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Norme halal AFNOR : "les racketteurs n’y ont pas leur place"

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Abattage rituel. Cinquième et avant-dernière partie du verbatim de la réunion autour de la question de l’abattage rituel, qui a eu lieu lors du Grenelle de l’animal. Dans ce volet, on mesure l’importance du halal pour l’industrie agro-alimentaire, et notamment de la viande. N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.

M. Christophe MARIE rappelle qu’une charte a été élaborée lorsque M. SARKOZY était ministre de l’Intérieur, avec le ministère de l’Agriculture et les autorités musulmanes sur l’abattage rituel, mais qui n’a pas abouti. Il souligne que si 80 % des ovins sont abattus sans étourdissement préalable, les consommateurs doivent en être informés. Une partie de l’animal se retrouve dans des circuits traditionnels sans indication du système d’abattage.

M. l’Aumônier chef ARBI précise qu’il n’a pas eu connaissance de cette charte.

M. le Recteur KABTANE est surpris de découvrir l’existence d’une telle charte.

D’où l’intérêt de la normalisation, estime Jérôme BIGNON, car à Lyon il semblerait qu’on ne soit pas informé d’une charte discutée à Paris.

M. Bertrand GAUME confirme que des discussions ont eu lieu avec les responsables du ministère de l’Intérieur, du ministère de l’Agriculture ou de responsables du CFCM, et l’initiative n’est pas allée plus avant. Le CFCM pour les musulmans et les consistoires pour le culte israélite ont une fonction d’opérateur. Les démarches de bonne pratique, les engagements réciproques, les chartes sont assurément des choses très intéressantes pour progresser sur la banalisation de l’abattage rituel.

Mme Virginie MICHEL, chef de l’unité épidémiologie et bien-être en aviculture et cuniculture AFSSA, en tant que consommatrice, souscrit à l’idée d’identification des viandes avec un abattage rituel. L’étourdissement est-il réversible chez d’autres animaux que les volailles ? Ce système est-il acceptable pour vos cultes ?

M. Le Grand Rabbin FISZON ne souscrit pas aux conclusions faites sur l’étourdissement à l’abattage, relatives à la souffrance animale, c’est un débat scientifique à développer. L’étourdissement préalable ne peut pas être acceptable pour le Judaïsme.

M. Jérôme BIGNON demande ce qu’il en est pour l’étourdissement post.

M. Le Grand Rabbin FISZON ne peut pas répondre ici, mais cela nécessite une certaine réflexion.

M. Jérôme BIGNON suggère d’envisager une étude scientifique.

M. le Recteur KABTANE estime que l’utilisation de l’électronarcose dans des conditions très strictes peut être acceptée pour la volaille. La communauté musulmane réfléchit à l’étourdissement après l’égorgement.

Mme Virginie MICHEL relève que l’animal doit être conscient en plus d’être vivant.

M. Frédéric FREUND, OABA revient sur l’étiquetage « avec ou sans étourdissement ». Avoir une traçabilité sur une viande provenant d’animaux étourdis ou non permettrait de rassurer le consommateur. Le sacrificateur doit faire se contenter de procéder au sacrifice, et non intervenir à d’autres postes de l’abattoir.

M. David BLOCH revient sur les opérateurs d’abattoir dont le métier n’est pas de torturer l’animal, c’est une marchandise à manipuler avec précaution. Le bâton électrique est interdit pour les veaux.

M. Claude MILHAUD, vice-président, estime que cette intervention souligne une fois de plus la nécessité de la formation des personnels à tous les niveaux.

M. Pascale GILLI-DUNOYER, DGAL, indique que la réglementation sur l’abattage rituel est relativement simple, avec en matière de protection animale tous les respects classiques du bien-être animal (absence de stress, tranquillité de l’animal), garants de la qualité sanitaire de la viande. Concernant la protection des abattoirs, une réglementation relativement consistante existe en matière de règles sanitaires pour la qualité de la viande. En matière de protection animale, les textes existent mais les contrôles de ces actions des services vétérinaires ont pu subir des faiblesses. Depuis […] mois, une action relativement forte en matière de formation du personnel est entreprise, tout comme l’OABA travaille avec les exploitants d’abattoir pour la formation de leur personnel. Plus de 2 000 personnes auront une formation renforcée au travers de sessions de formations. Environ 1 500 agents des services vétérinaires sont en poste dans les abattoirs. La protection animale est intégrée dans cette formation. Le contenu du dossier d’agrément sanitaire sera renforcé sur les aspects de protection animale. Jusqu’à présent, il était axé sur les aspects purement sanitaires. Il sera demandé que tout ce qui concerne la protection animale dans le cadre d’abattage traditionnel ou rituel soit parfaitement décrit. La discussion précédente a relevé une méconnaissance du fonctionnement des appareils. Les dossiers devront mentionner la façon d’amener les animaux et de les contenir, justifier de la formation des opérateurs. Le rôle du vétérinaire sera renforcé en abattoir. L’effectif des services vétérinaires sera difficilement accru dans les années à venir. L’accent sera mis sur la présence du vétérinaire en ante mortem. A la Commission européenne, la question de l’identification de la viande avait été posée par rapport au mode d’abattage. Elle avait répondu que la viande n’avait pas de signe distinctif qu’elle soit abattue rituellement ou non. Qu’il y ait des process de normalisation ou de certification, c’est un autre dispositif qui ne relève pas de la réglementation. De nombreux travaux ont été réalisés sur l’étourdissement réversible. Dans la réglementation, il est envisagé d’intégrer la possibilité d’étourdissement réversible, afin d’avoir des textes réglementaires définissant des matériels correspondant à l’étourdissement réversible.

