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Contre le CFCM, « Mosquées et musulmans solidaires »

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« L’islam de France est au bord de l’implosion », titre ce soir Le Figaro. Et pour cause, la déconfiture du CFCM, qui n’a jamais réellement fonctionné, est de plus en plus visible.

Sur papier, le CFCM devait représenter les musulmans de France. Dans la réalité, il est tout à la fois l’incarnation de l’islam des consulats et l’instrument que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, a créé pour assurer une gestion sécuritaire des musulmans.

Islam des consulats

La doxa officielle, celle des autorités françaises, complaisamment relayée par les médias, notamment ceux qui ne brillent pas par leur islamophilie, a voulu convaincre les Français qu’il existait un islam de France, un islam modéré, costard cravate et imberbe, en opposition à un islam extrémiste, barbu et en qamis, qu’il fallait absolument contenir et éradiquer, un islam souvent incarné par des jeunes musulmans nés en France, élevés au biberon de l’école républicaine et sociologiquement français ; contrairement à ces « représentants » placés au CFCM, anciens étudiants venus étudier en France qui ne sont jamais rentrés au pays.

Dans les faits, l’islam de France est en effet incarné par des « représentants » qui ont un double rôle : d’une part consolider l’influence de pays étrangers, auxquels ils sont liés, en l’occurrence l’Algérie et le Maroc, d’autre part servir de faire-valoir et de caution à la gestion sécuritaire de l’islam en France. Les sorties médiatiques d’un Dalil Boubakeur, fait parangon républicain de l’islam modéré, n’ont jamais été un hasard. Surtout quand il s’agissait d’agiter le chiffon rouge de l’islamisme radical, qui du reste n’a toujours pas réussi à prendre nos mosquées, grâce évidemment à la vigilance et l’aura du recteur de la mosquée de Paris.

Mettre sous tutelle les musulmans de France

Lorsque Nicolas Sarkozy avait besoin d’un bon musulman pour asseoir sa politique démagogique et se poser en protecteur de la Nation contre les barbus, rien de mieux, pensait-on, que d’entendre un « musulman modéré » conforter la position officielle. Ce sont d’ailleurs les mêmes mécanismes qui opèrent sous la plume d’un Abdenour Bidar ou dans la bouche d’un Hassen Chalghoumi, à la différence près que le second obéit à la frange extrémiste du CRIF.

D’un côté donc les bons musulmans, dociles et malléables à souhait, sous l’autorité de puissances étrangères, de l’autre des musulmans douteux, nés en France, qui refusent toute mise sous tutelle. Les premiers occupent l’espace médiatique quand on leur ordonne, depuis l’étranger ou depuis le ministère de l’Intérieur, d’intervenir. Les seconds sont enfermés dans la figure de l’intégriste. Ce sont les islamistes. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.

Aujourd’hui, l’imposture est de plus en plus visible. Algérie et Maroc ne se cachent même plus pour se disputer le contrôle de l’islam en France. Quant au ministère de l’Intérieur, il peine à se faire entendre, lui qui a toujours gardé le CFCM sous contrôle. Pour la laïcité, évidemment, il faudra repasser.

Ajoutons que la communauté musulmane a grandi. Les musulmans eux-mêmes ont gagné en maturité. Lettrés, sociologiquement français, armés juridiquement, ces musulmans – que l’on veut toujours « jeunes » — ne sont pas manipulables. Ils ont appris des erreurs de leurs anciens, ils se souviennent de la marche des Beurs et ont tiré des leçons des quarante derniers années. Des beurs à la figure de l’islamiste post-11-septembre, le musulman n’est plus, au grand dam des partisans du CFCM, ce qu’il était.

