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Interdire l’abattage rituel : après le bio, l’OABA attaque le label rouge halal et casher

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Label rouge

La guerre que mène un groupe d’associations animalistes contre l’abattage rituel n’est pas nouvelle. On compte parmi elles l’OABA (Oeuvres d’assistance aux bêtes d’abattoirs), qui, en l’espèce, a choisi comme angle d’attaque l’aïd al-adha et le sacrifice rattaché à cette fête musulmane en privilégiant toutes les situations qui pouvaient politiquement et médiatiquement servir sa cause.

L’aïd al-adha, une lointaine lubie

Les sacrifices pratiqués hors abattoir, dans des fermes ou ailleurs, sont ainsi depuis des décennies au coeur de sa stratégie : voilà plus de trente ans déjà, l’OABA attaquait en justice la mairie d’Aulnay-sous-bois (Seine-Saint-Denis) et son arrêté du 29 juillet 1987 qui mettait à disposition de la communauté musulmane un terrain de la commune à l’occasion de l’aïd al-adha. Trois ans plus tard, le 4 juillet 1990, le tribunal administratif de Paris annulera ledit arrêté.

Lire – Imposer l’électronarcose : les méthodes douteuses de l’OABA

Depuis lors, les discrètes actions de loybbing auprès des politiques de l’OABA, association créée en 1961, ont perduré, tout comme chaque année, précisément à l’approche de l’aïd al-adha, les tentatives de dresser le grand public contre l’abattage rituel.

L’association gagnera quelque peu en visibilité à l’occasion d’une part en 2008 lors du grenelle de l’animal, d’autre part en 2010 de l’opération de communication contre l’abattage rituel retoquée par l’autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).

Lire – Abattage rituel : Brigitte Bardot et ses amis afficheront-ils leur propagande ?

Voici les affiches refusées par l’ARPP. Rompant avec une indignation à deux vitesses, les associations participantes ne stigmatisèrent pas uniquement le halal.

Brigitte Bardot et ses amis affichent leur propagandeBrigitte Bardot et ses amis affichent leur propagande

Après l’abattage rituel bio, faire interdire l’abattage rituel tout court

Aujourd’hui, l’OABA se sent pousser des ailes grâce à ce qu’elle considère être une « éclatante victoire » et « véritable camouflet infligé au ministère de l’Agriculture, à l’INAO et à Ecocert », en l’occurrence l’interdiction d’associer la mention « Agriculture biologique » à toute viande issue de l’abattage rituel, casher et halal donc.

Lire – “Agriculture biologique”: halal et casher ne peuvent plus être associés à la mention AB

Cette interdiction n’est qu’une étape, l’objectif final étant de faire interdire définitivement l’abattage rituel au niveau français et européen. L’OABA n’a d’ailleurs pas attendu pour repartir à l’attaque :

– le 6 septembre dernier, l’association menace d’attaquer en justice l’Etat qu’elle accuse d’avoir volontairement modifié, dans un avis publié le 13 juillet 2019 au Journal officiel, la règlementation régissant l’attribution du label rouge aux viandes bovines pour y supprimer la référence à l’étourdissement.

Label rouge Journal officiel 13 juillet 2019

L’OABA dénonce un tour de passe-passe du ministère de l’Agriculture deux jours après l’interdiction de la certification « Agriculture biologique » lors d’abattages sans étourdissement : « Puisqu’il n’est plus possible d’obtenir la certification biologique pour des steaks provenant d’un abattage sans étourdissement », lit-on dans le communiqué, « le ministère de l’Agriculture et l’INAO [Institut national de l’origine et de la qualité, ndlr] répondent aux sollicitations commerciales en offrant le label rouge aux sacrificateurs religieux. Le bio halal/kasher est mort, vive le label rouge halal/kasher. »

Et d’ajouter que « l’OABA vient d’émettre une opposition motivée à cette demande de modification des conditions d’attribution du label rouge +gros bovins de boucherie+ et espère qu’elle sera prise en compte. A défaut, une nouvelle bataille juridictionnelle est à prévoir »

– le 18 septembre, la demande de l’OABA pour interdire l’abattage rituel a été examiné par le Conseil d’Etat. L’association justifie cette audience par le refus du ministre de l’Agriculture de se soumettre à ses recommandations, à savoir « de pratiquer un étourdissement réversible avant l’égorgement si la technique est disponible ou, à défaut, de soulager l’animal juste après le geste d’égorgement. »

Galvanisé par sa victoire mettant fin au halal/casher bio, l’association animaliste ne déposera pas les armes. C’est là d’autant moins probable que son combat est avant tout idéologique.

Comme nous l’écrivions en mai 2008, l’OABA appartient à une très longue tradition mystico-philosophique (déjà chez Pythagore ou Ovide) selon laquelle l’animal est un être humain comme un autre.

Lire – Table ronde autour de la question de l’abattage rituel : intervention de l’OABA

Il devient de fait difficile de s’accorder pleinement sinon autour d’une question, celle du bien-être animal auxquels les musulmans et les juifs ne sont pas sourds, bien au contraire. Reste à savoir si les anti et les pro abattage rituel se décident à dialoguer et à s’entendre, loin des intérêts carnassiers de l’industrie agro-alimentaire, ou si chaque partie choisit de camper sur des positions irréductibles les unes aux autres.

Dans ce second cas, ce sont encore une fois les animaux qui paieront un lourd tribut et les industriels qui continueront à toucher le jackpot au détriment de tous.

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