M. Nicolas DOUZAIN signale que sa fédération ne participera pas à une opération de discrimination des viandes abattues rituellement, sauf contrainte par la loi. D’un point de vue sanitaire, ces viandes sont parfaitement saines et marchandes, l’opération d’étiquetage viserait uniquement à discriminer ces viandes sur le caractère religieux. L’évolution se passe dans un contexte international, une bonne partie des viandes commercialisées sur le terrain est issue d’abattage hors France. Une bonne partie des viandes est assemblée avec des produits issus de plusieurs animaux. Comment mettre en œuvre ce type de mesures ? Cette demande est souvent portée par le monde vétérinaire, mais les consommateurs n’ont pas formulé de demande particulière. Le monde professionnel n’a pas été associé aux démarches de normalisation engagées. Normalisation et certification sont deux démarches indépendantes. Le financement des cultes doit être opéré par les fidèles, mais pas par les abattoirs.

M. Christophe MARIE intervient sur la réglementation sur l’étiquetage, qui n’est pas du tout discriminatoire mais une information d’une viande mise sur le marché sans appellation rituelle, c’est une tromperie du consommateur. Qu’est-il prévu pour sortir toute cette viande du circuit traditionnel en infraction avec la réglementation prévoyant une obligation d’étourdissement préalable des animaux ?

M. Pascale GILLI-DUNOYER précise que si les textes sont parfaitement respectés en matière de contention de l’animal et qu’il n’y a pas d’étourdissement, c’est en phase avec la réglementation dans le cadre du rituel.

M. l’Aumônier Chef ARBI abonde dans le sens des propos tenus : la réglementation est la même pour tous. Ils spécifient que les « racketteurs » n’ont pas place autour de cette norme. Cette norme AFNOR réglementaire doit permettre de créer les conditions normales de la pratique.
M. Luc MIRABITO, chef de projet bien-être de l’animal – Institut de l’élevage, a compris que cette norme portait sur les principes religieux.

M. l’Aumônier Chef ARBI répond que c’est une norme française, les pouvoirs publics n’ont pas à gérer le religieux. Cette norme permettra de normaliser l’abattage rituel sous des aspects réglementaires et de réunir les acteurs concernés.

M. Luc MIRABITO s’interrogeait sur les procédures dérogatoires de la réglementation permettant un abattage rituel sans étourdissement. En quoi une norme serait-elle différente de la réglementation ?

M. Claude MILHAUD demande si le bien-être animal serait compris dans cette norme.

M. l’Aumônier Chef ARBI le confirme.

M. Bertrand GAUME soulève le concept porté par l’aumônier général aux armées pour le culte musulman et par l’aumônier général israélite. La proposition faite par M. ARBI pourrait être reprise en associant tous les acteurs sous le timbre « ministère de l’Agriculture ».

M. Henri BRUGERE part des différentes informations données précédemment pour démontrer que la formation des sacrificateurs va améliorer la pratique. Une standardisation beaucoup plus grande fera que l’exsanguination sera conduite au mieux. Néanmoins, c’est une cause éventuelle de dispersion des résultats. Face à cette dispersion dans l’acte technique, on peut revenir sur la dispersion de la réversibilité du choc électrique et dans ce cas au moins les animaux ont été insensibilisés. Si la jugulation n’est pas aussi parfaite qu’elle devrait l’être, il y aura moins de souffrance. Il lui paraît que la prise en compte du bien être soit bien sortie de la discussion. Cette notion de la qualité et de l’information du consommateur est très importante. Tous les acteurs de la filière devraient être soucieux de l’image de la viande dans l’esprit du consommateur.

* Première partie : Abattage rituel : verbatim du Grenelle de l’animal (1)
* Deuxième partie : “Imposer l’étourdissement préalable serait une véritable catastrophe”
* Troisième partie : Distinguer l’abattage rituel quotidien de celui de l’aïd al-kebir est nécessaire
* Quatrième partie : “Les Saoudiens ne savaient pas qu’il s’agissait d’un abattage mécanique”

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