Mosquées et musulmans solidaires à l’épreuve d’un CFCM-bis

C’est donc dans ce contexte que le 18 juin dernier est né « Mosquées et musulmans solidaires ». Fustigeant « l’absence de débat démocratique » au sein du CFCM, ainsi que les « intérêts égoïstes et personnels de tous ceux qui l’ont dirigé ou ambitionnent de le diriger prochainement », ce nouveau mouvement en appelle à « la majorité musulmane silencieuse », « à la jeunesse, aux femmes, aux intellectuels, aux Français convertis, ainsi qu’à la base de la communauté musulmane. »

Cette structure promet d’être « ouverte et d’où sera bannie à jamais la valse entre présidents suggérés et désignés sur la base de critères politiques ou diplomatiques, totalement étrangers aux véritables intérêts de la communauté musulmane et de la libre gestion de son culte, conformément aux dispositions de la Constitution de la République française. »

Parmi les fondateurs de Mosquées et musulmans solidaires, on compte Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Chibout, président de la fédération de la grande mosquée de Paris Grand-Est ou encore Abdallah Soufari, ancien président du CRCM Alsace. Ces derniers n’ont pas hésité par le passé à porter un regard critique sur cette anomalie qu’est le CFCM. Kamel Chibout, souvenons-nous, est allé jusqu’à inviter publiquement la fédération de la grande mosquée de Paris à faire son autocritique lors d’un rassemblement en juin 2011, ce qui lui valut une assignation en justice de la part de la SFCVH-mosquée de Paris.

Lire : La SFCVH attaque la mosquée de Paris (ou presque)

Trois questions se posent tout de même :

– Le danger pour que Mosquées et musulmans solidaires ne répète les erreurs du CFCM n’est pas nul. Cette structure réussira-t-elle à dépasser le simple rejet légitime et nécessaire du CFCM actuel pour devenir une véritable instance représentative des musulmans de France ?
– La gestion sécuritaire de la communauté musulmane de France que permet aujourd’hui par le CFCM ne survivra pas à l’indépendance à laquelle aspire vraisemblablement Mosquées et musulmans solidaires. Il est certain que le ministère de l’Intérieur verra d’un très mauvais oeil un CFCM-bis. Que décidera Manuel Valls ?
– Dernière question et non des moindres : quelles seront les réactions de l’Algérie et du Maroc, qui pourraient voir leur influence particulièrement diminuée ? Larbi Merchiche fait partie des signataires de l’appel du 18 juin. Or, il n’est autre que le recteur de la mosquée Mohamed-VI de Saint-Etienne, qui comme son nom et ses statuts l’indiquent est clairement une mosquée marocaine, avec tout ce que cela induit en matière d’allégeance au Makhzen.

La nécessité d’un changement et le devoir de husn adh-adhan, cette conduite morale qui porte le musulman à considérer autrui selon des a priori positifs, nous amènent à croire que l’avenir peut être meilleur grâce à ce type d’initiatives.


Mise à jour samedi 22 juin – 0h03 : selon le site Saphirnews, la mosquée Mohammed-VI de Saint-Étienne s’est retirée de l’appel. Ce retrait, qui ne doit rien au hasard, n’est pas surprenant. C’est au contraire la présence même dans ce collectif d’une mosquée qui a vocation à devenir, sous la tutelle du Maroc, un acteur incontournable de l’islam en France qui détonait.

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51 Commentaires

  1. Salem a3likoum, j’ai apprécie l’auteur de ce texte. Sa fait plaisir de voir que des frère ont l’aspect critique et savent écrire des article d’une belle plume.

    Continuez dans ce sens, qu’Allah vous préserve.

  2. Algérie, Maroc les musulmans de France ne vous appartiennent pas. C’est toujours regrettable d’ailleurs que les convertis en France ne prennent pas plus de place. Ils n’ont pas à limiter sous prétexte qu’ils ne sont pas d’origine maghrébine. Le meilleurs des musulmans est celui qui est empli de piété. Je reste persuadé qu’ils auront un grand rôle à jouer pour nous débarrasser de la tutelle des consulats.

