la concurrence). La lettre d’offre du repreneur précise alors clairement son intention de « convertir progressivement les restaurants Quick en restaurants Burger King sur le territoire français ».
Deux mois plus tard, plusieurs médias, reprenant une information du Parisien, rapportent que 10 % du réseau, soit une quarantaine de restaurants, resteraient sous pavillon Quick et proposeraient une offre 100 % halal.
Réaction immédiate de l’enseigne sur sa page Facebook : « Quick n’est pas et ne deviendra pas une chaîne de fast-food 100 % halal. »

Notons que ce démenti a été publié le 17 décembre 2015, soit le jour même du rachat officiel par le Groupe Bertrand. Simple coïncidence, ou bien crainte de voir ressurgir une polémique de plusieurs mois comparable à celle de 2010, laquelle avait paradoxalement offert à Quick une couverture médiatique favorable en France comme à l’international ?
Le temps a pourtant donné raison au Parisien. En 2018, par exemple, on dénombrait déjà 66 restaurants halal sur 178.
Dix ans plus tard, après son rachat en 2021 par le fonds américain HGI Capital, Quick compte 174 restaurants en France.
En 2028, 300 restaurants Quick… tous halal ?
Mercredi 24 septembre, Quick annonçait avoir ouvert 20 nouveaux restaurants en 2025. Le lendemain, la chaîne de fast-food faisait officiellement son retour à Mougins, sept ans après la conversion en Burger King de son unique établissement, et quelques mois après l’ouverture de deux restaurants à une vingtaine de kilomètres de là, à Nice, en avril puis en juillet.

Depuis le début de l’année, les inaugurations se succèdent : Brest et Avignon en février, Saint-Quentin en mars, Thionville, Bollène et Pontarlier en avril, puis en mai un second restaurant à Caen et un autre aux Clayes-sous-Bois. En juin, c’est Saint-Martin-d’Hères qui a accueilli l’enseigne.
Dans les prochaines semaines, près d’un an après celles de Lille et Saint-Pol-sur-Mer, une nouvelle adresse est prévue à Calais. De nouvelles implantations sont également prévues à Botans, Blois, Evreux ou encore Lanester.
Quick, qui a faim, assume son appétit vorace : en mars, l’enseigne annonçait vouloir renouveler la performance de 2024 en ouvrant 30 établissements supplémentaires en 2025. Le pari devrait être tenu.
« Le retour de Quick en France est une véritable success story », se félicite Frédéric Levacher, son président. Il faut dire qu’il y a quelques années l’entreprise semblait vouée à disparaître au profit de Burger King.
Or, détail qui n’en est pas un, tous les établissements proposent exclusivement de la viande halal. Sur le site officiel, les 174 restaurants arborent la mention « certification halal » et cette précision : « Dans ce restaurant, les viandes proposées sont contrôlées et certifiées HALAL par l’Association Rituelle de la Grande Mosquée de Lyon (ARGML). »

De là à dire que Quick doit son retour fulgurant au halal et aux consommateurs musulmans, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésiteront pas à franchir. Quinze ans après l’audace de Jacques-Edouard Charret, alors PDG de France Quick, ce qui devait advenir advient.
En 2010, nous écrivions : « La seule question qui se pose aujourd’hui n’est donc pas “est-ce que Quick va continuer sur le marché du halal ?”, mais “combien de restaurants Quick passeront au halal dans les prochaines semaines ?” ». Quelques-uns à cette époque, une dizaine. Ils pourraient être 300 d’ici 2028, selon l’objectif affiché par Frédéric Levacher.
Contactée par Al-Kanz, l’enseigne a refusé de nous répondre, prétextant ne « pouvoir donner positivement suite », « aucun porte-parole n’étant disponible ».
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