  3. JazakAllahou Kheyran Al-Kanz pour ce texte magnifique. Insha’Allah les premiers concernés ne le prennent pas pour attaque personnelle mais le voit comme un moyen de se réformer.
    Qu’Allah nous réforme tous et nous guide sur le Bon Chemin.

  4. très bonne nouvelle,mais le seul bémol est que la plupart des responsables de mosquées sont issu du bled

  5. salam

    Je suis tout à fait d’accord avec le principe d’une nouvelle dynamique, mais à condition justement qu’on parle d’abord d’un projet et de cercle de réflexion avant de nommer des instantes dirigeantes, car là on l’impression que les fondateurs de ce nouveau mouvement, apparaissent d’abord comme des noms qui veulent s’imposer sur une scène…

    Quitte à prendre le risque de prendre à la tête une personne jusque là inconnue de la communauté, à condition que les résultats en terme de défense des intérêts des musulmans soient réalisés…

  6. Assalamou ‘alaykoum,

    En lisant le titre, je me suis dit « si Al-kanz en parle c’est qu’il y a un changement important dans la communauté ». Mais après avoir vu (lu) qui sont les fondateurs de ce nouveau « organisme », je suis assez déçu et pas du tout optimiste. Nos aînés doivent comprendre qu’ils doivent passer la main et laisser les plus jeunes « gérer » l’islam en France ; on ne fera pas du neuf avec du vieu (désolé). Ces gens là n’étant pas affilié à des grandes fédérationsn’ont pas pu s’imposer dans cette instance.

    Avant de s’émouvoir d’absence de débat démocratique, qu’ils l’appliquent pleinement dans leur mosquée pour commencer en renouvelant régulièrement leur instance ! Après le reste sera plus simple… incha Allah

    Je demande à Allah de m’être tromper sur mon jugement et qu’au final il y ai une véritable indépendance des musulmans de France vis-à-vis des politiques et des consulats.

    Qu’Allah nous pardonne

    Wassalam

  7. As’salam aleïkoum,

    Véritable mascarade que ce nouveau mouvement !
    On prend les mêmes et on recommene !
    Desastreux pour ne pas dire autre chose 😉

    Bon début de Ramadhân

  8. Al Kanz, c’est une mascarade. Remplacer la peste par la choléra n’est pas une bonne nouvelle. M. Chibout et Soufari sont impliqués dans nombre d’affaires sans les mosquées à Mulhouse. Du coup d’état manqué contre la mosquée de Bourtzwiller en 2009 a celui réussi à Belfort où il s’est fait remettre les clés, Chibout a prouvé qu’il est un agent de la mosquée de Paris qui avait pour mission de relier différentes mosquées à cette dernière, pour disposer de plus de mm² pour les élections du CFCM.

    La quête de pouvoir, rine de plus.

    si tu veux je te transmet en mp tout ce pour quoi il a été condamné dans cette affaire

  9. Chibout est un habitué des structure-bis, en 2010 après quand son putch contre la mosquée de Bourtzwiller a échoué il a organisé le tarawih et salat al aid à 20m stricto sensu de la dite mosquée, avec un imam « envoyé par Sarkozy », comme ce dernier se plaisait à dire. Désolé, mais il faudrait remettre à jour le « husn adhdhan » envers ce personnage, car je ne te parles même pas des poursuites pour faux et usage de faux et l’incitation au trouble à l’ordre public.

    Un mytho reste un mytho, même quand il dénonce d’autres mythos.

  10. Par la grâce d’Allah et après avoir patienté quatre ans, les musulmans de Bourtzwiller ont chassé Chibout, Soufari et les autres pro algériens, la mosquée de Bourtzwiller n’est plus liée à un consulat, elle est devenue libre.

    • Salam Aleykoum,

      Entièrement d’accord avec DAOUD, entre la peste et le choléra le choix est vite fait, AUCUN.
      Qu’ AllaH nous éloigne de tous ces affamés de pouvoir en place depuis des décennies et qui n’ont jamais rien apporté à la communauté de Mohamed ( sws )

      Amine

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